Lune jaune : La ballade de Leila et Lee de David Greig
(Yellow Moon)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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La Casquette
Qui se cache derrière le délinquant à casquette ? Sans ce couvre-chef, le héros se sent nu. C’est le lien qui l’attache à un vécu peu enviable, le blason qui décline son identité. Je me couvre, donc je suis, pourrait dire le jeune Lee, un Écossais incapable de défricher son âme.
Il est une énigme pour lui-même. Croit-il la résoudre en se rendant dans les montagnes du nord de son pays ! L’ailleurs, la panacée à tous les maux. Encore faut-il connaître les mots pour énoncer son mal-être ? Avec Leila, une silencieuse jeune femme introvertie qu’il a connue au dépanneur (petite épicerie), il part à la recherche de lui-même ou court à sa perte. Dilemme shakespearien : être ou ne pas être.
Lee se sent comme un laissé-pour-compte avec une mère alcoolique. Abandonné aussi par un père qui rappelle le coureur des bois, le jeune homme s’est élevé tout seul. Une enfance consommée trop vite conduit l’adulte en devenir sur la voie de la délinquance pour se valoriser. Une planche de salut mandataire de tous les naufrages. La faillite humaine attend tous les marins naviguant sur l’océan de la vie. Le poète québécois Émile Nelligan l’a bien expliqué dans son Vaisseau d’or. Lee s’apprête à renouveler l’expérience de cet auteur, un jeune de son âge d’origine irlandaise. Comme lui, la folie l’attend-il en fin de course ?
On pourrait le croire. Mais le suicide est tentant. Il y songe même quand les circonstances l’amènent dans l’antre paternel. Les retrouvailles sont difficiles, voire rebutantes quand le cœur s’est asséché. Réveiller ses sentiments quand on n’a pas appris à conjuguer le verbe aimer devient une mission impossible. « Veux-tu que je te prenne dans mes bras », lui dit son père. Peut-on les déployer quand les ans les ont raidis à tout jamais ? Qu’est-ce que Lee peut envisager quand le puits est tari ? Mourir de ne pas être aimé ou se débarrasser de celui qui ne sait pas aimer ? Tout un dilemme ? Heureusement, Leila l’accompagne sur cette voie. Réussira-t-elle à faciliter le passage du jeune casquetté à sa vie adulte ?
Cette pièce est un exposé dramaturgique du Père manquant, fils manqué de Corneau. La démonstration est convaincante. Mais ce n’est pas de la purée pour bébés. David Greig n’a pas mâché le contenu pour nourrir le spectateur. Il a laissé, à ce dernier, le soin de débiter le morceau pour déguster ce qu’il lui offre.
Si le sujet est souvent abordé, la structure échappe aux sentiers battus. Les dialogues sont plutôt rares. On pourrait croire à une lecture parce que, tout à tour, les personnages racontent sans linéarité les péripéties de l’action.
C’est un spectacle puissant sur les carences parentales qui produisent les tordus. Une incitation à aimer nos rejetons. On croirait entendre la voix de Sheila quand elle chante sous le soleil au lieu d’une lune jaune (Yellow Moon) :
Moi, je ne peux pas vivre un seul jour
Dans un monde sans amour.
Les éditions
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Lune jaune [Texte imprimé], la ballade de Leila et Lee David Greig traduit de l'anglais (Écosse) par Dominique Hollier
de Greig, David Hollier, Dominique (Traducteur)
Éd. Théâtrales / Théâtrales-jeunesse.
ISBN : 9782842604615 ; 8,00 € ; 21/03/2013 ; 95 p. ; Broché -
Yellow Moon
de Greig, David
Faber & Faber
ISBN : 9780571239283 ; 11,25 € ; 02/08/2007 ; 96 p. ; Paperback
Les livres liés
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