Comme un frère de David Treuer

Comme un frère de David Treuer
( The Hiawatha)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Darius, le 13 janvier 2003 (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 463ème position).
Visites : 4 485  (depuis Novembre 2007)

Un Indien dans la ville

A travers l'histoire individuelle d'un Indien qui sort de prison et celle de sa famille, l’auteur met le doigt sur la problématique des Indiens aux Etats-Unis et la façon dont les Américains ont géré ce problème.
Sortis de force des forêts bienveillantes pour cause de richesses souterraines, le gouvernement américain les expulsa en ville. "Pendant que les compagnies pétrolières guignaient les forêts du Nord et les gisements de minerais de l'Ouest, le gouvernement avait oublié les Indiens dans les villes. Ils oublièrent leurs promesses d'eau courante potable, d'électricité, de toitures et de routes. (..) Le pays était amoureux et avide, et du coup le gouvernement oublia de dire aux Indiens comment vivre dans ces nouvelles forêts de ciment, de leur apprendre la grammaire des rues. Il oublia ses promesses, ses espoirs et se moqua des Indiens qui avaient déménagé. Pas foutus de prendre un car. Pas foutus de lire un plan de ville. Savent même pas remplir un formulaire.. ".
Ils étaient employés à la construction ou à la destruction des villes champignons "C’étaient les Indiens qui faisaient les heures les plus longues dans la canicule de l’été et le froid glacial de l'hiver. On leur attribuait les parties les plus exposées de la charpente métallique… "
"Ils avaient travaillé sur le Sears Building à Chicago, à Saint-Louis, à Kansas City. avaient édifié cette nouvelle race de constructions à partir des débris accumulés à la masse de 10 villes américaines… ".
Indépendemment de cette dénonciation de l'exploitation indienne, l’auteur nous conte l’histoire de Simon, orphelin de père très jeune après que son père se soit fait écrasé par un arbre, sous les yeux de l'enfant.
Elevé par sa mère en compagnie de ses trois frères et sœurs, il se lance très tôt sur le marché du travail pour éviter que sa mère ne continue à payer le loyer en "se donnant" au propriétaire.
La violence latente qui coule dans les veines de Simon, l’amènera à tuer son frère dans un accès d'ivresse, alors que sa jeune fiancée est enceinte.
On ignorera jusqu’au bout l’origine de cette violence, tout comme on ignorera la raison pour laquelle la jeune mère abandonnera son enfant nouveau-né. Déjà que ce nourrisson n’avait plus de père le jour de sa naissance, voilà qu'on le prive de mère.
Ce n’est pas que cela soit dérangeant de ne pas savoir, mais j’aimerais connaître les motivations de l’auteur pour nous présenter une famille indienne aussi atypique.
Il nous laisse entendre qu’aucun des enfants n’a manqué ni d’affection, ni d'amour, ni du nécessaire au cours de son enfance. Et pourtant, le futur de la famille sera dramatique : un meurtrier, une fille décédée dans un accident, une autre qui se taille, le quatrième, assassiné par son frère.. le nourrisson abandonné devenu ado qui braque la bijouterie où travaillait sa mère en abattant le propriétaire, sans compter la mort du père, écrasé sous l'arbre qu'il venait de scier...
Et voilà ! Tous les ingrédients pour faire un film à sensation sont bien présents.. Vous savez, ce genre de film dont les Américains sont si friands et en redemandent...

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Négation finale

8 étoiles

Critique de Spirit (Ploudaniel/BRETAGNE, Inscrit le 1 février 2005, 64 ans) - 29 mai 2011

Une constante chez les écrivains Amérindiens est la description des conditions de vie qui sont celles des Indiens dans l’Amérique du Nord. Conditions de vie qui sont loin d’être idylliques même si l’on sait que c’est le cas de beaucoup de gens dans ce continents et lorsque je lis dans les forums que les Indiens trustent les aides sociales et payent moins de taxes que les autres je ne peux qu’y voir une stigmatisation sinon un racisme larvé…

Dans son roman David Treuer nous raconte une histoire passée et présente et nous montre des morceaux de vie difficiles, rien n’est simple en ce monde et c’est encore plus vrai lorsque l’on n’appartient pas à la caste des privilégiés.
D’une écriture précise et sensible mais sans sentimentalisme il nous livre ses personnages dans ce qu’ils ont de meilleur et de pire, des êtres humains empêtrés dans les fils de la vie et qui luttent avec plus ou moins de réussite contre les rouages du temps et du monde.
La ville pour les Indiens est comme un labyrinthe plein de pièges dont personne n’a pris la peine de leur montrer le chemin. Ils y perdent leurs cœurs, leurs corps et leurs âmes sans espoir jamais de retrouver les uns ou les autres, c’est un jeux perdant/perdant où les dés sont pipés volontairement et l’entonnoir de la cité des blancs les mène inexorablement vers leur perte. Un livre dur, touchant et plein d’humanité…

Déracinement

7 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 2 mai 2004

Un roman qui mêle passé et présent, réalisme et symbolisme, renforçant le sentiment que les évènements semble liés par delà le temps. L’histoire aborde les thèmes du déracinement et de la perte d’identité des Indiens qui, après avoir été dépossédés de leurs terres ancestrales pour être parqués dans des réserves, sont confrontés à une existence qui ne signifie rien pour eux dans un environnement dépourvu de tout repères traditionnels et culturels.

Beaucoup d'Indiens furent victimes de la loi de "Termination" dans les années 1950. Cette loi visait à vider les réserves de leurs populations en les faisant migrer vers les villes, espérant ainsi qu'elles finiraient par disparaître dans un univers urbaniser à outrance. Le gouvernement leur fit miroiter un avenir meilleur s'ils acceptaient d'intégrer les grands centres urbains, pour rapidement oublier toutes les promesses d'aide à la réinstallation, laissant les Indiens des villes livrer à eux-mêmes dans une société hostile à leur présence.

Les personnages savent qu'aucun avenir n'est possible, cernés par les hautes tours d'orgueils, symboles de leur déchéance. Ces tours qu'ils contribuèrent à ériger, pour s'en voir interdire l'accès une fois celles-ci achevés. Le départ de la réserve, qui signifia pour la plupart d'entre eux la rupture avec le mode de vie traditionnel, rend souvent tout retour impossible. Tandis que l'intégration au sein du monde blanc s'avéra très vite totalement irréalisable. Fuyant la misère des réserves, ils échouèrent dans des ghettos en périphérie des grands centres commerciaux illuminés de promesses de bonheur immédiat.

A lire également son premier roman "Little", que j'ai préféré à celui-ci.

Excellent auteur !

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 13 janvier 2003

Oui, j'aime vraiment cet auteur dont j'ai lu le premier roman traduit en 98 et qui s'intitulait "Little". Un livre puissant et très original, un sujet dur et difficile. Je compte bien lire le livre critiqué ci-dessus par Darius.

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