Noces au paradis de Mircea Eliade
( Nuntǎ în cer)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Passions dévastatrices
Dans un style simple, Mircea Eliade nous relate deux histoires d’amour vécues avec fougue et passion.
D’un côté les femmes, sensuelles, possessives et soumises, capables de tout au nom de l’Amour, du seul et unique qui soit vrai ; puis de l'autre, les hommes, convoités, jaloux, profondément égoïstes. On se sent à la fois très proche et très loin de ces personnages décrits avec leurs faiblesses et leurs excès. Ils essaient de vivre, de concrétiser l'idée qu'ils se font du grand, du pur amour, malgré le temps, l’âge et toutes les différences qu'il peut y avoir entre un homme et une femme. En dépit de cela, ils nous semblent beaux, attirants, tellement vrais. " Noces au paradis " sont deux histoires qui nous transportent vers les hauteurs des passions dévastatrices. Elles sont racontées avec intelligence et beauté.
Les éditions
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Noces au paradis [Texte imprimé] Mircea Eliade trad. du roumain par Marcel Ferrand
de Eliade, Mircea Ferrand, Marcel (Autre)
l'Herne / Collection L'Imaginaire
ISBN : 9782070706563 ; 8,00 € ; 13/05/1986 ; 280 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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Le paradis n'est pas de ce monde
Critique de Stavroguine (Paris, Inscrit le 4 avril 2008, 40 ans) - 27 mars 2012
Si le roman est classique aussi bien dans sa forme que dans le fond, il n’en est pas pour autant sans attraits. Ce qui intéresse Eliade, c’est comment un amour qualifié de paradisiaque peut être corrompu par ce qu’on pourrait assimiler à de l’égoïsme si ce mot n’était pas trop négativement connoté : ce qui ruine l’amour, finalement, semble être l’existence d’un « soi » qu’on ne peut nier pour aucun « autre », fut-il l’être le plus sincèrement aimé. Les deux personnages masculins semblent en effet comme condamnés à perdre leur amour du fait de pulsions qui les dépassent et dont ils semblent être pour ainsi dire les victimes, qu’il s’agisse de leurs faiblesses (la jalousie), de passions concurrentes (l’écriture) ou d’un désir (ou son absence) de procréer.
Il convient de s’arrêter un instant sur ce dernier point. Donner ou non naissance est une pierre d’achoppement sur laquelle les deux relations s’écrasent lamentablement. Dans le cas de Mavrodin, c’est parce que l’écrivain, tout à son art, rejette l’idée d’avoir une progéniture autre que spirituelle alors même que le sentiment amoureux l’empêche de créer ; dans celui d’Hasnas, au contraire, le désir de l’homme mûr de « renaître » se heurte au refus d’enfanter de la jeune femme à qui il a déjà dérobé sa virginité. On est donc confronté dans les deux cas à un amour sans fruit, dont la préface nous explique qu’il est conçu comme un moyen d’aboutir à la béatitude suprême par la mystique hindoue – l’auteur est docteur en philosophie et en histoire des religions –, mais que les hommes et les femmes, quant à eux, semblent incapables de supporter. Peut-être le titre trouve-t-il ici son explication : le paradis n’est pas de ce monde.
Noces au paradis, sous son apparent classicisme, se plaît donc à surprendre le lecteur. En dressant le beau portrait d’une femme – qui demeure mystérieuse – à travers les descriptions qu’en font ses deux grands amours, l’auteur aborde en réalité la relation des hommes à l’amour et stimule à la fois l’intelligence et la sensibilité du lecteur en abordant quelques thèmes forts soutenus par des idées marquantes. En somme, Noces au paradis est un roman d’amour au masculin, un triangle amoureux apaisé et évoqué avec sérénité par deux hommes qui seraient rivaux s’ils n’étaient déchus – leur chute commune remplace la jalousie par de la compassion.
Certes, le roman n’est pas exempt de défauts. Le style est banal et on pourra avoir tendance à s’ennuyer un peu, passé un très bon début. De même, l’auteur (ou le traducteur) semble oublier que le gros de son roman est censé être le récit fait par un chasseur à son compagnon au cours d’une nuit blanche (la quatrième de couverture insiste sur le caractère « interminable » de celle-ci…) dans les Carpates : l’emploi du passé simple n’est donc peut-être pas tout à fait approprié et on pourra regretter le manque d’interaction entre les deux narrateurs (en lisant ces deux récits successifs qui se répondent à peine, je rêvais à une adaptation théâtrale plus dynamique). La forme est donc bien imparfaite et aurait sans doute pu être mieux pensée. Reste qu’il y a un fond. Sans rien révolutionner, le roman sait néanmoins intéresser le lecteur et jouit de ce charme propre aux choses un peu désuètes qui nous donne envie de l’aimer. Alors, pourquoi pas ? Si on reste loin du miracle qu’ont connu Mavrodin et Hasnas, pourquoi ne pas se laisser tenter par ce joli petit flirt ?
Femme double
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 11 mars 2008
Marcel Ferrand, dans la préface de l’édition que j’ai lue, évoque le roman à idée ; il semblerait qu’Eliade illustre par cette histoire à deux faces une de ses théories de philosophe des religions. Mais il faut le reconnaître, de manière très sensible, à la Proust, dans le sens, écrit en substance le préfacier, où les personnages revivent intensément, comme au présent, des sensations passées. Il signale que, dans les années 30 en Roumanie, le style d’Eliade fut critiqué. On l’accusait d’être imprécis, tâtonnant, « essayage de mots ». Alors que j’ai trouvé que ce style, simple mais « vivant », s’accordait bien à l’oralité supposée de la situation (deux hommes qui se racontent pendant une nuit précédent une partie de chasse).
Je me suis demandé si l’idée d’évoquer, sans le préciser, une même femme à travers deux récits différents était originale ou si elle a été employée (avant et après) par d’autres romanciers.
Les philosophes sont de bons romanciers
Critique de Néo-plume (Termes, Inscrite le 11 mars 2001, 41 ans) - 11 mars 2001
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