L'emprise numérique : Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies de Cédric Biagini
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Essais
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«Big Brother»
L’auteur -il convient de le rappeler ici - est très engagé, de par ses fonctions éditoriales et journalistiques, dans le mouvement libertaire. Ceci expliquant cela, on ne s’étonnera donc pas du radicalisme de ses propos à l’encontre de l’univers numérique.
Réitérant en effet avec le thème de son précédent ouvrage sur «La tyrannie technologique» il tire ici à boulets rouges sur l’emprise exercée par l’outil Internet dans notre vie quotidienne à travers tous les nouveaux supports et vecteurs que sont aujourd’hui les réseaux sociaux, tablettes, liseuses, cartables électroniques, ou smartphones.
Cet ouvrage, à défaut d’être toujours impartial, brille en tout cas par la quasi exhaustivité de son contenu, chaque chapitre étant assorti de nombreuses notes et multiples sources référencées. Cette étude approfondie sur le web 2.0 et ses déclinaisons infinies constitue donc l’antithèse exacte de la dispersion et de la superficialité dénoncées par Cédric Biagini tout au long de ces 448 pages bien tassées.
La défense du livre papier, son premier chapitre, constitue aussi son principal cheval de bataille ce qui n’étonnera guère de la part d’un militant du collectif éponyme créé en 2009 et dont le manifeste apparaît sur le site d’OLS (Offensive Libertaire et Sociale).
Cela étant, les arguments ici développés sont assez probants et les chiffres mentionnés, très éloquents : ainsi, quinze millions de titres sur Google ou la possibilité d’engranger 1400 livres sur une liseuse illustrent à la fois le caractère exponentiel et absurde de cette dérive ; il suffit, ajoute l’auteur, de constater que la moyenne des lecteurs (hormis les membres de CL, bien entendu…) ne lit que dix ouvrages par an…pour s’en persuader puisqu’il leur faudrait plus d’un siècle pour en utiliser tout le contenu !
Une opinion dont Frédéric Beigbeder se fait d’ailleurs aussi l’écho dans la préface de son livre «Premier bilan après l’apocalypse» ou «mes 100 livres préférés à lire sur papier avant qu’il ne soit trop tard» : voir à ce propos la critique de Killer.extreme sur ce site.
Autre secteur sensible évoqué, celui de l’école avec le «tout numérique» prôné par nos différents ministres de l’Education Nationale. Paradoxe qui devrait encore aggraver l’inattention des élèves, pourtant largement dénoncée par les enseignants en programmant hélas les jeunes générations en faveur d’une utilisation de l’outil Internet à tout va, à la gloire d'une société consumériste.
Les réseaux sociaux n’échappent évidemment pas à la plume acerbe de Cédric Biagini qui ici pointe du doigt le caractère chronophage de cette activité et l’utopie de l’idée selon laquelle Internet aurait facilité l’avènement de la démocratie dans le monde arabe et, sur un plan plus général, permettrait une libéralisation de l’information.
Autre illusion débusquée par l’auteur, celle du «zéro papier» qui sauverait la planète, alors que les déchets informatiques augmentés par l’obsolescence programmée du matériel utilisé, sont autrement plus polluants et qu’une seule recherche sur Google utiliserait autant d’énergie qu’une ampoule basse consommation pendant une heure, précise-t-il.
Pire encore, et c’est là une de ses conclusions, impossible d’échapper à cette emprise, sous peine, comme l’a déclaré Kevin Warwick dans une interview à «Libération» à laquelle il fait référence, de constituer «une sous-espèce», ce qu’il appelle les «chimpanzés du futur».
Or, en cela, l’ouvrage tombe dans les mêmes travers qu’il dénonce à propos des réseaux sociaux en écrivant «l’information peut être une condition nécessaire mais elle n’est jamais suffisante. Il n’y a pas de lien direct entre information et réaction si l’on entend bien sûr par réaction actes et engagements et non un simple réflexe émotionnel ou compassionnel»
Certes, le constat et la démonstration sur l’addiction aux écrans sont ici assez convaincants mais la possibilité de réagir est présentée comme un combat perdu d’avance, ce qui est tout à fait démobilisant.
Enfin, et surtout, lorsque l’auteur déclare qu’à son avis, c’est un poncif de penser que la technologie n’est ni bonne ni mauvaise et que seul l’usage que l’on en fait serait à incriminer, j’ai la faiblesse, pour ma part, rejetant tout manichéisme, de me rallier à ce «poncif»…
Cette réserve étant faite, «L'Emprise numérique» demeure un ouvrage de référence sur ce thème, à lire d'urgence...avant qu'il ne soit trop tard...
Les éditions
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L'emprise numérique [Texte imprimé], comment Internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies Cédric Biagini
de Biagini, Cédric
Editions L'échappée / Pour en finir avec (Paris. 2005)
ISBN : 9782915830675 ; 14,00 € ; 24/11/2012 ; 448 p. ; Relié
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Les écrans, internet, les livres ; critiques et critiques des critiques
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 9 février 2014
L'auteur nous expose dans les dernières pages l'idée de cet ouvrage : « formuler une critique sociale et politique des nouvelles technologies qui s'inscrit dans une contestation plus globale de la société industrielle ». Cette critique, que je partage sur bien des points, s’appuie cependant essentiellement sur des convictions de l'auteur et d'autres personnes dont il est proche par les idées et positionnements. Bien que Cédric BIAGINI renvoie régulièrement à des éléments bibliographiques, des références objectives manquent vraiment, alors qu'il commence à y avoir de nombreuses études sur le sujet. Ce livre aurait je pense aussi pu gagner en clarté et en rigueur en adoptant un plan plus ordonné. On ne devine pas vraiment ce qui fait la spécificité de chacune des 3 grandes parties.
Certains passages sont tout de même intéressants, notamment lorsqu'il présente et contrecarre les accusations souvent prononcées à l'égard des personnes pas très enclines au développement exponentiel des technologies de type smartphone et tablettes. Les qualificatifs de « technophobes » ou « réactionnaires » sont plutôt connotés péjorativement. L'auteur les remet en cause de manière parfois maladroite. Il fait par exemple le lien entre le qualificatif de technophobe et le fait « qu'en URSS on faisait passer les opposants pour des fous... ».
Un livre à prendre donc comme un point de vue sur l'usage abusif des écrans, agrémentés de quelques anecdotes ou faits intéressants et effrayants (l'utilisation de la télévision pour assurer des cours à des collégiens mexicains depuis 1968, le câblage du fond des océans pour assurer les connexions internet....).
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