Les Terres étrangères de Hwang Sok-Yong

Les Terres étrangères de Hwang Sok-Yong

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Falgo, le 5 novembre 2012 (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 84 ans)
La note : 8 étoiles
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Quand la misère vous tient

Ce livre est composé de deux récits, petits romans ou grandes nouvelles, "Les Terres étrangères" et "La prospérité". Il s'agit des premiers textes publiés par Hwang Sok-yong en 1971 et peu après, à la suite de son service militaire et d'une période de travail dans des chantiers de travaux publics.
"Les Terres étrangères" décrivent la marche d'un grand chantier à un moment critique. Des ouvriers y ont été embauchés par une Compagnie sous un statut juridique imprécis et, partant, exploités sans vergogne par toute une hiérarchie: petits chefs, grands chefs, service d'ordre propre. Un système interne inique les rémunère en tickets valables uniquement dans l'enceinte de la société et non en argent liquide, les conduisant à s'endetter pour vivre et les réduisant en une sorte d'esclavage sans fin, transformant ce lieu de travail en une "terre étrangère". Les plus jeunes d'entre eux veulent se révolter contre le système et lancer une grève. Ce mouvement va exacerber diverses postures: les courageux, les lâches, les entreprenants, les résignés, la violence bête des vigiles internes, l'hypocrisie de la police pour qui la seule loi est celle des patrons, etc. On trouve dans ce récit une sorte de condensé de luttes sociales telles que l'on peut en trouver dans tous les pays, au delà des conditions particulières locales. Il est dommage que le texte, très puissant vers la fin, commence si lentement et d'une manière peu compréhensible.
"La prospérité" conte l'histoire d'une famille misérable dans un quartier misérable entre manque d'argent chronique, grossesse non désirée, beuveries et bagarres. La prospérité, inattendue, provient d'un malheur individuel: la prime d'assurances touchée par le garçon de la famille pour un accident du travail. Ironiquement, le malheur de l'un fait le, relatif, bonheur des autres. C'est cela la prospérité quand on n'attend plus rien de la vie.
Le ton des ces textes est déjà celui du grand Hwang Sok-yong et des chefs d'oeuvre à venir: précis, distancié, sans grandiloquence, décrivant les pires turpitudes avec une pudeur qui en renforce l'impact. Une belle lecture en dépit de, à mon sens, quelques défauts de construction dans le premier récit.

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