La Parole de Fergus de Siobhan Dowd
(Bog child)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Enfants => 12-15 ans
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L'Irlande et l'amour
Quand je lis "La parole de Fergus", ce beau roman irlandais de Siobhan Dowd, paru dans une collection pour adolescents (mais que ça ne vous empêche pas de vous y plonger, que diable, un bon livre, c'est un livre pour tous), je vois que Fergus, le héros,aime tout bas. Il se lie d'amitié (qui reste secrète, car on ne pactise pas avec l'ennemi) avec Owain, le soldat britannique, un Gallois qui s'est enrôlé dans l'armée pour échapper au destin de la mine. Et il tombe amoureux de Cora, la jeune Irlandaise, mais leur unique nuit d'amour reste d'une chasteté incroyable :
"Il la prit dans ses bras.
- Cora ?
- Oui ?
- Je n'ai pas de... tu sais, de protection.
Il avait passé la nuit à rigoler pour des histoires de préservatifs [avant de retrouver Cora, il avait fêté la fin de ses examens en picolant au pub avec un copain ], et voilà qu'il était incapable de prononcer le mot alors qu'il tenait une fille dans ses bras.
- J'ai tout prévu, répondit-elle.
- Mais...
- Quoi ?
- Je n'ai jamais... Tu sais... jamais.
- Ce n'est pas grave. On peut simplement rester allongés l'un contre l'autre, si tu préfères. Ensemble."
Eh voilà, ici, tout est dit en quelques mots tendres. L'amour est ici « au cœur de la vie », pour ceux qui sont plongés « au cœur de la mort », car nous sommes en Irlande du Nord, avec son cortège d'attentats, de provocations anglaises, et Joe, le frère de Fergus poursuit une longue grève de la faim dans les geôles anglaises, comme Bobby Sands, qui vient de mourir après soixante-six jours de grève, victime de l'intransigeance de la mère Thatcher.
Et, à la fin du livre, quand Fergus quitte l'Irlande pour entrer à la Faculté de médecine d'Aberdeen, sa mère « le serra contre sa poitrine en un geste qui contenait dix-huit ans de réprimandes, de petites rancœurs, d'encouragements, de louanges et de taquineries. »
On retrouve ici , avec ces personnages de la mère, du père, de l'oncle Tally, d'Owain, des deux petites sœurs de Fergus et de Joe, ceux qui aiment tout bas, pour reprendre l'expression simplement imagée (mais tellement vraie, quand il s'agit du véritable amour) utilisée par Éric Fottorino dans "L'homme qui m'aimait tout bas".
Les éditions
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La parole de Fergus [Texte imprimé] Siobhan Dowd traduit de l'anglais par Cécile Dutheil de la Rochère
de Dowd, Siobhan Dutheil de La Rochère, Cécile (Traducteur)
Gallimard / Scripto (Paris)
ISBN : 9782070620968 ; 13,50 € ; 22/01/2009 ; 352 p. ; Broché
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Dans la lignée d'un Frank Mc Court
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 15 juillet 2013
Mais lors d'une sortie avec son Oncle Tally, il va tomber sur le corps momifié d'une enfant.
Cet événement va provoquer l'arrivée d'une belle archéologue Félicity et de sa fille Cora bouleversant la vie de Fergus.
Mais Fergus ne peut pas ne penser qu'à ses études, son permis ou Cora.
Il pense aussi à Joe, son frère, prisonnier entamant une grève de la faim.
Il va se trouver devant le choix terrible des gens de sa région: accepter, se soumettre ou participer au combat avec les risques encourus.
"Nous péchons plus par omission que par action."
Un choix cornélien, alors qu'à 18 ans, il a tellement envie de vivre, alors qu'il a sympathisé avec Owain, un soldat ennemi, alors qu'il est amoureux pour la première fois...
Comprendre aussi les choix des uns ou des autres, surtout quand il s'agit des personnes qu'il aime le plus au monde.
Démontrant avec une grande justesse les relations humaines au sein d'une famille touchée par le drame, permettant de se rappeler (ou de découvrir) une période tragique de l'Irlande du Nord, de comprendre la révolte, la mort de Bobby Sands, sur fond de John Lennon, c'est un superbe roman que les adolescents ne peuvent pas ne pas aimer; mêlant tendresse, humour et tragédie, une véritable performance réussie par l'auteure.
Coup de cœur de la bibliothécaire, celui de Cyclo, et maintenant, le mien.
L'auteure, elle même d'origine irlandaise militait pour la défense des droits de l'homme, et l'on peut espérer que ses romans l'aideront à poursuivre l'œuvre qui lui tenait à cœur.
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