La Méridienne : Saint-Malo Bamako de Marc Roger

La Méridienne : Saint-Malo Bamako de Marc Roger

Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures

Critiqué par Najah, le 4 mai 2013 (El Jadida, Inscrit le 30 avril 2013, 62 ans)
La note : 10 étoiles
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La Méridienne : Saint-Malo Bamako - Marc Roger

Le lecteur public Marc Roger a publié récemment un nouveau livre intitulé « La Méridienne. Saint-Malo Bamako » aux éditions Folies d'encre et Merle moqueur, 2012.
Ce nouvel ouvrage issu d'un voyage à pied où Marc Roger, lecteur public, accompagné de son âne Babel, est parti, du 31 mai 2009 au 20 juin 2010, sur les chemins d'une méridienne imaginaire qui va de Saint-Malo en France à Bamako en Mali, pour lire à haute voix tout au long de l'itinéraire séparant les deux villes, romans, poèmes et nouvelles, d'auteurs de littérature française et étrangère. Soit une moyenne de 15 à 20 kilomètres par jour, avec pour volonté première, l'humilité de lire le monde avec lenteur et d'écouter vivre les gens, Marc Roger a parcouru 7109 kilomètres, 2624 kilomètres à pied et 4485 kilomètres par camion, bateau, avion et train. Il a animé 136 lectures dans des institutions et des lieux publics. Ces lectures publiques ont connu l'assistance de 8270 spectateurs des pays visités à savoir la France, l'Espagne, le Maroc, le Sénégal et le Mali.
Le livre est ainsi devisé en cinq parties qui partagent des textes courts et sous-titrés. Avant de se lancer dans la narration de son périple, Marc Roger tiens à renouer le passé et le futur dans deux textes qui content sa naissance à Bamako et sa visite au cimetière où ses parents sont enterrés à Rennes.
« La Méridienne » plonge ensuite dans la littérature de voyage, animée par le désir de découvrir d'autres contrées, d'autres hommes et de témoigner de ce qu'il a vu. Ce désir de témoigner pousse Marc Roger à être minutieux dans la description 'ailleurs différent et de l'autre réel étrange ou exotique à savoir des récits palpitants de conquêtes, de découvertes et d'explorations de pays lointains géographiquement et que le lecteur ne pourra jamais visiter.

* « La Méridienne » et le politique :

L'engagement de l'écriture chez Marc Roger va s'affirmer aux terres basques dans lesquelles le drapeau d'Euskal Herria est accroché la nuit aux balcons des maisons, et on lit dans les murs qu'une nation est occupée par la France et l'Espagne. Il y a aussi le maire d'Almodovar del Campo qui a vendu plus de quatre cents kilomètres de chemins communaux à une quinzaine de grands propriétaires pour une modique somme de 264 000 euros. Au nord du Maroc où la drogue circule à ciel ouvert, « la méridienne » va générer la tension des renseignements, de la gendarmerie royale et des policiers locaux. L'étape Mauritanie va ensuite être annulée car le territoire est peuplé de camps d'Al-Quaïda, et Marc Roger décide de prendre l'avion Casablanca-Dakar.

* la parole et l'écriture dans « La méridienne » :

Dès le début, Marc Roger nous révèle que lorsque l'oralité et l'écriture seront complices en ce voyage, il s'incarnera en griot blanc (p.20). Cette complicité de la parole et de l'écriture va prendre d'autres dimensions à savoir des croisements de langues que Marc Roger fait durant son voyage de lectures et cette relation de l'écriture et du corps qui l'envahit d'un extérieur-intérieur en dialogue parfait (p. 80) . Et une fois le périple s'avère grandiose, Marc Roger fait appel à l'image, « Quelle est cette vanité qui m'a poussé à lui (Catherine Hébert, réalisatrice de documentaires qui filme « La Méridienne ») dire oui ? En premier lieu, je crois : le besoin de la trace. Je le trouve impérieux. Le projet me dépasse, mon carnet de voyage ne peut suffire à rendre compte de chaque instant vécu. Peut-être que des images… » (p.113).
Ceci dit, la différence qui est insécable dans « La Méridienne », est vécue comme « une sorte de géo-position entre soi et les autres au milieu de nulle part » (p.151). « La Méridienne » fait ainsi appel à l'écriture du rêve par le biais du cireur de Sidi Bennour (pp : 189-191).

* « la Méridienne » en quête des idoles :

Marc Roger va animer sa première lecture à côté du tombeau de Chateaubriand. « Cité d'Aleth. Première lecture. Certains s'allongent, ferment les yeux. Tout près de son tombeau, je lis Chateaubriand » (p.27). Les histoires de Jean Giono qui se passent dans des pays semblables aux montagnes des pays d'Aspe et d'Ossau (pp : 67-68), les poèmes d'Antonio Machado qui traversent les compagnes de Soria (pp : 97-98), ainsi que le roman de Cervantès qui traverse la « ruta de Don Quijote », « Au premier col, longuement, je lis le paysage. Vingt fois, j'ai regardé la carte pour deviner quel chemin prendre. Vingt fois, j'ai posé les yeux sur l'enchaînement -vallée, sierra, vallée, sierra- pour constater que le chemin qui s'imposait était le seul possible : ruta de Don Quijote . (…) Un chemin que la nature impose à l'exode, aux conquêtes, au commerce, et au roman de Cervantès dont l'action s'inscrivait en ces lieux à présent désertés » (p.120).
En guise de conclusion, on a l'impression en lisant « La Méridienne » que le livre de Marc Roger est fait pour être lu à haute voix.

MARC ROGER :

Né en 1958 à Bamako (Mali), Marc Roger a réinventé le métier de lecteur public. Tour de France, tour de la Méditerranée, Saint-Malo Bamako, autant de balades, de voyages nourris par le fil des lectures et des rencontres. « Il n'est pas plus farfelu de faire entendre des passages de Calvino ou d'Apollinaire, que de jongler ou danser dans la rue. » Marie Richeux, France Culture.

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