Quand Papa reverra-t-il hélas de la capitale fumer les cheminées ? (allusion à un vers de Joachim Du Bellay)

Colette Vivier est déjà connue pour "La Maison des petits bonheurs" lorsque sort l’ouvrage "La Maison des Quatre-vents" en 1946, à l’époque le texte est illustré par Henri Crespi. Ce dernier titre est réédité régulièrement et il aura encore pour dessinateur Jacques Pecnard et Serge Bloch. Avec Serge Bloch les visages des personnages sont très caricaturaux et les nez protubérants ont une forme qui porte le caractère de leur propriétaire (le jeune lecteur le sentira de lui-même).

Voilà la vie des occupants d’un immeuble parisien durant la seconde partie de la guerre, à savoir de Noël 1943 à la Libération de Paris à l’été 1944. Toutefois un chapitre nous fait faire un saut dans le temps puisqu’il nous amène au printemps 1945 lorsque le père prisonnier en Allemagne depuis 1940 revient en France. Le récit de "La Maison des Quatre-vents" ne ménage pas les émotions du lecteur (milice, Allemands et résistants entrent dans la vie des habitants de l’immeuble habité en particulier par une famille juive) et si l’héroïsme est de mise il est assez réaliste tandis que les aspects de la vie quotidienne ne sont pas oubliés pour autant.

Le personnage principal est un garçon né en 1941 mais sa sœur aînée joue un rôle non négligeable aussi les lectrices prendront également goût à la lecture de "La Maison des Quatre-vents".

Alors que des titres récents pour la jeunesse présentent une vision de cette période sur le mode de la sensiblerie, on a ici une perception fine de la façon dont l’Occupation a été vécue par certains Français.

Le texte proposé est celui en usage depuis 1991, il a été revu et corrigé par André Duval, le fils de l’auteure ; ceci dans un esprit de "politiquement correcte" et de changement de détails matériels qui relèvent du "sabotage" du contexte historique. On a peu d'ouvrages de littérature de jeunesse écrits juste après la Seconde Guerre mondiale par des auteurs qui en dressent une version fine parce qu'abrupt par certains côtés. Doit-on aligner le texte de Colette Vivier sur ce qui s'écrit aujourd'hui dans la fiction pour les jeunes autour des années noires ? Il est à noter que les éditions Saint Rombaut ont eu l'intelligence de ne pas toucher un mot de "Mammy" (critiqué ici). Certes ce dernier ouvrage est empli de références religieuses et de mots de haine vis-à-vis des occupants et des collaborateurs et c'est ce qui fait qu' il sonne vrai.

• 

  La maison des Quatre-Vents [Texte imprimé] Colette Vivier illustré par Serge Bloch

  de Vivier, Colette Bloch, Serge (Illustrateur)
  Casterman
  ISBN : 9782203048447 ; 15,00 € ; 08/02/2012 ; 237 p. ; Relié

  Go Amazon