Pigalle de René Fallet
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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On connaît tous les deux célèbres veines qui irriguent la plume de René Fallet, tout au moins si on l’écoute commenter lui-même son œuvre : une veine du Beaujolais qui donnera des personnages hauts en couleurs et la deuxième, celle du whisky qui alimentera la mélancolie…
Hors de ce classement revendiqué par l’auteur, trois romans, les trois premiers que d’aucuns n’ont pas hésité à qualifier de « trilogie acide » : « Banlieue sud-est », publié à dix-neuf ans, « La Fleur et la souris » et « Pigalle ».
A en croire son auteur, « Pigalle » est un roman médiocre qu’il aime peu et qu’il préfèrerait oublier. Peut-être est-ce parce qu’il a fait un bide à sa sortie… Il faut dire qu'après le succès de « Banlieue Sud-Est » et un « petit » roman gentillet - mais très beau -, « La fleur et la souris », « Pigalle » a pu être considéré comme un retour à un thème qui marche… Une bande de jeunes, l’immédiat après guerre, le jazz…
Soit, mais franchement, on peut aussi, comme moi, penser le contraire : ce livre est brillant, drôle et cynique à la fois ; troisième volet de la trilogie acide , il marque l'entrée de son auteur dans la cour des grands...
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Chicago-sur-Seine
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 8 novembre 2016
René Fallet expliquait que pour La Fleur et la Souris, son précédent roman, il avait voulu s’inspirer des romans d’amour de la littérature populaire. En ce qui concerne Pigalle, on pourrait bien imaginer que cette fois-ci son modèle a été le roman noir, transposé dans le quartier de Pigalle, qui tend, sous la plume inspirée de l’écrivain, à devenir un véritable Chicago-sur-Seine, à l’époque des eaux troubles de la fin de la Seconde Guerre Mondiale et de la Libération.
C’est donc l’histoire d’une bande de mauvais garçons, des truands plus ou moins glorieux, préférant, à quelques exceptions près, les braquages sans bravoure et les trafics faciles aux actes de grands banditismes. L’amoralité du meneur de cette bande, Frédéric Fugo, alimente la noirceur du roman. Anarchiste nonchalant, il se fera doucement corrompre par le mal dès qu’il commencera à s’en être enivré, comme le montre la façon dont il traite sa cousine Béatrice ou bien le fils de l’hôtelier qui les héberge, passage d’ailleurs éprouvant.
Comme le disait Lecassin dans sa critique, René Fallet n’aimait pas ce roman, qu’il avait écrit dans des conditions difficiles et qui n’a pas connu le succès commercial escompté. Pourtant il n’y a pas grand-chose à reprocher à Pigalle. Le texte est vigoureux, plutôt rythmé, parfois un peu désespéré malgré ses airs de fêtes, ses mélodies de Jazz, ses bals, ses soirées arrosées et la camaraderie des soldats américains. Ce roman de copains se révèle être la peinture cynique d’une jeunesse désabusée pataugeant dans les marges.
Je précise que le roman est aussi disponible dans le recueil des "Romans acides" au Cherche midi (2013).
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