Laitier de nuit de Andreï Kourkov

Laitier de nuit de Andreï Kourkov
(Nočnoj moločnik)

Catégorie(s) : Littérature => Russe , Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Marvic, le 6 janvier 2013 (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (43 195ème position).
Visites : 6 460 

Lait de Jouvence

Kiev de nos jours. Trois héros ordinaires commencent ou terminent une journée ordinaire.
Il y a d'abord Irina, une jeune femme, fille-mère d'une petite Iassia, qui habite avec sa mère dans un petit village à une dizaine de kilomètres de la capitale et qui gagne de quoi subsister en vendant à un lactarium son lait maternel.
Puis il y a Dima, maître chien à l'aéroport qui s'ennuie à la fin de la journée et qui va laisser ses deux collègues bagagistes « détourner » un mystérieux attaché-case. Dima est marié à Valia, femme au foyer puis employée de casino, très attachée à Mourik, son chat à l'étrange comportement.
Vient ensuite Semion, chargé de la sécurité de hauts personnages puis plus particulièrement de celle du député Guennada Ilitch.

Mais des petits grains de sable viendront gripper le déroulement de ces petites vies tranquilles.
D'abord la rencontre d'Irina avec Yegor, garde du palais présidentiel qui se mettra à enquêter sur la destination du lait d'Irina, puis l'ouverture de l'attaché-case dérobé avec ses mystérieuses ampoules par les trois employés de l'aéroport, l'assassinat d'un pharmacien, la nuit même où Semion rentre au petit matin couvert de boue et de taches de sang, l'amitié qui se crée entre la veuve du pharmacien Daria et Veronika, la femme de Semion.
Il faut aussi compter avec des cadavres plastinisés, des crises graves de somnambulisme, des ressuscités justiciers...

Si ce roman n'avait pas été dans la sélection CL, je crois que j'aurais abandonné la lecture après quelques dizaines de pages: le début est confus, les personnages nombreux , les prénoms ressemblants; on ne sait pas où nous emmène l'auteur (que je ne connaissais pas, et sans avoir lu la quatrième de couverture).

Mais au fil des nombreux chapitres alternant régulièrement les personnages, les différentes histoires convergent, les liens entre elles, se tissent. La densité de l'écriture, l'humour (Ah, les malheurs de cette pauvre Britney Spears) associé au suspense, l'envie de connaître la vérité font de cette lecture, un très agréable moment même s'il risque ne pas être inoubliable.
J'ai apprécié aussi la découverte de l'Ukraine, ce nouvel état indépendant. Partagé entre la lourdeur du système soviétique et la modernité, entre whisky et vodka, avec des bars "le Berlin" rebaptisés en "Courchevel" , « Dans ce pays, seuls les noms changent rapidement. »

Et je reprendrai pour définir ce roman, les mots de Saule qualifiant un autre titre de l'auteur: une sorte de thriller policier humoristique.

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6 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 22 avril 2016

Mais quel curieux livre d'où l'on sort désabusé. Saoulé par ce monde fou où s'entrecroisent trois histoires.
J'ai eu beau chercher la clé entre tous ces éléments et je n'y suis pas parvenu.
Bilan : des personnages attachants et sympathiques que j'ai fini par aimer, mais rien de plus.

Foutraque

4 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 18 septembre 2013

« Laitier de nuit » est un peu à la sélection 2013 ce que « Une partie du tout », de l’Australien Steve Toltz était à la sélection 2012. Un gloubi-boulga assez indigeste, un fourre-tout prise de tête. Je ferais la même remarque que pour Steve Toltz ; il ne suffit pas d’avoir beaucoup d’imagination pour écrire un bon roman !
« Laitier de nuit », lu entre 2 Meir Shalev, souffre de la comparaison. Rudement. Autant je ne lâche pas mes Shalev, autant je trouve toujours une excuse pour reporter la lecture d’Andreï Kourkov. Ou alors, peut-être aurait-il mieux valu qu’il joue carrément la carte fantastique, au lieu d’osciller entre fantastique et semi-thriller informatif sur la nouvelle Ukraine ?
En outre le procédé stylistique choisi - alternance de courts chapitres faisant progresser l’histoire par 3 bouts différents, des protagonistes qui n’ont a priori rien à voir – ne facilite pas la compréhension. Dommage. On n’a pas si souvent l’occasion d’avoir un aperçu sur la réalité ukrainienne. Mais là où un Carl Hiaasen réussit son coup et nous fait comprendre la problématique de l’Etat de Floride dans ses romans déjantés, Andreï Kourkov se plante un peu. Même si ce « Laitier de nuit » est particulièrement déjanté aussi. Comme quoi …
Difficile de donner un aperçu de l’histoire sinon que moult thèmes sont abordés, entre la difficulté de vivre au quotidien en Ukraine, la corruption de la classe politique, le boom de la profession de vigile, l’importance de l’Eglise Orthodoxe, l’émergence de sectes … On y ajoutera pour rester dans le ton du roman, l’imagination de l’industrie pharmaceutique …
Ca devrait être drôle, ça n’en est que pénible à lire …

Un ballon dégonflé...

4 étoiles

Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 29 août 2013

Une écriture banale dans sa simplicité, un style peu travaillé ...dont il est clair qu'on ne peut en rejeter la responsabilité sur le traducteur même si la prestation de ce dernier semble parfois un peu bâclée.
La construction du récit, trois fils conducteurs qui finissent par s'entrelacer plus ou moins et que l'auteur alterne en permanence au moyen de séquences très courtes crée une certaine difficulté d’appréhension, tout au moins au début.

Quant à l'univers de l'auteur, on ne peut nier son originalité. Certains le qualifient de loufoque, je dirais juste un peu étrange et décalé (on imagine très bien par exemple que la plastinisation des cadavres puisse devenir réalité dans un avenir proche).
Le problème est que si Kourkov nous livre au fil des pages nombre d'ingrédients d'une intrigue politico-policière un peu surréaliste, s'il parvient à maintenir le lecteur en haleine un bon moment en créant une atmosphère lourde et mystérieuse à souhait, la fin loin de répondre à toutes mes questions sombre pour moi dans un délire incohérent qui me laisse... sur ma faim.
Reste que l'auteur a su saisir quelques traits de l'Ukraine d'après effondrement soviétique : alcoolisme, corruption d'une classe politique rompue à toutes les magouilles, petits trafics du peuple pour s'en sortir, résurgence du culte orthodoxe...
Mais je n'ai pas véritablement trouvé la satire à laquelle je m'attendais (à tort sans doute) ; je suis restée totalement imperméable à l'humour que vantaient certaines critiques notamment dans la presse ; je demeure sur une impression de confusion, de non maîtrise comme si l'auteur avait éprouvé quelque difficulté au final à renouer tous les fils tissés par son imagination. Il se peut que je sois passée totalement à côté du message s'il en est un (?)
Bref, hors l'histoire fantastico-féline que j'ai bien appréciée, j'aurais fort bien pu me passer de la lecture de ce roman qui ne m'a guère apporté.

Patchwork intéressant

6 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 7 juillet 2013

Ce livre un peu étrange est un mélange de bons sentiments, de critiques acerbes et d’espoir. Il est composée d’histoires parallèles qui montrent la dure vie de banlieusards, les heureuses possibilités des hasards de la vie et baigne dans un désir d’enfants. La fin reste quand même un peu obscure.

Les trois protagonistes hommes sont des agents de sécurité ou gardes du corps qui ne se rencontreront pas. Le lien entre eux est le lait et la mystérieuse mixture expérimentale élaborée par un pharmacien qui a été tué et qui rend les individus courageux.

IF-0313-4028

"Les gens normaux doivent se soutenir"

6 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 6 mars 2013

En Ukraine, dans la région de Kiev, après la Révolution Orange, quand le pays était encore agité par les soubresauts du communisme, qu’une classe de nouveaux riches se ruait sur le pouvoir pour bâtir des fortunes colossales, quand la corruption, la fraude, les arnaques les plus invraisemblables, étaient encore la règle pour mieux vivre, quelques citoyens moyens dispersés dans trois histoires parallèles cherchaient un chemin vers un avenir plus concret.

Une jeune mère célibataire qui vend son lait pour élever sa fille avec l’aide de sa grand-mère, rencontre un milicien lassé de la solitude qui voudrait construire une vie tranquille avec femme et enfants. Un maître-chien qui inspecte les bagages à l’aéroport avec son fidèle équipier, est obligé par des camarades bagagistes de détourner une valise qui semble contenir des produits faciles à revendre. Un homme à tout faire d’un député ambitieux, atteint de somnambulisme, vit une autre vie la nuit sous le regard de son ami qu’il a chargé de le surveiller pour connaître ce qu’il fait effectivement au cours de ses escapades nocturnes.

Le lait maternel, gage de jouvence, et la potion magique d’un pharmacien qui donne du courage aux pleutres et de la férocité aux chats, sont les deux carburants qui alimentent ces trois épopées en forme d’allégorie des manipulations politiciennes drainant des troupes dévouées derrière des politiciens ambitieux. « En politique, le plus important c’est d’avoir un teint de jeune fille, une mine de porcelet bien nourri, au sens naturel du terme. C’est pour des gens comme ça qu’on vote le mieux. »

A travers cette fiction, à mi-chemin du roman fantastique et du roman réaliste, Andreï Kourkov construit un monde irréel mais peut-être plus vrai que le monde réel qui existait en Ukraine à cette époque. Il cherche à mettre en évidence tous les abus du pouvoir en place, et de ceux qui voudraient le prendre, pour rappeler à ses concitoyens que le respect des valeurs fondamentales : sagesse, humanisme, solidarité, charité, humilité, …, est certainement le meilleur moyen de sortir de cette situation où la violence et l’argent ont force de loi. « Les gens normaux doivent se soutenir. Se soutenir et s’entraider ».

On peut aussi y voir, après l’irruption du capitalisme et du libéralisme sauvage dans un monde qui n’a connu que le communisme le plus austère pendant des décennies, un message de résignation, d’acceptation de son sort, de soumission au Seigneur, aux forces surnaturelles qui guident notre vie sans que nous soyons obligés de nous écharper pour espérer une vie meilleure. «Il se sentit telle une simple créature du Seigneur, qui n’avait pour seul désir que de vivre et de jouir de la vie, en confiant son sort aux forces toutes-puissantes du ciel et en se plaçant sous leur protection. »

Ce texte est construit sur la dualité du jour et de la nuit, du bien et du mal, de la vie et de la mort, de la conscience et de l’inconscience, de la réalité et du fantastique, de la vie et des apparences de la vie, comme pour mettre en évidence ce qui est et ce qui pourrait être. L’intention est très louable, le projet est intéressant mais le texte assez moyen, il contient des phrases et des expressions un peu approximatives, à la limite de la correction, dont le traducteur ne peut pas totalement s’exonérer. L’auteur a, hélas, au moins dans ce livre, plus d’imagination que de talent littéraire et de style.

L'antifrousse

7 étoiles

Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 17 février 2013

Photographies de plusieurs familles made in Ukraine.
Bonnes descriptions de la vie à Kiev et ses alentours à travers divers personnages.
Un peu de suspense avec un pharmacien assassiné, un chat ressuscité défenseur des faibles, du lait maternel trop apprécié et un breuvage recherché par une organisation secrète....

Le démarrage a été pour moi très difficile, mais une fois l'histoire lancée, j'avais hâte de connaitre la fin.

Un roman un peu loufoque mais un bon moment de lecture!

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