La belle rochelaise de Jean-Guy Soumy

La belle rochelaise de Jean-Guy Soumy

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques

Critiqué par CC.RIDER, le 28 mars 2013 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 7 étoiles
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Aventures et esclavage

Dans un village creusois, perdu aux confins du plateau de Millevaches, en 1832, Annibal, un jeune homme pauvre d'une vingtaine d'années, déclenche un terrible scandale. Il n'accepte pas de se soumettre à un mariage arrangé selon le principe de la double compensation. Pour que sa très jolie soeur puisse épouser sans dot un vilain aubergiste, il aurait dû se marier avec la très laide soeur (également dépourvue de dot) dudit bistrotier. Mais Annibal est vif, beau, rebelle et audacieux. Il se croit fait pour l'aventure et les grands espaces. Pour échapper à son sort, il annonce qu'au cours de ses saisons de bucheronnage en Charente, il s'est engagé avec une belle Rochelaise et qu'il la ramènera au village après sa prochaine campagne. Avec son ami, le bon colosse Bramefaim, ils louent à nouveau leurs bras comme scieurs de long dans une forêt d'Aunis. Le travail est pénible et dangereux. Un de leurs camarades est grièvement blessé. Les deux amis l'ayant emmené en urgence en ville, tombent à leur retour sur un groupe d'hommes en train d'importuner une jeune femme. En galants hommes, Bramefaim et Annibal interviennent et découvrent qu'il s'agit d'Ester, une jeune esclave antillaise qui avait tenté d'échapper à ses maîtres, ex-négriers. Dès lors, les deux amis n'auront plus qu'une idée : sauver Ester, ce qui les entrainera dans une longue fuite émaillée de mille péripéties...
Un roman d'aventures avec contexte historique et ancrage profondément territorial. Quelle épopée que ce sauvetage d'une esclave noire dans une période où l'esclavage, déjà aboli, continue néanmoins à perdurer ! Pour avoir pris fait et cause pour Ester, les deux jeunes gens doivent partager son sort et se retrouver traqués comme des criminels. Partout où elle passe, Ester qui est très belle, mais dont la couleur de peau surprend, suscite l'affolement, la peur et même la haine de pauvres gens qui n'ont jamais vu aucun être humain doté d'une telle couleur de peau. Une histoire bien rythmée, agréable à lire et pleine de rebondissements. Des personnages intéressants bien qu'un peu stéréotypés. Une situation peu banale et surtout, une ambiance socio-historique assez bien rendue. La Creuse et les départements du centre de la France étaient des régions si pauvres qu'un grand nombre d'ouvriers en étaient réduits à « limousiner », c'est à dire à s'expatrier le temps d'un chantier, pour des périodes plus ou moins longues dans des régions plus favorisées comme l'Aunis, la Saintonge ou la région parisienne. C'était le temps des maçons creusois, des scieurs de long ou des charpentiers de marine de l'arsenal de Rochefort. Soumy qui s'est fort bien documenté sur la question nous apprend pas mal de choses sur le sujet. Au-delà de ces « aventures » quelquefois à la limite du vraisemblable et de la « romance » sous-jacente, cet aspect particulier du livre est peut-être le plus intéressant de tous.

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