Pilules bleues de Frederik Peeters
Catégorie(s) : Bande dessinée => Divers
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Emouvant récit intime
Ces pilules bleues devraient être remboursées par la sécurité sociale !
Je ne connaissais absolument pas Frederik Peeters, ni son éditeur Atrabile d'ailleurs, et c'est presque par hasard que j'ai lu cet album. Un volume épais, un dessin en noir et blanc doté d'une vraie personnalité à mille lieues des illustrations alléchantes destinées à dissimuler un scénario creux : de prime abord, "Pilules bleues" m'a paru séduisant. Le quatrième de couverture étant du genre silencieux, je n'avais aucune idée du thème de cette BD.
Très vite, on comprend qu'il va être question d'un couple, d'amour et de vie quotidienne. L'auteur, dans la mouvance de David B, Satrapi ou Dupuy et Berbérian ("Journal d'un album"), s'engouffre dans le récit autobiographique. Comme ses illustres prédécesseurs, il le fait avec brio. Peeters a un sens peu commun de la mise en scène et sait traiter avec humour et poésie les petits riens qui font le grand tout de la vie. David B traite de la maladie de son frère dans "L'Ascension du Haut Mal". Peeters, lui, évoque le sida de sa compagne et du fils de celle-ci, issu d'une précédente union. Il ne s'agit pas de faire pleurer dans les chaumières ou de s'attaquer avec fureur au mur de l'indifférence ambiante : le propos de l'auteur est de raconter sa vie de couple dans laquelle s'immisce le virus, et il est surtout question d'amour et d'espoir, plutôt que de mort et de détresse. Les personnages sont très attachants, et les 190 pages passent à une incroyable vitesse.
Que vous soyez sensible au sujet (qui ne l'est pas ?), amateur de bonnes histoires ou tout simplement curieux de découvrir un nouveau talent, il faut vous plonger dans ce très joli livre.
Les éditions
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Pilules bleues [Texte imprimé] Frederik Peeters
de Peeters, Frederik (Scénariste)
Atrabile / Flegme
ISBN : 9782970016564 ; 14,90 € ; 05/11/2001 ; 200 p. ; Broché
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Maladie de l’amour
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 3 avril 2020
Et pourtant, combien d’autres à sa place auraient pris leurs jambes à leur cou ? Frederik, lui, est resté car il aimait cette fille, tout simplement, « la plus douée pour la vie » de toues les personnes qu’il connaissait, faisant ainsi passer la maladie au second plan. Une liaison qui a sans nul doute aidé sa compagne à surmonter les affres d’une trithérapie difficile, sans garantie de guérison. Mais pas question pour lui de se glorifier. Excluant tout pathos et tout héroïsme, Peeters se contente d’évoquer leur histoire avec modestie, au plus près de la réalité : les discussions après l’amour, les visites chez le médecin, les petites chamailleries avec le fiston, bref, les anecdotes d’un quotidien somme toute assez ordinaire (mais tellement bien racontées), allégeant ainsi la chape de plomb créée par ce terrible virus à l’aide d’un humour plein de tendresse.
Déjà en 2001, Frederik Peeters possédait déjà ce style si reconnaissable, entre semi-réalisme et minimalisme, avec ce trait un peu gras et ces cadrages serrés et audacieux, ainsi qu’un talent unique pour représenter les expressions des personnages. De même, la qualité littéraire de l’écriture est indéniable, s’accordant bien avec le dessin. De nombreuses cases donnent lieu à un dialogue entre la voix off du narrateur-auteur et l’image, souvent en décalage, insufflant du dynamisme à la narration.
Lors de sa réédition treize ans plus tard, la version de cet album a été augmentée par des mini-entretiens avec les protagonistes : la mère, le fils, toujours en vie et en bonne santé (et la fille qui n’était pas née à l’époque) ! Les séquelles psychologiques demeurent mais le traitement a marché, et même s’il continue, il a été considérablement allégé. Avec « Pilules bleues », l’auteur de « Lupus » a su trouvé le ton juste pour décrire une expérience personnelle hors normes, parvenant à dédramatiser une maladie qui faisait encore très peur à l’époque, battant en brèche les préjugés en faisant de ce roman graphique morbifuge une formidable ode à la vie.
A consommer sans précaution !
Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 5 avril 2005
Une ou deux pages pour commencer, se mettre dans le bain, moment où on se demande où on est, ce qui nous arrive… Ce n’est pas de la bande dessinée comme les autres, pas d’aventures, ni héroïc fantasy ni science fiction, ni policier ni fantastique… Non ! Nous plongeons dans une sorte de petit journal intime… Frederik Peeters se raconte… Mais ce n’est pas au jour le jour, c’est plutôt comme une série de petites nouvelles, de petites rencontres, de petites photographies… Oui, c’est ça, c’est un carnet de photos…
Alors on fait connaissance avec Frederik lui-même, et sans vous gâcher la lecture en vous dévoilant tout, je peux quand même vous donner l’essentiel : il devient amoureux d’une femme ! Si, si ! Rien d’étonnant, mais cette femme a déjà un enfant… Encore rien d’extraordinaire, de nos jours, c’est même presque banal… Oui, mais la maman et l’enfant sont porteurs du virus HIV. Oui, ils sont séropositifs…
Quand il apprend cette situation – son amour, l’enfant et le virus – Frederik comprend que sa vie vient de basculer, le changement est inéluctable… Ce sont ces bouleversements que l’on va vivre dans l’ouvrage avec les milliers de questions qui traversent soudainement la tête de l’auteur : c’est quoi être amoureux, pourquoi vivre ensemble, comment se comporter avec cet enfant qui n’est pas le sien, c’est quoi le HIV, est-ce que je vais mourir, pourquoi s’aimer quand il existe cette chose… Mais ce n’est pas du tout larmoyant ni tristounet… Bien au contraire, c’est plutôt plein d’humour, de tendresse, de vie…
Vous devriez même, parfois, éclater de rire… Je ne veux pas vous dire pourquoi mais quand vous rencontrerez un certain gros rhinocéros blanc… vous comprendrez !
Mais ce livre, qui a été salué à sa sortie par une critique positive et avertie, mériterait d’être encore lu et relu, je dirais même offert à ceux que vous aimez :
- parce que c’est une belle leçon de vie, une belle histoire d’amour ;
- parce qu’il informe sur un virus qui continue toujours à répandre la mort ;
- parce qu’il est bien la preuve que la bande dessinée est un mode narratif à part entière qui peut, qui doit aborder tous les sujets…
Mais pour moi, Pilules bleues va rester un des meilleurs livres lus dans ces cinq dernières années. J’ai bien dit livres et non bandes dessinées, mais c’est en le lisant que vous comprendrez pourquoi…
Alors bonne lecture et n’oubliez pas de prendre vos pilules bleues avant de vous coucher…
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