Soul kitchen de Poppy Z. Brite

Soul kitchen de Poppy Z. Brite
(Soul kitchen)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Numanuma, le 3 avril 2013 (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 50 ans)
La note : 6 étoiles
Visites : 3 095 

Aussi appétissant qu'un menu!

Après Alcool et La Belle Rouge, voici le dernier volume, peut-être, de la trilogie que Poppy Z. Brite consacre à ses deux héros, cuistots et amants, Rickey et G Man, Soul Kitchen. Cette fois, l’éditeur, l’excellente maison Au Diable Vauvert, effectivement basée à Vauvert, dans le Gard, a conservé, en plus d’un design commun du plus bel effet au trois romans, le titre original qui n’est pas sans évoquer l’expression américaine soul food désignant une cuisine du Sud des États-Unis traditionnellement grasse et énergétique, comme il convient aux esclaves pour leur labeur.
Or, s’il y a un élément que l’on retrouve dans tous les plats mitonnés amoureusement par nos deux chefs, désormais à la tête de leur propre restaurant, c’est bien l’âme. Sans être des génies des fourneaux, Ricky et G Man cherchent constamment le meilleur et possèdent une qualité rare : une insatiable curiosité pour la cuisine.
C’est cette curiosité qui fait leur force mais aussi leur faiblesse. Ainsi, si Rickey se laisse convaincre d’aider Clancy, une figure de la Nouvelle Orléans, pas vraiment blanc-bleu, à ouvrir un restaurant sur un bateau à roues, autre figure, traditionnelle cette fois, sur le Mississippi, plan foireux à tout point de vue puisqu’il s’agit d’un bateau-casino dont la clientèle n’est pas constituée de gourmets mais de pauvres bougres venus là dans l’espoir du gros lot et se nourrissant plus que dégustant, c’est par défi, par besoin d’argent aussi mais surtout par passion. C’est Rickey qui trouve le concept d’un restaurant servant des plats du monde entier, c’est lui qui trouve le chef adéquat.
Et c’est lui qui galère…
On s’en doute, gérer une double journée de chef et de consultant n’est pas de tout repos, physiquement et psychiquement. C’est sur les relations humaines que l’auteur tisse son roman. La trame policière qui encadre le roman lui donne une forme et une intrigue finalement secondaire. Ce qui compte, ce sont les relations entre les deux chefs, aussi bien sentimentales que professionnelles, les relations entre les chefs et leur brigade, les relations avec les autres chefs.
Dans ce roman comme dans les deux précédents, il est fait preuve d’une grande pudeur dans la description de la vie sentimentale de Rickey et G Man, pas de voyeurisme, pas de cliché, pas de revendication. Ni la cage aux folles en cuisine ni porte étendard d’une quelconque revendication sociétale. Deux amoureux, point, mais deux amoureux en proie à une épreuve, à la tentation.
Mais le roman donne aussi à voir la vie d’une ville très particulière : la Nouvelle Orléans, la ville cosmopolite par excellence, plus que New York, trop snob. L’incarnation du melting pot américain, souvenez-vous de vos profs d’histoire qui vous servaient ce terme passe-partout à tout bout de champ, c’est la Nouvelle Orléans. Ici, de nouveaux aspects de la ville y sont montrés, comme les carnavals et leurs rites codifiés.
Cependant, à bien y regarder, le vrai héros de ces trois romans, c’est la cuisine, qu’elle désigne le lieu ou bien les plats. Tous les autres personnages gravitent autour de ce simple concept qui n’est que l’évolution codifiée, sanctuarisée, mot à la mode, raffinée, sanctifiée même, le repas à la française a été reconnu patrimoine mondial de l’humanité, du besoin vital de se nourrir. En plaçant son histoire à la Nouvelle Orléans, ville ouverte sur le monde de par son histoire et sa géographie, Poppy Z. Brite ne pouvait pas faire un meilleur choix.
J’ai faim…

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