Cherchez la femme de Alice Ferney
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Le voyage d'un couple
L’histoire commence par une rencontre.
Celle de Nina et Vladimir, lorsqu’ils sont encore très jeunes. Pas exactement une rencontre en réalité : Vladimir choisit Nina.
Ainsi, vont-ils construire leur vie ensemble. De la rencontre au mariage, aux enfants, au désamour – se sont–ils réellement aimés ? – à la mort. Ils passeront de beaux moments malgré leurs défauts qui, semble-t-il, les empêche de vivre le bonheur et de faire celui de leurs proches. Nina est velléitaire. Vladimir a, sans l’avis de personne, décidé de sa vie, de leur vie à tous, selon les exigences de sa carrière et voue un amour tout à fait aveugle aux siens.
Mais surtout ils auront, Serge, leur fils, qui sera le personnage central du livre.
Comme ses parents, Serge rencontrera une femme, Marianne, aura d’elle des enfants … Marianne est le seul personnage de ce roman apte au bonheur - de caractère ? Parce qu’elle y travaille durement en menant toute une maisonnée à bout de bras ? Serge, quant à lui, et sachant ce que l’on sait de ses parents, ne peut, semble-t-il, être réellement une personne équilibrée. Et ce seront tous qui en souffriront …
Tout à la fois instructif, agaçant, passionnant, répétitif, probablement trop clairvoyant, ce livre est pourtant, de manière assez indéniable, brillant.
En effet, la construction et l'analyse des personnages sont extrêmement réussis. L’auteur prend le temps d’étudier soigneusement les parents de Serge, qui ils sont, ce qu’ils désirent, ce qu’ils refusent de voir, avant de faire l’étude de ce dernier et de ses relations aux autres, à sa femme. Si Alice Ferney n’a pas réellement pour habitude de dépeindre des personnages auxquels on s’attacherait ; les portraits et les liens qui se font et se défont sont, comme à l’habitude, très sensibles, très justes.
Les éditions
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Cherchez la femme [Texte imprimé], roman Alice Ferney
de Ferney, Alice
Actes Sud / Domaine français (Arles).
ISBN : 9782330018405 ; 23,50 € ; 02/03/2013 ; 528 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (4)
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« Qui a dit que l’on n’épouse pas une famille ? »
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 5 octobre 2015
« Qui a dit que l’on n’épouse pas une famille ?» écrit Alice Ferney, comme un défi à ceux qui penseraient qu’on abandonne des habitudes familiales pour en créer de nouvelles. Le roman illustre en effet la thèse selon laquelle , dans un couple, chacun des conjoints est déterminé, non seulement par son hérédité et par l’éducation qu’il a reçue, mais surtout par le regard et les espoirs que ses parents ont posés sur lui, et par les incitations qui lui ont été distillées tout au long de son enfance.
D’un côté, pour Serge, l’exigence de perfection imposée par des parents adorateurs « sans le savoir, il remplissait le contrat que ses parents avaient posé sur sa tête ». De l’autre, pour Marianne, l’invitation constante à l’application, à la bonne volonté, à la compréhension de l’autre « elle ne voulait rien moins qu’être gentille comme on le lui avait appris et demandé tout au long de son enfance ».
Bien qu’il n’y ait dans tout le roman qu’un seul personnage prénommé Serge et qu’une seule Marianne, l’auteur les désigne très souvent par leur prénom et leur nom, (pour Marianne, toujours son nom de jeune fille Marianne Villette ) , marquant ainsi l’empreinte familiale indélébile de ce qu’ils ont reçu en héritage.
Alice Ferney martèle cette thèse tout au long du roman, faisant peser ainsi sur le couple une sorte de fatalité. Faute d’être conscient de tout ce qui le détermine à son insu, chacun devient l’ennemi de l’autre et quoi qu’il fasse, il ne peut que s’enfoncer dans la déliquescence de son couple. En visant la réussite professionnelle, en cherchant à mériter ce mari si brillant, Marianne devient sa rivale .
Par des phrases qui évoquent par anticipation le destin des personnages, Alice Ferney annonce la portée tragique de tel trait de caractère. Le lecteur se voit ainsi privé de sa possibilité d’imaginer le devenir du couple, il ne lui reste plus qu’à tenter de concevoir le chemin que va prendre leur vie pour l’atteindre. Cela peut lui paraître un peu frustrant …….
Fallait-il plus de 600 pages pour raconter cette lente dégradation d’un couple ? On peut se le demander, mais il me semble que ce format est imposé par la visée argumentative du roman. Pour justifier sa thèse,Alice Ferney se devait d’expliquer d’abord le fonctionnement des deux couples parentaux Vladimir – Nina, et Brune-Henry, puis de permettre au lecteur de connaître les bases de la constitution du couple Serge-Marianne pour mieux en comprendre, par une immersion totale dans leur vie conjugale, la lente dégradation en ne lui épargnant aucun de leurs dialogues sans issue , aucun des efforts désespérés de la vaillante Marianne pour éviter la séparation . L’effet cumulatif peut lasser, j’en conviens ….
Je ne ferai pas grief à Alice Ferney d’avoir intitulé son roman CHERCHEZ LA FEMME, mais il me semble que ce titre laisse à penser que de l’échec conjugal est dû à la femme, alors que l’ouvrage montre plutôt une responsabilité partagée.
Un roman qui donne du couple une image plutôt amère, désabusée voire désespérée mais qui l’analyse d’une manière pénétrante . Il offre une gamme de personnages toujours attachants, même s’ils sont loin d’être toujours sympathiques, de personnages variés qui nous présentent un miroir de nos propres faiblesses.
Psychanalyse d'un narcissique
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 18 janvier 2014
Alice Ferney décrit la vie de Serge Korol, en commençant par celle de ses parents, Nina et Vladimir. Elle décortique, psychanalyse, dissèque les sentiments et les pensées de ses personnages… jusqu’à l’écoeurement, en répétant encore et toujours leurs fonctionnements psychologiques, sous toutes les formes possibles et imaginables. Nina, mariée très jeune, n’est pas heureuse car creuse et velléitaire. Elle blâme son mari pour ses insatisfactions et le vide de sa vie. Ces deux-là élèvent leur fils aîné Serge dans l’adoration : ils l’adulent, le portent aux nues dans tout ce qu’il fait et est. A tel point qu’il ne vivra que pour être reconnu, flatté et ne supportera jamais la critique. Leur deuxième fils, Jean, souffrira d’être quant à lui négligé et rabaissé.
Serge se marie avec Marianne, la bonne âme, élevée pour servir sans rechigner, toujours en quête de satisfaire. Au début, on dirait que l’auteur nous entraîne dans une histoire de femme battue...
Tous ces comportements sont très bien décrits, certes, mais trop c’est trop : on pourrait zapper des pages entières sans rien retirer de l’histoire et sans moins bien comprendre pour autant. Il ne s’agit pas non plus d’une saga à rebondissements. Bref, cette histoire ne nécessite pas 549 pages !
Sinon, le lecteur est plongé dans les drames psychologiques des personnages au point qu’il peut presque les toucher tellement on a l’impression de bien les connaître. Et ils réservent aussi malheureusement peu de surprises.
Serge, un personnage singulier voire détestable
Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 11 novembre 2013
Névroses familiales
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 28 juillet 2013
Vite mariés, Nina à 17 ans accouchera de Serge. Le plus beau bébé du monde, le plus précoce, le plus intelligent. Neuf mois plus tard, ce sera Jean, bébé agréable et souriant.
Très vite la jeune maman, s'aperçoit que ce n'est pas vraiment comme cela qu'elle avait envisagé la vie. De scènes de ménages, en déplacements à l'étranger, la vie animée de ce couple va se dérouler sous nos yeux, nous permettant de comprendre l'incompréhensible, le mal-être de Nina, le désarroi de son époux. Le départ des enfants sera une étape fatale pour Nina.
"Jamais Nina n'aurait avoué qu'elle souffrait du départ de Serge! Elle était une femme sans mot."
Serge est maintenant un jeune adulte à qui tout sourit, persuadé comme il l'a été toute sa vie d'être un génie, d'être le meilleur et le plus beau. Ceux qui ne s'en rendent pas compte étant forcément des incapables ou des incompétents.
"Je n'ai rien voulu du tout, répétait-il (Serge). C'était exact et assez triste. Serge Korol avait été victime lui-même."
Serge rencontrera une jeune femme extraordinaire, à son niveau, Marianne Villette. Ils se marieront... et la suite prouvera, s'il en était encore besoin, le poids des névroses familiales, des non-dits.
"Pourquoi ce qu'on voulait de toutes ses forces vous enlevait-il les forces quand on l'obtenait?"
C'est une véritable dissection, une analyse approfondie de la famille, du couple que nous livre Alice Ferney. De cette véritable "cellule familiale", rien ne nous est épargné. Que ce soit la liste des scènes de ménage ou celle des griefs, toutes les explications sont détaillées, à l'excès, souvent répétées, parfois redondantes.
J'avoue avoir trouvé ce roman long, très long, avec des anticipations désagréables, gâchant l'un des plaisirs que l'on peut prendre à une lecture.
L'écriture est elle aussi déroutante. Fluide tout en étant recherchée, on tombe parfois sur des phrases anachroniques ou confuses.
"Marianne n'entendit pas ce qu'il ne savait pas qu'il disait."
Moi qui avais été très touché par certains titres d'Alice Ferney (Dans la guerre et Grâce et dénuement), j'avoue avoir été très déçue par celui-ci. Déprimant, long, ennuyeux, construit autour de personnages narcissiques, seules quelques dizaines de pages à la fin m'ont émue.
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Alice Ferney: un auteur de grande qualité | 0 | Lalinette | 29 mai 2013 @ 21:00 |