La crève de François Nourissier

La crève de François Nourissier

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Lecassin, le 3 février 2013 (Saint Médard en Jalles, Inscrit le 2 mars 2012, 68 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 964ème position).
Visites : 4 126 

Le démon de midi...

François Nourissier, un auteur que j'ai dédaigné pendant de longues années, ne le croisant qu'à la télévision lors des remises de Goncourt. Pourquoi cet homme m'a-t-il si longtemps rebuté ? Ses lunettes ? C'est vrai que je n'aimais pas ses lunettes…
Il aura fallu une émission de Bernard Pivot, en 2000, pour que je découvre cet homme lucide et sensible décrivant sa haine et son dégoût de lui-même dans « A défaut de génie », son dernier ouvrage paru. Je me précipite chez le libraire et dévore les 660 pages du bouquin… C'est un choc !
Et cette façon de parler de Miss P, alias Miss Parkingson, la maladie qui finira par l'emporter…
Mais revenons à « La Crève », prix Fémina 1970…
Benoît a la cinquantaine ; marié à Hélène, deux fils et un bel appartement à deux pas de son bureau ; une aisance matérielle qui ferait des envieux La belle vie !
Quoique… Bien qu'épanoui dans son travail d'éditeur et jouissant de la compagnie d'une épouse qualifiée de discrète et raffinée, ils ne font que se croiser et Benoît ne trouve le sommeil qu'à l'aide de comprimés… quand il ne sombre pas tout bonnement dans l'alcool. On le sent mûr pour la chute…
Il rencontre Marie, vingt ans… et part la rejoindre en Suisse. Pour quoi faire ? S'agit-il d'un aller simple ?
« La Crève », une évocation du « démon de midi », amère et sensuelle. Un roman dans le milieu de l'édition que l'auteur fréquentait assidûment. Comment ne pas penser qu'il pourrait bien y avoir un peu de François Nourissier dans ce Benoît Magellant ?
Et puis mea culpa pour avoir aussi longtemps volontairement ignoré cet écrivain majeur pour « délit de sale gueule »…

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La prochaine défaite

6 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 16 avril 2013

« La crève » n’est peut-être pas un roman quoiqu’en dise la couverture. On n’y raconte pas vraiment une histoire, on n’y trouve aucun dialogue, on n’y voit pas vivre des personnages pour lesquels l’auteur aurait quelque empathie. On ne se laisse pas emporter, captiver, séduire, charmer. Bien au contraire, ici tout est fade, morne, recroquevillé, affaissé. Le héros (mais comment parler de héros ?) se définit comme un brave type à l’existence grise, à la « nostalgie calfeutrée », terrassé de mal-être, dont les jours se consument dans « une forêt de tristesse ». Sa femme est « trop parfaite », ses enfants trop distants. Tout ceci est crépusculaire et renvoie à l’enfance maussade quand sa mère lui disait qu’elle n’avait plus les moyens de lui payer des cadeaux inutiles.

« La crève » est un beau texte littéraire parfaitement écrit, au style syncopé qui m’a rappelé celui d’Aragon. François Nourrissier a certes le sens de la formule mais cela reste froid. La vie (la sienne ?) est-elle donc « pitoyable, imbécile, dérisoire- superbe ? » L’amertume, le pourrissement, la contagion, la puanteur sont ils les points cardinaux de ses jours ? Pourtant il aime son métier d’éditeur même s’il ne digère plus « la détresse bien mise en scène (de ses auteurs), leurs ruses méchantes pour lui arracher trois sous, leur dédain d’autrui, leurs envies et surtout, mais surtout, surtout leurs états d’âme ». Une fille de vingt ans (il en a quarante huit) et parfois un livre qu’il publie peuvent encore l’enfiévrer et lui étourdir le cœur.

Mais n’est-il pas trop tard ? « On ne change plus sa vie après quarante ans. Avant non plus ». La fin de ce livre m’a paru ratée car beaucoup trop longue. L’événement qui surgit à la page 203 est trop prévisible pour s’étaler encore sur 60 pages et le lecteur a compris depuis longtemps vers quoi allait cet habitué de défaites.

Ceci n'est bien sûr qu'un avis.

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