Un style, une poésie.

L’histoire est évidemment des plus connues. Tout l'intérêt ne pouvait donc venir que de certaines inventions de l’auteur. Que pouvait penser Œdipe ? Quelles étaient les motivations d'Antigone ? Quelle vie vont-ils connaître sur la route ?.
Œdipe s'est donc crevé les yeux, Jocaste s’est pendue et la ville est entre les mains de Créon. Rappelons quand même que Créon n’a jamais voulu le pouvoir. Il se sentait bien heureux dans son rôle de simple frère de la reine Jocaste.
Au départ de l’histoire, œdipe se cache dans le palais depuis bientôt une année et ne veut parler à personne. Il est effondré sous le poids terrible de son destin. Vivent aussi dans le palais ses enfants d'avec sa mère, et épouse, Jocaste. Il y a ses deux fils, Etéocle et Polynice, et ses deux filles Ismène et Antigone. Cette dernière est la plus jeune.
Enfin, il se décide à quitter la ville et le fera au petit matin, les rues vidées de ses habitants terrifiés par le simple fait de l'approcher. Il n'emportera que son bon vieux bâton de marche. Mais Antigone se sent investie d'une mission, sent en elle comme un appel silencieux de son père, et elle va prendre la route avec lui. En effet, pour survivre il s'agira de mendier sa subsistance dans les villages et le long des chemins. Elle ne s'imagine pas le roi, son père, s'abaisser à cela.
Le premier danger sur la route sera de dépasser le champ d’action d'un jeune brigand. Celui-ci est tellement beau qu’aucune jeune femme ne lui résiste et il les tue toutes après les avoir séduites. Ils rencontreront Clios, celui-ci tentera bien de profiter d’eux, mais œdipe va le terrasser. De ce moment, Clios va les suivre et les aider. Il se confessera d’ailleurs à Œdipe et lui racontera les raisons de son comportement passé.
En chemin, ils aideront un clan à se sauver des mains de son tyran. Cela leur vaudra d'être bien accueillis dans un petit village au bord de la mer. Là, Œdipe va se mettre à sculpter dans la roche avec l’aide de Clios et Antigone.
Je vous laisse à la suite de l'histoire…
Au passage, je ne résiste pas à vous parler de l'apparition dans ce livre de la coutume albanaise « Le Kanun » tellement racontée par Ismaïl Kadaré ( « Avril brisé » et « Froides fleurs d’avril » Dans ce dernier livre il est même évoqué l'idée que le cadavre d'Œdipe pourrait se trouver dans une grotte proche d’un village albanais…)
Ce livre est une véritable merveille d'écriture et de poésie. La confession de Clios, l’histoire d'Alcyon, la lutte d’œdipe contre la résistance de la roche qu’il sculpte, sa passion pour cette oeuvre au point de risquer d’y laisser sa vie, tout est transcendé dans ce livre. Antigone souffre mais lutte au-delà de toutes ses forces parce qu'elle considère qu'elle se doit de faire ce qu'elle fait et elle aime son père d'un amour sans limites.
Nous sommes en pleine tragédie grecque, là où chacun va au bout de soi-même et de son destin.
Mais. J’ai peut-être eu le tort de lire « Antigone » du même auteur avant ce livre.
Et il se fait que j'ai préféré « Antigone », tout aussi bien écrit, mais dans lequel l’action prenait une importance plus grande. J'ai, dans mon souvenir, l’impression d'avoir davantage été porté par « Antigone », la guerre entre Etéocle et Polynice pour le pouvoir sur Thèbes, le déchirement d’Antigone prise entre l'amour pour ses deux frères (malgré sa préférence sensible pour tout le charme de Polynice).
Il est aussi possible que je n'étais pas dans le bon mental pour lire « œdipe sur la route » quand je l’ai fait… Mais quelle beauté d’écriture !.

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  Oedipe sur la route [Texte imprimé], roman Henry Bauchau

  de Bauchau, Henry
  Actes Sud
  ISBN : 9782868695109 ; 4,44 € ; 04/01/1999 ; 302 p. ; Broché

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