Le bon coupable de Armel Job
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Les caractères se révèlent lors des drames
En ce 17 juillet 1960, le procureur général Lagerman est pressé de rentrer chez lui ce dimanche midi, après son escapade avec sa maîtresse, car sa femme l’attend pour le dîner. Pendant ce temps, Carlo, fin bourré, en fait de même, remorquant son cheval qui vient de perdre une course et termine la sienne dans le fleuve. Dans une troisième famille, où Hector et sa femme Alma viennent de se disputer, leur fille Clara est envoyée par sa mère pour appeler son père à table… et elle se fait renverser par une voiture, qui la tue sur le coup.
Lagerman est coupable, mais il prend la fuite et laisse accuser Carlo à sa place.
Dans chacune de ces familles, la morosité règne, la rancœur non-dite, le dépit ; cela se traduit par des fuites, des silences, des adultères et chacun semble avoir baissé les bras, s’être résigné et vivre sans bonheur, sans aucun espoir. Cet accident renvoie chacun à sa conscience ou à son égoïsme...
(« Ce qui est en jeu, c’est bien plus qu’un simple fait divers à éclaircir. C’est toute une conception de la justice, une réflexion non sur la lettre du droit, mais sur l’esprit. Vais-je laisser échapper une fois de plus un salaud que j’ai l’occasion d’épingler, pour me sacrifier, moi, sur l’autel de la malchance, moi qui me suis voué corps et âme à la justice, moi qui ai démasqué des dizaines de malfaiteurs, moi qui ai rendu d’inestimables services à la société, à la loi, à la vérité ? »)
A la fin du livre, les digues se rompent, les langues se délient et les cœurs s’autorisent enfin à pleurer.
Ce roman est empreint d’humanité, mais transpire la morosité, le mal-être. Ceux qui finissent par se convertir donnent quelque espoir au lecteur, mais la vision donnée des couples est bien noire ! J’ai par contre toujours autant de plaisir à lire un auteur belge, avec les références à notre pays.
Les éditions
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Le bon coupable [Texte imprimé], roman Armel Job
de Job, Armel
R. Laffont
ISBN : 9782221134290 ; 21,00 € ; 07/02/2013 ; 312 p. ; Broché
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LE BON COUPABLE
Critique de Nathavh (, Inscrite le 22 novembre 2016, 60 ans) - 21 avril 2020
C'est dimanche et tout est calme, les villageois sont à la messe. C'est en rentrant de celle-ci que Lisa Knapen découvre le corps sans vie de la petite Clara Labasse projeté dans la petite ruelle devant chez elle. L'accident s'est produit entre midi et midi dix. Clara allait chercher son père Hector à l'atelier.
Il passe peu de voitures sur cette route le dimanche.
L'enquête commence, il faut un coupable au plus vite, un suspect est trouvé, il est le coupable idéal.
A votre avis : Carlo Mazure à la vie misérable ou un procureur aimant la vitesse ?
C'est au départ d'un malheureux fait divers qu'Armel Job va nous démontrer que les apparences sont souvent trompeuses. Il va avec brio nous faire découvrir la vie des différents protagonistes, des personnages "vrais", profonds, la véritable nature humaine.
Les personnages sont bien construits, aboutis. Ils nous amènent à nous questionner sur la responsabilité morale de chacun, notre culpabilité. Armel Job décrit chaque individu en profondeur, leur vie, leur drame, leur souffrance, leur histoire. Tous sans exception ont des regrets, des remords, des blessures. Personne n'est complètement blanc, ni complètement noir, l'esprit humain reste mystérieux.
Ce roman c'est aussi l'occasion de s'interroger sur la justice, la façon dont elle est rendue, ce qui mène à l'inculpation ; l'intime conviction qui parfois fausse tout.
N'oublions pas que nous sommes dans un village ardennais en bord de l'Aisne, dans les années 60, la guerre et ses blessures sont toujours présents. L'écriture est sensible décrivant la nature à merveille; celle des lieux et celle des gens. C'est intelligent, très bien mené, passionnant, de quoi vous garantir un bon moment.
Ma note : 9.5/10
Les jolies phrases
Elle s'était imaginé que le bébé serait un jardin des délices dans son désert. Il n'était qu'un chardon.
Clara raffolait de l'atelier. "Ca sent bon chez toi", disait-elle. Les âcres émanations des vernis, des laques lui semblaient plus délicieuses que l'air du parc autour de la maison, où pourtant des peupliers noirs embaumaient. Il est vrai que le parfum des peupliers colle aux cloisons nasales, pour ainsi dire, alors que l'acrylique y grimpe comme un hérisson de ramoneur et vous remet l'odorat à vif. Tandis qu'elle furetait çà et là, Hector la voyait remuer les narines comme un lapin.
Que veut l'appareil judiciaire ? La justice ou le respect des règles de droit ? Si les règles empêchent la justice, il faut mépriser les règles. Une justice qui ne cherche plus la justice, qu'est-ce que c'est encore ? Une judicature. Voilà où on est. Tout cela, bien entendu, est un peu trop fin pour le bec des chicaneurs de prétoire.
Combien d'êtres humains se donnent la peine une seule fois dans leur vie de voir le soleil se lever ? Le soleil se lève seul. Tout le monde s'en bat l'oeil. Un miracle quotidien, ce n'est plus un miracle.
Immédiatement, il avait ressenti avec douleur la pitié que lui inspiraient les femmes trop femmes, condamnées à vivre sans cesse comme des proies. Elles arrivaient chez les ours, ruisselantes de miel. Devant elles, les mal léchés se pourléchaient sans vergogne. Les malheureuses, il aurait voulu les protéger ! C'est de cette façon que lui-même finissait le plus souvent par mettre la patte dessus.
On ne se méfie jamais assez de ceux qui s'offrent pour nous sauver. Après, il faut payer le prix du sauvetage. C'est cher. Ca prend toute la vie pour rembourser.
La vie nous file entre les doigts. On n'a aucune prise. Il faut seulement tenir sa place et voir venir.
On est tous coupables, d'une façon ou d'une autre. Chacun doit se débrouiller avec ses propres fautes. Je ne m'occupe pas de celles des autres.
Le seul fondement de la justice, c'est l'intime conviction. Ce ne sont ni les faits ni les témoins qui décident, c'est la conscience du juge quand il se retire dans son for intérieur et, qu'en deçà même de sa raison raisonnante, il s'en remet à son intuition la plus profonde.
Excellent une fois encore !
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 30 avril 2018
Outre l’enquête, Armel Job s’attarde sur l’aspect psychologique des différents protagonistes de ce triste fait divers et tout particulièrement ce qu’il convient de taire aux yeux de tous, les parts d’ombre de chacun.
Encore un excellent roman d’un des meilleurs écrivains de la Belgique francophone.
Extraits :
- Les filles violoncellistes n’étaient guère nombreuses à l’époque. Les instruments des femmes étaient la harpe (pour une raison obscure, aucun homme ne voudrait être harpiste), la flûte, le violon.
- Combien d’êtres humains se donnent la peine une seule fois dans leur vie de voir le soleil se lever ? Le soleil se lève seul. Tout le monde s’en bat l’œil. Un miracle quotidien n’est plus un miracle.
- La vie se paie votre tête en permanence.
- Une femme au volant alors que le bourgeois est dans la bagnole, ça vous classe un couple sur-le-champ ! Encore un pépère qui s’était mis la corde au cou pour une pétroleuse.
L'arrangement
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 24 janvier 2018
Armel Job donne très vite le nom du vrai coupable et celui qui serait plus intéressant pour cette fonction. Un peu à la mode Simenon, le récit assez impersonnel, fouille mathématiquement les protagonistes de l'histoire.
Pour pas vraiment le meilleur de l'auteur que j'apprécie dans un autre registre.
Un bon job
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 4 janvier 2014
Ce livre est tout à fait dans la lignée des autres romans de Armel Job que j'ai pu lire et en le terminant je me suis exclamé : "Bon Job" (excusez ce jeu de mot facile) .
La force de l'auteur, c'est de créer des personnages bien de chez nous, de faire son terroir des strates sociales et des relations familiales compliquées. Il y a du suspense, une fine analyse psychologique à nouveau sur le thème de la culpabilité. Comme Pascale Ew., les nombreuses références au pays et ma région d'origine m'amusent toujours beaucoup et augmentent mon plaisir.
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