La grande guerre des gendarmes de Louis-Napoléon Panel

La grande guerre des gendarmes de Louis-Napoléon Panel

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Critiqué par JulesRomans, le 9 juin 2013 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 9 étoiles
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Peut-on réhabiliter la gendarmerie de la Première Guerre mondiale?

Oui mais pas pour tout le monde, aurait dit Pierre Desprosges. En tout cas les gendarmes sont bien souvent autant embêtés qu’embêtants. La vision du gendarme durant la Première Guerre mondiale c’est pour le commun des mortels celle qui est portée par Tardi dans ses albums de BD, celui qui est là pour ramasser ceux qui fuient le combat et que certains poilus n’hésitent pas à pendre. Chez l’éditeur qui publie " La Grande Guerre des gendarmes", le hasard veut qu’est par en 2009 un roman policier mettant en scène le meurtre ritualisé d’un gendarme à la fin de la Première Guerre mondiale, il s’agit du "Gendarme scalpé" de Thierry Bourcy.

On se doutait un peu que c’était réducteur mais l’ouvrage " La Grande Guerre des gendarmes " montre que nombre de crimes commis au nom de cette gendarmerie durant cette période sont imputables à d’autres ou que les gendarmes peuvent plaider non coupables face à certaines accusations.

Louis Panel aborde rapidement le problème de l’accusation d’embusqués. Tout d’abord dans le nord du pays des gendarmes se replient en faisant le coup de feu contre l’ennemi ou tirent sur des Allemands qui effectuent des raids (il est cité en particulier celui de la mi-septembre 1914 visant à détruire des ponts sur la Seine autour de Rouen (l’affaire est présentée dans le détail dans "Héroïnes de la Grande Guerre" de Jean-Marc Binot car les gendarmes agissent suite aux dires d’une paysanne) et surtout en plus des 4 000 gendarmes quittant leur brigade pour le front (vu leur âge et situation matrimoniale) ce sont environ 500 gendarmes qui demandent à servir dans l’infanterie pour la durée de la guerre. Toutefois étant éparpillés dans l’ensemble des régiments, passe totalement inaperçues leurs origines auprès des poilus.

L’auteur explique bien quel type d’ordres au mépris du règlement sont donnés par des officiers supérieurs à la prévôté et que chaque fois qu’ils les contestent les gendarmes sont désavoués par l’état-major peu enclin à désavouer un officier supérieur face à un gendarme moins gradé. Un long chapitre montre combien en 1917 autour du mouvement des mutineries, l’autorité des gendarmes est battue en brèche.

L’ouvrage fournit de multiples informations ainsi en apprend-on plus sur la rage de certains envers les réclames en tôle peinte du bouillon Kub relayée par un télégramme officiel enjoignant les gendarmes de les démonter. C’est au polémiste Léon Daudet que l’on doit, dans un article du 2 février 1913, l’accusation que cette société suisse fait inscrire un code numérique destiné à guider les troupes ennemies (en fait les références chiffrées sont imposées par les services de l’enregistrement de la publicité). La délicate question de l’interdiction de la chasse durant le conflit trouve un éclaircissement aux pages 190 à 193. Le chiffre officiel d’insoumis à la mobilisation de 1,22% est largement battu en brèche et divisé en gros par huit en le ramenant à environ 10 000. Sur un autre sujet, le fait que la prévôté de la 36e DI compte un parent du caporal Moulia pourrait peut-être expliquer certains flous dans l’évasion rocambolesque de ce condamné à mort suite à une mutinerie (page 61).

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