Les Anges noirs de François Mauriac
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Des anges déchus
Ce roman de Mauriac n'est sans doute pas le plus célèbre, mais possède de véritables qualités par sa richesse et son univers.
Dans ce texte, le personnage de Gabriel Gradère est un individu peu recommandable, qui semble intimement lié au mal malgré un physique angélique. Cet ange noir a épousé Adila du Buch, femme laide qu'il n'aime pas. Cette pauvre femme meurt laissant à Gabriel un fils Andrès qu'il aime profondément. Comme dans la plupart des romans de Mauriac, il est question d'héritage, de secrets de famille, de croyance et de grâce.
D'autres personnages croiseront le chemin de ce veuf : Mathilde héritière de la propriété des Liogeats, tout comme Gabriel, Aline une prostituée de Mériadeck maîtresse de Gabriel, l'abbé Forcas récipiendaire des confidences du veuf voyou, Tota la terrible soeur de l'abbé ...
Les histoires sont liées, Gabriel cet ange noir cherche à protéger son fils, les êtres se déchirent et les mariages ne sont parfois que de malheureuses alliances. Les émotions peintes par Mauriac sont fortes et ne laissent pas insensibles. Peu séduit par l'oeuvre de cet auteur, je dois reconnaître que ce roman m'a fortement intéressé. Ces personnages marginaux détonnent avec les simples histoires de famille que l'on peut découvrir dans ses autres romans.
Ce roman reste empreint de questionnements religieux sans que cela vienne rebuter les lecteurs allergiques à la religion.
Les éditions
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Les anges noirs [Texte imprimé] François Mauriac
de Mauriac, François
B. Grasset / Les Cahiers rouges (Paris. 1983)
ISBN : 9782246142522 ; 4,57 € ; 31/12/1998 ; 278 p. ; Broché
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La destinée d'un ange noir
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 14 février 2019
Dans ce roman le coupable a été reconnu par les siens et dès lors, ceux-ci deviennent les complices de son crime. On est en plein Mauriac avec des drames de conscience inextricables. Oui, inextricables ! parce que les personnages de Mauriac sont chrétiens, enfin disons qu’ils sont croyants ; ils croient au mal et au jugement dernier, ce qui les met à la torture. (Entre parenthèses, le lecteur se dit que la vie est tellement plus facile quand on ne croit en rien…).
Et, bien sûr, Mauriac se demande si, en conscience, le coupable est vraiment coupable et ses phrases, alors, deviennent lourdes comme le poids des remords. Certes oui, devant la justice des hommes, son héros est un criminel mais, devant la justice de Dieu ? Cet homme pervers et corrompu était-il vraiment libre ? N’était-il pas, poussé par un destin écrit d’avance ? Dans le récit, un des personnages, qui pourrait être Mauriac, se demande « s’il n’y a pas des âmes qui lui sont données » – qui sont données au Diable. Mais Mauriac n’impose rien, c’est au lecteur de juger.
« Les Anges Noirs » commence par une espèce de longue confession du personnage principal, qu’un lecteur pressé pourrait trouver trop longue. Mais elle est indispensable, cette introduction, pour bien comprendre le développement du drame. Le roman proprement dit commence quand s’accomplit la destinée du héros. C’est d’abord le retour de l’ange noir au pays de l’enfance ; et le rythme des phrases vibre alors au pas du marcheur qui se souvient. Ces pages sont un morceau d’anthologie ! Un véritable envoûtement !
Quand le prodigue a retrouvé les siens, les vieux secrets se réveillent avec les perspectives d’héritage, les anciennes querelles, et l’amertume des occasions perdues...
L’histoire se passe dans les grands domaines du Bordelais que l’auteur connaît bien. Et, en même temps qu’il raconte l’accomplissement du drame, il évoque son pays avec une tendre poésie où on sent toute sa compassion pour cette nature qui souffre des chaleurs de l’été, et ces humbles paysans qui peinent dans les vignes, et dans les pins des forêts des Landes.
Ici, le style de Mauriac a atteint les sommets. Il est très loin d’être « enflé » comme certains l’ont prétendu. Il est simplement harmonieux, vibrant et toujours rythmé en accord avec le message.
On a souvent dit que Mauriac n’avait engendré que des monstres ; et, quand nous étions jeunes, les braves gens qui nous voulaient du bien, nous recommandaient de l’éviter !
Quelle erreur ! Ses héros sont souvent des pervers mais Mauriac essaye de les comprendre et n’a jamais pour leurs forfaits la moindre complaisance. Et puis, chez ces victimes du mal, chez ces anges noirs, il y a toujours une part de mystère qui laisse la promesse d’une rédemption possible parce que Mauriac croit en la Providence.
« Les Anges Noirs » est un des meilleurs romans de Mauriac. On y retrouve tous les ingrédients qui ont fait sa renommée : la nature, la famille, l’argent, la terre, la souffrance humaine avec des destinées qui sont racontées depuis le début d’une vie jusqu’à sa fin. C’est un grand classique avec, comme toujours, des personnages d’une consistance exceptionnelle qui sont de vrais prototypes d’humanité. Et, comme toujours, le style est somptueux comme une vaste symphonie dramatique. C’est encore une fois, à mon avis, un des sommets de la littérature française.
Puissant...
Critique de JEANLEBLEU (Orange, Inscrit le 6 mars 2005, 56 ans) - 1 août 2013
Chacun des personnages de ce drame familial a ses motivations, ses contradictions mais chacun d'eux est parfaitement crédible et Mauriac parvient à nous intéresser à chacun d'eux. La complexité des relations entre ces protagonistes (avec leurs nombreuses incompréhensions) est également parfaitement décrite.
Il y a mêmes de nombreux passages où règne un certain suspense (ce qui n'est pas forcément usuel chez François Mauriac (quoique...)).
Et toujours, en toile de fond, cette description poétique à petites touches de Bordeaux et sa région (notamment les descriptions nocturnes avec le vent et la pluie dans les pinèdes).
Ce roman a une grande dimension métaphysique qui ne peut que nous interpeller que l'on soit sensible, ou pas, à son côté religieux (aspect sur lequel Mauriac n'impose rien comme à son habitude).
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