La douceur de l'ombre: L'arbre, source d'émotions, de l'Antiquité à nos jours de Alain Corbin
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire
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A l'ombre des branchages en fleurs
"Tel est l'objet de ce livre: suivre depuis l'Antiquité gréco-romaine ceux qui ont su voir l'arbre." Alain Corbin, historien du "sensible", nous invite ici à faire une promenade en plein air en compagnie des plus grands écrivains et artistes. Les émotions inspirées par la nature ont-elles changé au fil des siècles? L'auteur tente de répondre à cette question en s'intéressant aux perceptions, aux symboles et aux pratiques liés à l'arbre.
Depuis toujours, poètes et écrivains ont chanté les louanges de ce végétal familier - car il s'agit bien d'étudier ici l'arbre isolé et non la forêt. Déjà du temps d'Horace et de Virgile, les Romains goûtaient les joies bucoliques d'une partie de campagne sous de vertes frondaisons.
Puis c’est au tour des poètes de la Pléiade, tels Ronsard ou Du Bellay, de « graver sur le tronc leurs noms et leurs amours ». La Fontaine en tire des leçons de sagesse, tandis qu’au XVIIIème siècle s’épanouit un art des jardins qui cherchent à produire des émotions nouvelles chez le promeneur.
Mais c'est surtout à l'époque romantique que l’arbre acquiert de nouvelles dimensions : il n’est plus seulement témoin, mais aussi confident des épanchements les plus intimes. A la fois porteur des souvenirs enfantins, mémoire des âges disparus et pilier qui s’élance vers le ciel, l’arbre possède une personnalité propre et une dimension sentimentale. Bernardin de Saint-Pierre, Rousseau, Chateaubriand, Hugo ou Lamartine ont consacré des textes poétiques à ces végétaux, plus persistants que les plus anciennes civilisations. Sous leur plume, l’arbre devient partie intégrante du cosmos et participe aux tourments du poète :
« J’ai senti, moi qu’échauffe une secrète flamme
Comme moi palpiter et vivre avec une âme
Et rire, et se parler dans l’ombre à demi-voix,
Les chênes monstrueux qui remplissent les bois. »
(Victor Hugo)
Quant aux artistes du XIXème, l'arbre fait également partie de leur sujet de prédilection: désormais le paysage a gagné ses lettres de noblesse, comme genre à part entière. Des peintres tels Corot posent leurs palettes dans la forêt de Fontainebleau et peignent directement d'après nature.
Qu’il cherche méditer sur le passé, à goûter aux joies de la solitude, à se protéger des bêtes sauvages ou simplement à prendre le frais, le promeneur trouve en général bon accueil sous les vertes frondaisons. Mais l’arbre peut aussi susciter des émotions terribles, comme ces troncs foudroyés peints par Poussin ou Horace Vernet dans leurs célèbres tableaux. Et puis, il y a l’arbre maléfique, celui des sorcières et des démons évoqué dans les anciennes légendes.
Dans cet ouvrage vous apprendrez que le plus vieil arbre du monde a 4500 ans, que s’endormir sous un noyer peut provoquer des cauchemars, que les premiers livres étaient directement inscrits sur l’écorce et que la datation des arbres par leurs anneaux date du XVIIIème siècle.
Alain Corbin s’intéresse à tous ces aspects – et à bien d’autres encore- en cherchant à établir des liens entre cette passion ancestrale pour l’arbre et nos pratiques actuelles. A l’heure où notre conscience écologique se réveille, ces végétaux représentent plus que jamais la vie : ne dit-on pas qu’ils sont les poumons de la Terre ? L’arbre devient même le prolongement de l’existence humaine, comme en témoignent ces mourants qui aux Etats-Unis souhaitent implanter leur ADN dans les arbustes qui orneront leurs tombes.
Pour Alain Corbin, il n’y a pas d’histoire culturelle sans une connaissance des représentations et des sensibilités d’autrefois. C’est pourquoi il donne la parole à ceux qui ont su le mieux traduire leurs émotions face à la nature: les peintres et les poètes qui ont vécu l’histoire.
Table des matières :
I) Ecrire sur l’arbre
II) « Les vieux témoins des âges écoulés »
III) Le passeur du chtonien à l’ouranien
IV) Emotions liées à la sacralité de l’arbre
V) L’arbre de la crainte à l’épouvante
VI) Arbre merveilleux et onirique
VII) L’âme des arbres
VIII) L’arbre : analogie et individualisation
IX) L’arbre sensitif et l’empathie humaine
X) L’arbre moral
XI) L’arbre interlocuteur et confident
XII) Arbre et souvenirs
XIII) L’arbre et la rêverie érotique
XIV) Pratiques liées à l’arbre
Les éditions
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La douceur de l'ombre [Texte imprimé], l'arbre, source d'émotions, de l'Antiquité à nos jours Alain Corbin
de Corbin, Alain
Fayard
ISBN : 9782213661650 ; 23,00 € ; 03/04/2013 ; 364 p. ; Broché
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L’arbre, ce héros
Critique de Colen8 (, Inscrite le 9 décembre 2014, 83 ans) - 21 juillet 2024
Le passé arboricole des humains premiers leur serait-il resté familier ? Anthropomorphisé souvent on le déifie, on en attend des oracles, on lui prête une âme sensible, on va même jusqu’à rêver de s’y fondre. Initialement lieu des délices, source inépuisable d’émotions positives apparentées au plaisir, au désir, la Genèse a fait aussi de l’arbre un objet de souffrance, de crainte et de pouvoirs maléfiques.
(1) Illustré par un encart couleur
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