écrire la vieillesse

« Merci, mes yeux, merci de ne plus bien y voir.
J'ai pris l'habitude de ne percevoir de moi qu'une image fugitive et floue, celle d'une petite vieille qui va, peinant sur des jambes fatiguées, le dos voûté, le cheveu rare et blanc. Une petite vieille qui se scrute dans la glace et qui ne voit qu'à peine les rides qui la marquent. Quand mes yeux, opacifiés par la cataracte, n'ont plus vu qu'à moitié, les miroirs eux-mêmes se sont troublés. Ils sont devenus flatteurs. »

En France, on aime bien ranger dans des petites boîtes, donc, même les auteurs se plient consciemment ou pas à la règle et souvent les femmes n'y échappent pas. Il y a la scandaleuse, l'intellectuelle, l'introspective, l'historique, la sentimentale policière, la romantique, la sexuelle à la mode. Alice Yvernat réussit l'exploit peu commun de rester féminine, originale et de ne pas rentrer dans telle ou telle classification spécieuse. De plus, elle aborde des thèmes qui ne le sont pas assez : la vieillesse et la fin de vie.

Dans notre société, ce sont même deux tabous dont on a une peur bleue, personne ne veut mourir ou vieillir, pourtant ça peut être beau de mûrir.
Qu'est-ce que l'écriture féminine ? Est-ce que c'est tout ce qui rentre dans les catégories énumérées plus haut ou bien, est-ce que ce n'est pas une sensibilité plus affinée, plus profonde, sans mièvrerie aucune ? J'ai l'impression que les femmes donnent toujours beaucoup plus d'elle dans leurs écrits, c'est d'ailleurs ce que je leur envie personnellement, car elles sont beaucoup plus courageuses pour s'exposer, comme Alina Réyès ou France Huser, surtout dans son livre sur l'adoption, George Sand, Anaïs Nin, ou Colette. Toutes les femmes n'ont pas une écriture féminine tant s'en faut, Yourcenar ayant une prose souvent qualifiée de virile.

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  La vieille [Texte imprimé], courts récits Alice Yvernat

  de Yvernat, Alice
  l'Embarcadère
  ISBN : 9782914728034 ; 0,44 € ; 05/06/2002 ; 68 p. ; Broché

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