La plus grande opération de sauvetage menée par une seule personne pendant l'Holocauste

M. Éric LEBRETON nous offre ici une très belle et très détaillée biographie d’un grand homme malheureusement très peu (trop peu) connu du grand public M. Aristides De SOUSA MENDES celui que l’on surnomme le « Juste de Bordeaux » et qui a obtenu le titre de « Portugais du Siècle».

A l’instar du Suisse Paul GRÜNINGER (1891-1972) ou du Japonais Chiune SUGIHARA (1900-1986) (dont la biographie écrite par sa femme est déjà critiquée sur CL), Aristides De SOUSA MENDES est un haut fonctionnaire au service de son pays, Consul du Portugal à Bordeaux, quand il est rattrapé par la guerre en 1940.
Bien qu’expressément interdit par le dictateur de son pays, Salazar, il décide de délivrer des visas permettant aux réfugiés de traverser la frontière Espagnole et de se rendre au Portugal d’où la plupart des réfugies gagneront les États-Unis d’Amérique ou le Canada. Profondément chrétien il ne peut se résigner au sort qui attend toutes ces personnes devant l’avancée des nazis.
Entre son devoir de diplomate et son devoir d'homme, il fait le choix de l'honneur.

En 9 jours, aidé par sa femme et ses fils, travaillant du matin au soir, s’arrêtant seulement pour les repas, il délivre des milliers visas défiant ouvertement l’autorité de Salazar qui le fait révoquer sur le champ.
De retour au Portugal en juillet 1940, il devra endurer les foudres de Salazar dont il a « osé » désobéir aux ordres et qui ne le lui pardonnera jamais! Le dictateur le privera de travail et le mettra d’office en retraite sans aucune pension. Ne reculant devant aucune tracasserie administrative pour le punir, il ira jusqu’à lui faire retirer son permis de conduire!..
Obligé de vendre tous ses biens pour subvenir aux besoins de sa nombreuse famille, Aristides De SOUSA MENDES meurt seul (sa femme étant morte et ses 12 enfants ayant dû tous émigrer pour fuir la répression de la dictature), et dans la plus grande misère en 1954.
Jamais il ne regretta ce qu’il avait fait, allant jusqu’à dire à son ami le rabbin KRUGER (dont il sauva également la vie, ainsi que celle de sa femme et de ses six enfants) : «Si autant de juifs, peuvent souffrir au nom d'Hitler, il n'y a rien de choquant à ce qu'un catholique souffre pour tant de juifs. Je ne pouvais agir autrement, et j'accepte ce qu'il m'arrive désormais avec amour!».

On estime aujourd’hui qu’Aristides De SOUSA MENDES sauva la vie de 30.000 personnes, dont probablement plus de 10.000 juifs. Parmi eux, des membres du Gouvernement Belge en exil, de nombreux artistes, ainsi que l’Archiduc d’Autriche Otto De HASBOURG-LORRAINE (1912-2011), et la Grande-Duchesse CHARLOTTE DE LUXEMBOURG (1896-1985).

Son acte de courage lui valut le titre de « Juste parmi les nations » décerné par le Mémorial de Yad VASHEM en 1967 (il est d'ailleurs le seul Juste de nationalité Portugaise). Ce n'est toutefois qu'en 1986 que sa famille reçut des excuses publiques du Gouvernement du Portugal, et il fallut attendre 1995 (soit plus de 50 ans après les faits, 25 ans après la mort du Dictateur Salazar et 21 ans après le retour de la Démocratie au Portugal!..), pour que M. Mario SOARES (alors Président de la République Portugaise), réhabilite définitivement la mémoire d’Aristides De SOUSA MENDES et le nomme Ambassadeur du Portugal à titre posthume.

Un grand et beau livre, facile à lire, qui plaira à ceux qui aiment l’histoire, qui enchantera ceux qui aiment le courage, une grande leçon de vie et d’humanité !...

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  Des visas pour la vie [Texte imprimé] Éric Lebreton [préface de Simone Veil]

  de Lebreton, Éric
  le Cherche midi / Documents (Cherche Midi)
  ISBN : 9782749117287 ; 18,25 € ; 03/06/2010 ; 402 p. ; Broché

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