Garage Molinari de Jean-François Beauchemin

Garage Molinari de Jean-François Beauchemin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 15 mars 2003 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 4 529  (depuis Novembre 2007)

Le bonheur familial

Quand on devient orphelins, la vie ne laisse pas le choix de s'organiser. C'est ce qui arrive aux deux héros de Jean-François Beauchemin. Dans un roman précédent, Comme enfant je suis cuit (en vente en Europe), les parents mouraient. Dans celui-ci, les deux frères s'organisent pour mener une vie qui soit la plus familiale possible. Ils montrent une sagesse exceptionnelle pour des enfants élevés par un père alcoolique et une mère qui se prostituait. Ce couple dysfonctionnelle n'a pas affecté le jugement de leurs enfants. Malgré cette invraisemblance, ce roman vient donner une belle leçon de courage. Il est à classer parmi les oeuvres positives exemptes de mièvrerie.
L'aîné de 19 ans décroche un emploi de chauffeur pour le Garage Molinari, dont le propriétaire possède une flotte d'autobus scolaires. Ce travail protège ces deux jeunes de la mendicité, mais le cadet de six ans ne se contente pas de cette sécurité pécuniaire. Il cherche aussi sa sécurité affective en poussant son frère à marier la voisine de palier afin de vivre dans un milieu qui aurait au moins une apparence familiale. Tous les moyens déployés pour arriver à ses fins ne sont pas sans faire sourire le lecteur. Ce roman souligne l'importance de la famille, et pas n'importe laquelle, celle qui s'inscrit dans les rites qui la consacrent, c'est-à-dire le mariage religieux.
On peut comprendre ce désir du jeune qui a souffert d'instabilité émotive. On peut même se demander si cette instabillité n'a pas affecté son esprit. A l'école, il éprouve rapidement un retard pédagogique, qui décourage son frère aîné. Heureusement, tout dans ce roman prend des tournures de fées. Le propriétaire du Garage Molinari entreprend l'instruction du jeune garçon avec des moyens qui vont réussir à combler un peu son déficit. Même l'aîné n'est pas à l'abri de certains problèmes psychologiques. La vue d'un robinet le perturbe tellement qu'il se sent obligé d'en faire couler l'eau. Ce sont deux jeunes qui subissent finalement les conséquences d'une enfance lourdement hypothéquée par ce qu'ils ont vécu. .videmment la lecture du roman précédent aiderait à la compréhension de ce qui les affecte.
C'est une oeuvre intéressante à lire pendant des vacances. L'auteur rend attachants ces deux jeunes, sans attirer la pitié sur eux. En dépit des malheurs évoqués, ils ont une vocation pour le bonheur. Au milieu de leur quartier urbain et ouvrier, ils savent découvrir la joie de vivre en se rendant sensibles aux cris des insectes et des
oiseaux, qui leur font oublier l'activité ferroviaire environnante. Cette invitation au bonheur, rédigée avec un sourire et un amour communicatifs, est loin d'être superpicielle, car elle présente tous les aspects de la vie, autant dans sa finitude et que dans sa transcendance. Et son propos est défendu par une écriture maîtrisée et poétique. L'auteur a raconté une belle histoire pleine de sentiments et d'élans de générosité, tout en évitant les fadaises des romans à l'eau-de-rose.

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