Social Zéro de Stéphane De Foy

Social Zéro de Stéphane De Foy

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 31 mars 2003 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 3 503  (depuis Novembre 2007)

Qui est le plus fou?

Ce petit roman est une révélation autant pour le sujet traité que pour l'écriture. Son auteur s'est intéressé à ces gens qui parcourent les rues des centres urbains après avoir été chassés des instituts psychiatriques suite à des compressions budgétaires. Leurs problèmes psychologiques les empêchent de réinsérer convenablement la société. Ils deviennent même des proies faciles pour les prédateurs de tous genres.
L'auteur, un travailleur en organisation communautaire, connaît bien son sujet. On le voit à sa manière de l'aborder. Au lieu de faire une longue récrimination idéologique des politiques de désinstitutionalisation pour répondre aux compressions budgétaires, il les rend ridicules en pointant l'effet dévastateur de leur mise en oeuvre à travers l'une des victimes du système. Toute la compassion de l'auteur est manifeste pour son héros abandonné à lui-même dans une société cruelle pour ceux qui n'enfilent pas l'uniforme du conformisme. La défense de cet homme dénote une connaissance approfondie du désarroi imposé à ceux qui ont à vivre la désinstitutionalisation. Comme sur le plan social, ils valent zéro, ils représentent même un danger autant pour eux que pour autrui. La meilleure volonté du monde ne saurait les rendre aptes à se réhabiliter. évidemment l'inévitable est à prévoir dans un contexte qui laisse les failles humaines s'aggraver.
Ce beau roman ne se contente pas de défendre les plus démunis. L'écriture est très soignée. C'est un emportement lyrique délirant, révélateur de l'état d'âme de l'auteur-narrateur qui s'adresse directement à son héros. Ce rythme fou furieux se maintient du début à la fin pour le plus grand plaisir des lecteurs qui aiment les envolées à l'emporte-pièce. Ce n'est pas sans rappeler l'écriture de Sylvain Trudel. Même la facture des oeuvres, qui comptent 120 pages environ, se ressemblent. Ce sont en fait de longues nouvelles, et le dénouement dans Social Zéro répond parfaitement aux critères du genre. Mais comme pour toutes les nouvelles, on laisse le lecteur sur son appétit.

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