Grand-père avait un éléphant de Vaikom Muhammad Basheer

Grand-père avait un éléphant de Vaikom Muhammad Basheer
(Ntuppuppâkkorânéntârnu)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Lalige, le 21 mars 2013 (Inscrit le 16 novembre 2008, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 105ème position).
Visites : 3 793 

Dans Les yeux de Kounnioupattoumma : Un des miroirs de l'inde du sud

Kounnioupattouma , fille de notables musulmans désargentés, ne sait rien du monde si ce n'est le carcan des traditions familiales. A l'heure de se marier personne ne convient aux yeux d'Ouma sa mère jusqu'au jour où Kounnioupattouma s’éveille à la liberté du corps et de l'esprit...
Ce court roman est savoureux et coloré. Il révèle le parcours d'une jeune indienne du sud élevée dans le strict respect de la foi musulmane qui découvre ses sens.
Un très bon petit roman pour découvrir une Inde parmi les indes

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Critique de Patryck Froissart

10 étoiles

Critique de FROISSART (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 76 ans) - 27 août 2017

Comment est le monde selon Kounnioupattouma, la fille de la fille chérie d’Anamakkar ?
Kounnioupattouma voit tout en rose, y compris les éléphants, surtout celui de son grand-père.
En effet, lui répète-t-on à longueur de jour, son grand-père avait un éléphant ! Et pas un petit, un maigre, un efflanqué ! Non, le plus grand, le plus fort et le plus beau des éléphants : un mâle gigantesque avec de grandes défenses, qui avait tué pas moins de quatre de ses cornacs, des kafir, évidemment.
Kounnioupattouma, enfant de sucre, ornée des plus précieux bijoux, grandit sur un piédestal, symbole vivant de la réussite sociale de ses parents, au milieu de sa maison, qu’elle ne quitte quasiment jamais, parée dans l’attente du mariage que ses parents arrangeront pour elle avec un jeune homme de son rang et de sa communauté avant d’accomplir leur pèlerinage du Hadj.
Toutes les femmes qui étaient déjà venues l’examiner croulaient sous l’or. Toutes des maîtresses de grandes maisons… Certaines lui avaient ouvert la bouche pour regarder à l’intérieur si elle avait toutes ses dents…
Kounnioupattouma n’avait pas une seule dent gâtée…
L’univers, tel que le voit Kounnioupattouma est constitué de deux mondes : le sien, celui des musulmans riches, fait tout de douceur, de candeur, et de bonheur par la grâce d’Allah, Rabb-al-’Alamîn, et l’autre, celui des kafir, des infidèles, des pauvres et des dépravés.
Mais le meilleur des mondes possibles peut basculer, et, chaos ab ordine, soudain ce qui était en haut est en bas. Tous les repères sont alors à réinventer et, pour Kounnioupattouma, un nouveau monde est à construire, où elle devra trouver sa place…
En plaçant le narrateur tantôt en focalisation zéro tantôt en focalisation interne, l’auteur fait varier les points de vue, de la vision naïve qu’a Kounnioupattouma de ce qui l’entoure à celle, réaliste, d’un regard critique sur les contraintes sociales, les préjugés, et la pesanteur du communautarisme.
Ainsi voit-on évoluer peu à peu, au prix de graves crises individuelles, les représentations de Kounnioupattouma, qu’elle exprime à sa façon, avec les mots hérités de son enfance en vase clos, et celles de ses parents, que les vicissitudes quotidiennes d’une brutale et irréversible chute sociale obligent à enfreindre les règles de la tradition.
Roman d’une initiation douloureuse, d’un éveil progressif à la tolérance face à la diversité des comportements, des croyances, des superstitions dans le cercle pourtant restreint d’un petit écart de l’Inde musulmane, Grand-père avait un éléphant est aussi le récit d’un amour passionné entre deux jeunes gens qui puisent dans leur volonté de s’unir la force nécessaire et suffisante pour faire tomber les barrières.
La traduction, du malayalam (une des langues officielles de l’Inde, surtout parlée au Kerala) par Dominique Vitalyos est parfaite.

Patryck Froissart

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