Un amour absolu de Charlotte Polis

Un amour absolu de Charlotte Polis

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Paia, le 26 avril 2013 (Inscrite le 26 février 2009, 77 ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 3 400 

Un régal absolu

Un régal. J’ai pensé au profond et délicieux dépaysement que j’avais autrefois en lisant Daphné du Maurier, "Rebecca" par exemple. Remplaçons les moors ou la campagne anglaise par les Fagnes, et nous voici dans la même bruyère entre gens bien élevés qui apprécient les marches rustiques sous la pluie, dans le brouillard ou dans le cristal d’un soleil pur comme une poudre d’or. Ils savent être élégants mais aussi enfiler leurs bottes, acceptent la pluie sur leurs visages et les joues rougies par la taquinerie du vent et du froid combinés. Ils sont simples dans l’âme. La demeure, ce précieux théâtre qui accueille l’intrigue est solide, vieille, de mille beautés discrètes, parcourue de fumets exquis de pâtés, de repas délicats – lapereau à la crème d’estragon, ça vous dit ? – ou simples mais qui ont le goût du vrai. On boit du Nuits Saint-Georges, du thé, du café fort. Il y a un huis-clos de personnages qui semblent avoir leur place spécifique tout en étant parfois imprévisibles. Il y a, parmi les acteurs attendus de ce drame à multiples facettes, les deux dames pensionnaires, inattendues, pittoresques et observatrices. On papote ou on débat. On maîtrise ses impatiences tant qu’on le peut. On cancane sans trop s’y complaire… Car il y a un mystère et des humeurs inexplicables, des émotions violentes que l’on teinte de bonnes manières.

La Fagne est le décor omniprésent, l’écrin de ces guérisons, doutes, explosions, révélations, confessions. Et Charlotte Polis la connaît bien, la Fagne. Elle y a vécu. Elle la regarde pour nous avec des arrêts sur image qu’elle nous dépeint avec une minutie amoureuse:

« A mes pieds la brume rampait, estompant la terre molle. Des molinies géantes et de frêles graminées émergeaient du voile laiteux, des troncs maigres aux branches noueuses semblaient implorer le ciel bas qui pesait de toute sa grisaille sur ce monde lunaire et muet. »

« (…) Et subitement tout s’assombrit. Une à une les lumières de la lande se sont éteintes et la Fagne retomba dans sa grisaille. Les safrans se sont ternis, l’ambre des narthécies s’est obscurci, les campanules se sont alanguies et la frêle violette des marais s’est refermée sur sa pâleur mortelle. Succédant au parfum de myrte et de résine, une odeur méphitique montait de la terre, une odeur sulfureuse…(…) »

Et puis, autant que la Fagne, le grand voile qui ondule sur ce récit, c’est l’Amour. Quelles formes revêt-il ? De quels égarements ne protège-t-il pas toujours ? Quel pardon peut-il libérer ?

Un amour absolu … un plaisir de lecture et puis de réflexion absolu !

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