Le roman des quatre de Pierre Benoit, Paul Bourget, Gérard d'Houville, Henri Duvernois
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Correspondances sur fond de secret de famille
"Le roman des quatre" est la collaboration de trois écrivains, Pierre Benoît, Paul Bourget et Henri Duvernois et d'une écrivaine, Gérard D'Houville. Décidant de rédiger un roman de manière collective, ils en viennent progressivement à se mettre d'accord sur un drame qui serait le point de départ du roman (un peintre reconnu qui assassine l'amant de sa femme, ainsi que cette dernière). Ensuite, chaque écrivain ayant choisi un des quatre personnages principaux du récit, rédige une correspondance imaginaire à destination des trois autres. Ainsi, les 339 pages du roman ne sont constituées que de correspondances (très nombreuses).
Dès les premières pages, nous comprenons donc à travers une lettre écrite par Antoine Barge à sa soeur, Mme Huvelot, qu'un drame s'est produit (résumé brièvement ci-dessus) et qu'il l'implore de garder sa fille de 4 ans en la tenant au secret de la disparition de sa mère. C'est assez glacial comme introduction. Pour ce père, jugé mais innocenté (la passion lui donnait raison face à l'adultère de son épouse ; autre époque dirons-nous), il s'exile, prétextant à sa fille, Micheline, qu'il est amené à honorer des commandes auprès d'illustres hommes à quatre coin du monde (ce qui n'est pas forcément faux). Ainsi, chacun des protagonistes essaye de cacher cette vérité à Micheline, pour la protéger de ce drame, comme l'avait souhaité son père. Micheline sera donc élevée par Mme Huvelot et son fils, Lucien Huvelot. Mais la rencontre avec son cousin Bernard Souchet (fils du frère de la défunte) embarquera Micheline dans une direction inattendue, et sa vie basculera quand...
Ce roman, pourtant original par la compilation de correspondances dans une sorte de huis-clos prometteur, n'est finalement construit que dans un classicisme littéraire un peu vieillot, où de digressions en digressions sur l'amour, la nostalgie, les errements dans la vie, la passion, la raison, l'oisiveté... l'ensemble ne parviendra pas, à mon goût, à convaincre le lecteur une fois le livre achevé. C'est assez redondant, empreint de sentiments qui s'expriment souvent avec emphase, parfois de façon interminable.
Bien sûr que tout ceci est bien écrit, que tout n'est pas à supprimer, qu'il y a des passages forts intéressants et prenants, mais l'ennui guette fréquemment le lecteur qui attend des rebondissements pour redonner souffle au récit. Un ennui qui pourrait être pardonné, si la fin était plus enlevée, hélas...
Une petite déception, il faut le dire.
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Dans la ligne de La nouvelle Héloïse
Critique de Alceste (Liège, Inscrit le 20 février 2015, 63 ans) - 30 décembre 2020
Bien entendu, ce sont les attributions les plus probables, mais rien n’empêche de penser que pour corser le jeu, les quatre écrivains se soient répartis les rôles de manière aléatoire, plus inattendue. Le but était d’atteindre à plus de crédibilité, selon l’intention de la préface, en obligeant chaque auteur à oublier sa personnalité pour envisager l’intrigue avec plus de recul. Le résultat est un ton relativement uniforme entre les différents protagonistes, un peu compassé par ailleurs. On peut regretter qu’on n’y sente pas suffisamment la patte de chacun des auteurs. Ce qui n’empêche de découvrir de belles pages comme celle-ci :
De Bernard Souchet : « Chère Micheline, on se disputait notre aïeule. Nulle femme ne fut plus fêtée. Son secret ? Elle vivait l’heure présente. Elle respectait les œuvres du passé, mais elle lisait les livres nouveaux. Elle comptait de vieux amis qui étaient des généraux glorieux, des écrivains illustres, des peintres dont la moindre esquisse valait une fortune ; mais elle commandait son portrait au plus obscur, au plus débutant des rapins ; elle achetait incognito cinquante exemplaires du premier recueil d’un poète vagissant et elle complétait en cachette la dot réglementaire d’une petite jeune fille éprise d’un sous-lieutenant. Enfin, elle lisait à peu près tous les journaux, et des nuances les plus différentes. Et quand on l’entretenait d’un fait qui avait eu lieu l’avant-veille, elle s’écriait, avec ce geste qui dissipe un nuage de fumée : « Vieille histoire ! » Si quelqu’un se hasardait à l’entretenir de ces querelles de famille qui se conservent dans le vinaigre comme les pickles, elle ripostait : « Pas l’ombre d’intérêt ! » Enfin, elle prétendait que l’on doit souffrir seule et le nez contre le mur, et qu’il est convenable de n’inviter des gens qu’à son bonheur … »
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