Le lait de la terre de Alain Bertrand
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un roman de terroir
L'écrivain belge Alain Bertrand habite et enseigne à Bastogne. Il est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages, dont un essai sur Simenon. Dans "Le lait de la terre", il nous raconte l'histoire de Charles, un professeur, qui quitte Bruxelles pour vivre dans un village d'Ardenne où il espère naïvement trouver le calme et le bon air.
Charles y fait la connaissance d'un monde rural confronté à la crise de l'agriculture, aux normes européennes et au prix du lait peu favorable aux fermiers. Parmi ceux-ci, la belle Irène retient son attention : "L'amour, Charles n'en connaît pas plus le mode d'emploi que celui de la machine à laver, et si sa belle paysanne lui a laissé des arômes de feuille morte et le toucher de sa chair rousse, il n'a pas osé, il n'a pas pu, il n'a pas eu la force de l'arracher à son christ en marcel, de l'entraîner au-dessus du plancher des vaches, de la basse-cour fienteuse, de l'Ardenne secouée de vent, jusqu'à la couche monumentale des nuages, là où les âmes succombent à toutes les tentations sous l'oeil échauffé du soleil".
"Le lait de la terre" est un roman de terroir bien écrit, avec humour et une pointe d'Orval, qui me fait penser au style d'Armel Job et de René Henoumont. On ressent que l'auteur aime profondément son Ardenne. Voici sa belle description de la Gaume :
"La Gaume est une fille de joie adossée à l'Ardenne boisée. Elle a de jolies feuilles de vigne et tend ses collines vers le sud, en agitant un drapeau bleu, blanc, rouge. Le genou troussé, un talon à plat contre l'écorce, la belle a la cuisse tiédie par un soleil qui cligne de l'oeil vers tous les jours de l'année. Juste à côté, en Ardenne, il pleut comme vache qui pisse en toute saison, et même la nuit, et même l'hiver, même au cours des messes de mariage. Affaire de microclimat, susurre l'office du tourisme de Virton. Autant vérifier sur place s'il y a des mirabelles, des orchidées, et puis des cigales qui déroulent des chansons d'amour provençal... Le prospectus touristique dévoile une jeune femme sans minceurs inutiles, les joues en forme de pommes, la gorge imitant une cuesta - front abrupt et versant en pente douce - la lèvre rincée au cidre. Le verre prêt à être choqué, clin d'oeil vers le spectateur, semble une incitation à la villégiature intime".
Les éditions
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Le lait de la terre
de Bertrand, Alain
Weyrich Edition
ISBN : 9782874891335 ; EUR 14,00 ; 15/01/2012 ; 156 p. ; Reliure inconnue
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Les critiques éclairs (2)
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Décevant
Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 18 janvier 2023
En effet, je n’ai vraiment pas aimé le roman de cet auteur belge. L’idée de base que le titre laisse entendre est certes bonne : le cultivateur (ici les ardennais de Belgique) souffre du manque de considération pour son travail et des prix que le marché lui impose pour ses produits et parfois, il déverse son lait dans la terre. Cela est décrit dans 2 chapitres sans aucune réflexion sur le sujet quelle qu’elle soit. Autrement, rien que des banalités, de la pseudo poésie, une histoire d’amour impossible entre la fermière et le prof de français d’origine bruxelloise, des recettes de cuisine à l’escargot ou au yoghourt, des références répétées aux bières d’Orval ou de Rulles (par ailleurs très bonnes), des phrases alambiquées qui se veulent originales et humoristiques mais qui -pour moi- ne sont que du flan, et du tape-à l’œil.
Donc, désolé car si j’encense les auteurs belges comme Armel Job, Adeline Dieudonné ou Eric Russon, je ne recommande pas Alain Bertrand. Deux extraits (on peut aimer) :
« La vache a l’air de sourire, du coup, comme sur une étiquette de fromage »
« Séparée du corps de logis, l’étable s’ouvrait sur une brouette, un tracteur rouge et une grosse fermière préposée au lancer de graines. Les poules picoraient, le coq lançait son chant vertical du haut du tas de fumier. »
Romance ardennaise sur fond de crise agricole
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 14 septembre 2014
Le malaise des hommes et des femmes dans un contexte de crise agricole est très habilement traduit par cet auteur, récemment décédé, et qui aurait mérité une plus grande reconnaissance de son vivant.
Certes la base du scénario n’est pas d’une originalité exceptionnelle, mais le lecteur est tout de même porté par la description des sentiments des protagonistes et vers l’issue de la relation compliquée entre Charles et Irène. L’auteur donne cependant parfois l’impression d’aller à l’essentiel sans trop de détours ; l’ouvrage aurait donc mérité trois ou quatre chapitres supplémentaires.
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