Quartier lointain, tome 1 de Jirō Taniguchi

Quartier lointain, tome 1 de Jirō Taniguchi

Catégorie(s) : Bande dessinée => Divers

Critiqué par Jean Loup, le 18 février 2003 (Vaulx en Velin, Inscrit le 8 novembre 2001, 51 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 388ème position).
Visites : 6 701  (depuis Novembre 2007)

Enfance revécue

Qu'est-ce qui a bien pu se passer pour que, de retour dans sa ville natale, un homme de quarante-huit ans redevienne un adolescent de quatorze ans ? Si la question est posée, elle devient très vite secondaire. L'intérêt de "Quartier lointain", récompensé à Angoulème par l'Alph'art du scénario, réside ailleurs que dans ce curieux tour de passe-passe, que "Big" avait déjà un peu exploré au cinéma (mais dans l'autre sens : un gamin devenait subitement adulte) et que Pennac avait abordé ("Messieurs les enfants"). Taniguchi n'exploite pas la dimension fantastique qui n'est qu'un prétexte, un subterfuge pratique pour dévoiler un récit intimiste et attachant. En redevenant le gosse qu'il avait été, son personnage ne perd pas la mémoire, et c'est en homme d'âge mûr, expérimenté et philosophe, qu'il revit son adolescence. Et ce changement profond de personnalité a inévitablement des effets sur cette deuxième existence : de nouvelles situations naissent, qui ne s'étaient pas produites lors de la première vie de Hiroshi. De là à penser qu'une nouvelle chance lui est offerte et que certains drames personnels pourraient être évités, il n'y a qu'un pas que le héros est bien décidé à franchir. Ce tome 1 s'achève sans réponse définitive, et on brûle d'impatience de connaître la suite. C'est un bien bel album. Le dessin est évidemment très orienté manga mais il est gracieux et délicat, et bénéficie d'une savante utilisation de la trame et du noir et blanc. On est très loin du piètre graphisme de BD réalisées à la va-vite et l'on imagine mal un lecteur rester hermétique à ce trait plaisant et élégant. Quant à l'idée-même de résister à la force émouvante du scénario, c'est peine perdue : vous succomberez. Taniguchi possède un sens aigu du récit et de la mise en scène qui lui permet de donner beaucoup de vie et de rythme à une histoire a priori peu dynamique. Les personnages sont hyper attachants ; les scènes sont tour à tour drôles, dramatiques ou émouvantes, sans que cela mette en péril l'unité de l'ensemble. Je n'avais lu que "L'homme qui marche" de cet auteur. Inutile de vous dire que j'attendrai impatiemment le deuxième volume de "Quartier lointain", et que la lecture du "Journal de mon père" s'annonce désormais comme un objectif à court terme.

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Du passé vers l’avenir ou de l’avenir vers le passé

9 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 26 avril 2021

6 avril 1998, Nakahara Hiroshi, 48 ans prend son train pour rentrer à Tokyo, fatigué, reste d’un soirée trop arrosée, quand il s’aperçoit qu’il n’est pas dans le bon train, puis reconnaît que celui-ci le ramène dans sa ville natale. Troublé, il se rend sur la tombe de sa mère, et quelques instants plus tard, constate avec effarement qu’il est redevenu un adolescent de 14 ans.

Déstabilisé par ce "nouveau" corps, il savoure la joie de retrouver sa mère, son père, sœur et grand-mère ; au fil des jours, il étonne son entourage par ses changements comme sa faculté de maîtriser l’anglais, ses connaissances, son aisance en mathématiques. Heureux d’apprendre, d’avoir un corps jeune, de tomber amoureux. Mais arrive la période où son père a disparu.
Que doit-il faire ? Véritable dilemme pour savoir s’il peut changer le cours de sa vie…
"Tout ce qui était inscrit dans ma mémoire, les événements du passé, étaient ici des événements à venir ! "

Très peu habituée à la Bande dessinée, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette histoire,pleine de sensibilité et d’émotions. Les dessins sont clairs, le texte d’une grande lisibilité (ce que parfois je regrette dans certaines BD que je trouve surchargées)
J’attends avec impatience le plaisir de lire le tome 2

Un Japon si proche

9 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 20 juillet 2014

[Cette critique porte sur les deux tomes]
Je ne lis que très rarement des mangas, mais celui-ci m’a été offert par un ami et apparemment demeure un des must en la matière. Il est vrai que l’ouvrage sort vraiment de l’idée que je me fais généralement du manga, qui je le reconnais n’est pas exempte de préjugés.

S’il y a bien quelque chose que j’ai apprécié dans cette BD, c’est l’atmosphère qui s’en dégage. J’ai vraiment été transporté dans ce Japon des années 60, dans cette ville de province où semble régner une certaine douceur de vivre. Cette douceur est bien rendue par le trait raffiné et minutieux de Jiro Taniguchi. Paysages, ciels, bâtiments sont parfaitement représentés, par contre, j’ai un peu plus de mal avec les personnages que je trouve assez fades et inexpressifs. Et là encore, c’est l’une des choses qui me gêne – voire qui m’agace- le plus dans le style manga, comme si les Japonais avaient tous appris à dessiner dans la même école et semblaient se copier les uns les autres… Certes, on pourrait dire la même chose d’un certain style franco-belge… Heureusement, cela n’est nullement rédhibitoire et ne m’empêche pas d’apprécier énormément Hayao Miyazaki, autre auteur nippon de splendides dessins animés débordant de poésie. Après tout, cette uniformité est-elle destinée à permettre au lecteur de mieux s’identifier aux personnages…

Quant au récit, il bénéficie d’un scénario bien construit et original. Une histoire simple où s’invite discrètement le fantastique. Une histoire que chacun a forcément un jour ou l’autre imaginé : revivre son enfance. Peut-être pour pouvoir changer le cours d’une vie dont on n’a pas forcément rêvée et dont les déboires résultent toujours en partie des blessures plus ou moins conscientes subies à l’âge où l’on est insouciant… Ici, le quadragénaire Hiroshi, dans son corps de 14 ans, va espionner son père Yoshio pour tenter de comprendre ce qui l’a conduit à quitter le foyer familial et surtout l’en dissuader. Sa mésaventure finira par l’éclairer sur sa situation maritale qui lui pèse sans qu’il sache vraiment pourquoi. Avec en filigrane cette question : si l’on peut agir sur certaines choses (dans le présent ou le passé), peut-on réellement changer le destin ?… Il s’agit donc bien, on l’aura compris, d’un roman graphique « travaillé », avec des personnages réalistes et dotés d’une certaine profondeur – rien à voir donc avec les mangas pondus au kilomètre au Pays du Soleil levant. Le ton est grave, l’émotion est toute en retenue mais bien présente (la rencontre de Hiroshi avec l’amie d’enfance de son père), ce qui n’empêche pas l’humour dans certaines scènes assez cocasses – dues notamment au problème d’alcool de Hiroshi.

Je recommande donc vivement la lecture de ce « Quartier lointain » tellement proche de nous, d’une portée universelle, humain, tellement humain, sans jugement, tragique aussi, empreint d’une émotion subtile et sans pathos, mais qui, une fois le livre refermé, infuse délicatement votre âme… Comme un doux tintinnabulement aux sonorités mélancoliques qui vient vous hanter et finit par vous mettre le cœur au bord des larmes…

MAGNIFIQUEEEEE

10 étoiles

Critique de Elyria (, Inscrite le 25 mars 2006, 33 ans) - 25 juin 2006

Tout simplement un vol: dans son enfance, au Japon, ce style est incroyaaable!! on ne peut pas y rester insensible! ça nous touche tous!

Les dessins ne sont pas comme des mangas classique, ils sont plus travaillés. De plus e fait originale d'une série en 2 tome est sympa!

Peut-on changer son passé?

9 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 14 août 2005

Peut-on revivre son enfance en modifiant ses grandes orientations et de telle manière que les années de l'âge adulte soient vécues comme un souvenir ? Cette interrogation sera celle du héros de cette bd pas commune.
Un jour, à 48 ans, ivre, Hiroshi se trompe de train et aboutit à la ville de son enfance. Il se rend à son ancienne adresse puis sur la tombe où repose sa mère. Là, après s'être endormi, il se réveille 34 ans plus tôt : il a 14 ans. Il retrouve sa famille et ses amis tels qu’ils sont demeurés dans sa mémoire mais il ne rêve pas, ou du moins il est dans l'incapacité de percevoir s’il rêve ou non. Il possède le savoir d’un homme de 48 ans dans le corps d’un adolescent.
Rapidement, il constate que les menus événements de son adolescence ne se déroulent pas tout à fait de la même manière que dans son souvenir. Dès lors il se demande s’il pourra faire en sorte que son père ne disparaisse pas à la date où il sait que cela s’est produit. Le tome 1 s’arrête au moment où il apprend par sa grand-mère dans quelles circonstances ses parents se sont rencontrés.

Peut-on guérir de son enfance?

9 étoiles

Critique de Leura (--, Inscrit le 29 janvier 2001, 73 ans) - 10 juin 2004

Laissez au vestiaire tous les préjugés que vous pouvez avoir sur les mangas, ceci est un pur chef d'oeuvre. Le trait est fin et délié, et l'histoire sensible et intelligente. Comme le relève Jean Loup, l'argument fantastique du voyage dans le temps est secondaire, et n'est que le prétexte à une réflexion sur les souffrances de l'enfance et l'empreinte qu'elles laissent sur notre vie d'adulte.

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