L'ombre douce de Hoai Huong Nguyen

L'ombre douce de Hoai Huong Nguyen

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par TRIEB, le 31 janvier 2013 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 72 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 982ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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L'AMANT DE LA GUERRE

La force d’un amour peut-elle contrarier les grands vents de l’histoire ? L’amour peut-il se transformer en une insurrection contre les préjugés du temps : différences de race, de classe, de culture ?

C’est à cette problématique que s’attèle une jeune auteure ,Hoai Huong Nguyen, dans son premier roman L’ombre douce.
Nous sommes en 1954 en Indochine ; la guerre, celle des Français, touche à sa fin. Mai est une jeune infirmière Annamite, elle aide de son mieux les équipes médicales dans un hôpital militaire français de Hanoi. Parmi les blessés, elle croise Yann, jeune soldat breton engagé dans le corps expéditionnaire. Elle s’éprend de lui et ment aux autorités médicales pour prolonger son séjour à l’hôpital militaire et rester auprès de lui pour lui parler, mieux le connaître.

Dans sa famille, on nourrit un tout autre projet : marier Mai à un homme d’affaire, Ushi Lei, beaucoup plus âgé qu’elle, mais fortuné et capable de faire une union très convenable, patrimonialement s’entend. Mai se rebelle contre ce mariage arrangé, elle est bannie de sa famille et s’adresse à un couvent de bonnes sœurs pour l’héberger. Yann rejoint son régiment, est fait prisonnier lors de la bataille de Diên Biên Phu . Il est contraint, comme des milliers de soldats français, de suivre une longue marche dans la jungle, marche cruelle marquée par la maladie, l’épuisement, la mort, la torture.
Après de longues démarches faites auprès des autorités militaires vietnamiennes, Mai se suicide dans un lac, car le désespoir l’a emporté . De son côté, Yann n’admettra jamais la disparition de Mai, il sombre dans la folie à son retour en France en croyant dialoguer avec l’apparition de Mai et meurt à son tour.

Il y a dans le roman des descriptions très complètes du Vietnam de cette période, de la guerre d’Indochine aussi, par l’évocation très détaillée des circonstances de l’encerclement de l’armée française dans la cuvette de Diên Biên Phu. Il illustre aussi la puissance de séparation des événements, qu’ils soient personnels ou rattachés à l’histoire plus globale. On y trouve aussi une grande sensibilité, un hommage au rôle de l’eau dans la nature, la vie des humains . Cela n’est guère surprenant : Hoai Huong Nguyen a fait son doctorat de lettres sur l’eau dans la poésie de Paul Claudel et celle des poètes chinois et japonais. Auteure à découvrir.

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Au crépuscule de l’Indochine

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 23 mai 2018

Hoai Huong Nguyen est une auteure française, d’origine vietnamienne et « L’ombre douce » est son premier roman.
Sous couvert d’une histoire d’amour entre Mai, une jeune indochinoise qui aide à soigner les militaires blessés à l’hôpital militaire français de Hanoï, et Yann, jeune appelé breton, originaire de Belle-Ile, qui se retrouve à combattre en Indochine en 1954 alors que la chute du système colonial français est proche, Hoai Huong Nguyen nous décrit l’ambiance et le cadre dans lesquels va sombrer l’armée française.
Yann a bien failli y rester. Il a été blessé au thorax mais soigné dans cet hôpital d’Hanoï il recouvre la santé. C’est là que s’éprennent les deux tourtereaux. Malgré l’opposition de la famille de Mai, famille qui la bannit, ils se marient juste avant que Yann soit envoyé à Dien Bien Phu. Ce sera la bataille ultime, le carnage ultime mais bien entendu personne ne le savait à l’avance.
Ils restent en contact par courrier, tant bien que mal, au moins au début du siège puis c’est l’agonie des hommes coincés dans la maudite cuvette. Mai s’est réfugiée chez les bonnes sœurs et survit en espérant que le pire sera évité.
Le pire ; la mort à Dien Bien Phu, est en effet évité, mais était-ce pire que d’être fait prisonnier ? Aux mains des Viet-Minh, Yann endure tout ce qu’on peut imaginer. De son côté, Mai se démène du mieux qu’elle peut pour tenter de savoir si Yann est encore vivant et prisonnier. Pour ce faire elle doit approcher dangereusement et soudoyer le Général Hoai Nam. Elle croit que l’argent et les bijoux suffiront …
Yann, trimbalé de camp en camp résiste et il finit par être ramené à Hanoï. Hanoï, là où il a laissé Mai …
« L’ombre douce » reste davantage une histoire d’amour que la relation pure et dure du Vietnam naissant. Hoai Huong Nguyen n’est pas Jean Hougron ou Jean Lartéguy. L’histoire n’en est pas moins déchirante.

Romantisme simple

8 étoiles

Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 44 ans) - 2 août 2015

Hoai Huong Nguyen veut nous dépeindre les sentiments humains mis à l’épreuve de la guerre. Pour ce faire, elle nous propose un très court roman qui remplit parfaitement son contrat. Il nous parle des moments tragiques et des violences du conflit avec une grande poésie. Enveloppé dans une belle langue romantique, le récit n’en reste pas moins percutant. Malgré le drame omniprésent, l’amour paraît plus fort que tout. A moins que le destin soit déjà écrit et que l’issue soit inévitable…
J’ai beaucoup aimé ce petit roman qui possède une véritable âme et m’a fait vivre le temps de quelques heures, la tragédie humaine dans toutes ses contradictions. On y découvre dans le même temps l’amour irrationnel et la cruauté sans bornes. Je suis passé tour à tour par toutes les émotions.
Hoai Huong Nguyen réalise un joli premier coup d’essai qui en appelle d’autres. J’espère qu’elle pensera à étoffer en nombre de pages ces futures œuvres car la beauté de son écriture mériterait une histoire plus approfondie. Ça lui permettrait de marquer encore plus les esprits.

Douceur, tu portes bien ton titre...

8 étoiles

Critique de Samastrid (, Inscrite le 12 novembre 2012, 61 ans) - 30 janvier 2014

Tout en douceur et en finesse, cette jeune romancière nous décrit avec exactitude et beaucoup de poésie ce jeune soldat parti de son île bretonne (Belle-Île en Mer) qui rencontre une infirmière chargée de le soigner (ou pas, car retarder sa guérison retarde son retour sur le front) suite à une blessure de guerre.
Le style est impeccable, l'histoire tout simplement belle et dramatique sur fond de guerre d’Indochine.
Beaucoup d'émotions.
Merci pour ce bon moment de lecture.

Ensemble mièvre

4 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 28 décembre 2013

Le narrateur décrit l’amour d’une jeune coréenne de bonne famille élevée dans une école religieuse française en pleine guerre d’Indochine. Elle soigne et tombe amoureuse d’un soldat français rêveur d’origine bretonne et paysanne.

Le texte; sans dialogue, doux et ouaté, même pour décrire la bataille de Diên Biên Phu, est entrecoupé de quelques poèmes.

L’ensemble dégage une impression de déjà vu et la fin se pressent à plusieurs indices.

IF-1213-4135

L'amour et la guerre - L'amour et le choc des cultures

9 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 82 ans) - 27 juillet 2013

L’énigme du titre se dévoile en fin de roman. Tout en douceur dans un contexte tragique.
Les parents d’Hoai Huong Nguyen sont vietnamiens mais elle est née en France. Détentrice d’un doctorat en lettres, elle enseigne actuellement la communication. L’ombre douce est son premier roman récompensé par le Prix Première RTBF 2013.
Début 1954, Yann, soldat français, se retrouve blessé dans un hôpital au Vietnam. Mai, une jeune Vietnamienne, veille à son chevet : une belle idylle naît entre eux. Mais cela sort des convenances car elle est promise à un dignitaire local. Après sa guérison, Yann est parachuté sur Dien Bien Phu : on connaît la fournaise, la reddition, les accords de paix qui n’arrangent pas nécessairement le sort d’Yann et Mai.
Voilà un premier roman particulièrement bien écrit. L’auteure dépeint la nature locale en des phrases descriptives du meilleur effet. Çà et là, des haïkus ajoutent une touche poétique des mieux réussies. Enfin, des moments forts secouent le lecteur par de courtes phrases parfois elliptiques séparées par des tirets : une innovation stylistique osée mais qui accroche.

Merveilleuse poésie...

9 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 84 ans) - 21 février 2013

L'intrigue de ce court roman est bien présentée par TRIEB, je n'y reviens pas et me bornerai à deux remarques :

Le style m'a d'abord dérouté et j'ai pensé à deux qualificatifs peu gratifiants, scolaire et maladroit. Que j'ai eu tort ! On est petit à petit envoûté par cette histoire simple et poétique, justement ponctuée par de courts poèmes qu'on aimerait savoir mieux déchiffrer : pourquoi détacher des lettres dans un vers du poème, chaque fois ?

Je suis admiratif du choix du thème par cette jeune femme d'origine vietnamienne (on devrait peut-être dire Tonkin ou Annam ?). Dien Bien Phu, c'était plus de vingt ans avant sa naissance ! Pour ma part je me rappelle la façon dont nous suivions jour par jour au collège l'agonie du camp retranché... Quelle délicatesse dans le récit !

Bravo et merci Madame

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  Sujets Messages Utilisateur Dernier message
  Dommage... 15 Myrco 28 décembre 2013 @ 14:30

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