J'étais le dealer des Rolling Stones de Tony Sanchez
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La seringue et la vie
Attention, le fan des Stones, dont je fais partie, pourrait avoir une drôle d’opinion des increvables cailloux après la lecture de ces 394 pages de défonce à grande échelle. En fait, il faudrait que je relise la bio de Keith Richards à la lumière de ce qui est écrit ici par Tony Sanchez, alias Spanish Tony, assistant de Brian Jones puis de Keith, c’est-à-dire fournisseur de substances plus ou moins légales suivant les lieux, les époques et les législations en vigueur. Sauf que Tony est un malin et qu’il n’a jamais voulu être dealer lui-même. Par contre, il connaissait les bonnes personnes…
Précisons tout de suite ce qu’il faut entre par dealer des Stones. Pour l’auteur, les Stones ce sont Brian, Keith et Mick. Pour lui, comme pour 50% des fans au moins, Mick c’est les Stones. Pour les 50%, dont je suis, les Stones, c’est Keith. Les autres membres, Bill, Charlie, Mick Taylor, Ronnie Wood, sont réduits à quelques paragraphes épars. Il faut dire que ce sont ces trois-là qui ont fait le plus de bruit alors que Charlie Watts est connu, en-dehors de la scène, pour sa fidélité à son épouse et pour les dessins des innombrables chambres d’hôtel qu’il a réalisés pendant sa carrière. Il me semble qu’il en existe un livre.
Brian, Mick et Keith, donc, trio infernal et magique qui fit trembler les bases morales de l’Empire de sa très gracieuse majesté à une époque où Mick n’imaginait pas se retrouver un jour anobli par la reine avec d’aussi preux chevaliers de la vertu britannique que sont Elton John ou Paul McCartney.
On sait ce qu’il est advenu de Brian : décadence, défonce et mort à l’arrivée. On attribue généralement sa mort à l’abus de drogue mais ce n’est que le symptôme du mal qui le rongeait. Bien sûr, au début de l’aventure, pour lui comme pour tout le monde, les drogues étaient une porte de sortie, une façon de s’amuser mais au bout d’un moment, cela devient un boulet. Brian est tombé dans une spirale particulièrement vicieuse de consommation pour oublier qu’il consommait. Et pour oublier, selon l’auteur et cela peut être admis, la position très inconfortable dans laquelle l’ont mis Mick et Keith.
Ne l’oublions pas, c’est Brian qui à l’origine des Stones. Il était plus vieux que les autres, avait plus d’expérience en tant que musicien et en tant qu’homme. Et il était beau. Sauf que l’on ne peut être Mick Jagger et accepter la concurrence sur la même scène. Brian et lui partageaient la même sphère d’influence et cela ne pouvait durer longtemps.
Les nombreux chapitres relatifs à la déchéance de Brian font froid dans le dos. Soyons clair, lui-même n’était pas un ange, un sacré salopard par certains aspects mais il était surtout bien trop sensible pour supporter la pression du succès et la pression imposée par ses camarades de composition qui prenaient de plus en plus de place en oubliant que qu’ils lui devaient.
Mick, de son côté, faisait tout ce qu’il pouvait pour passer pour le bad boy qu’il ne sera jamais. Qu’il soit extrêmement charismatique ne fait aucun doute, qu’il soit irremplaçable l’est aussi, alors que Bill Wyman et Mick Taylor l’ont été. Showman d’exception, grand chanteur, grand parolier, pas de problème. Enfoiré de première catégorie aussi !
Sanchez est virulent avec lui et il le mérite. Il a compris le premier que les Stones ont un jour passé un cap fatidique qui les a fait passer de menace à celui de machine de spectacle bien rodée. Et il a su s’en accommoder rapidement et faire fructifier le business. Mais il a aussi tenu les rênes pendant que Keith nageait dans la poudreuse…
Que peut-on dire de Keith en matière de drogue qui n’ait été dit ? La vision de Sanchez, aux premières loges, est on ne peut plus claire : Keith a suivi la même pente que Brian mais pour le plaisir puisqu’il n’avait pas de concurrence à gérer. Et Sanchez revient également sur le très controversé épisode de changement de sang dans une clinique suisse, immédiatement suivi d’une bonne ligne de coke une fois la tournée des Stones lancée… Mais le pire est que son fils Marlon a été le témoin de choses bien trop graves pour les yeux d’un enfant.
Anita était dans un état encore plus lamentable : il n’y avait aucune joie dans sa consommation effrénée de drogue, juste une impasse, une chute sans fin. Ou une joie perverse à faire tomber dans la drogue des personnes innocentes.
A ce jour, Keith est toujours ce modèle unique de survivant de toutes les drogues même si d’autres rock stars ont relevé le flambeau de la défonce à outrance. Il est le mentor, la figure paternelle que l’on regarde, vous, moi, avec une forme d’affection bizarre alors que, hé, 50% seulement de sa renommée est liée à la musique, le reste se fume, se sniffe, s’injecte ou s’avale… Il reste l’opposé de Jagger, froid, intelligent, méthodique, qui a touché à tout mais en scientifique presque, et avec retenue et prudence. Mais Jagger est beaucoup plus cynique. Il se doit d’être le Prince Noir du rock mais n’y croit qu’à moitié et pense déjà à la prochaine étape : le professionnalisme. Jagger est le modèle du showman concerné par la qualité du show, depuis le placement des sièges VIP jusqu’à la couleur des billets d’entrée. On n’oublie pas comme ça les études d’économie…
Les éditions
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J'étais le dealer des Rolling Stones
de Sanchez, Tony Mallais, Benjamin (Traducteur)
le Mot et le reste
ISBN : 9782360540662 ; 26,00 € ; 24/10/2012 ; 250 p. ; Broché
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