"I'm in this world alone !"

Hors de ces clichés actuels de basse campagne qui souhaiteraient que le rock entier soit devenu néo-sataniste, il y a dans ce recueil une biographie de ces classiques souvent créés par des auteurs-compositeurs longtemps anonymes ou bien restés totalement ignorés, et ayant dû avant tout essuyer de multiples refus en tout genre de maisons de disques, de radios, d'aide sociale, de justes demandes de royalties, sinon provenants d'autorités ou d'institutions quelconques, afin de pouvoir seulement graver puis éditer un seul vinyl. Beaucoup sont par ailleurs repris aujourd'hui par la pub, des grands groupes davantage connus et de toute façon encore de nos jours, c'est peu de le dire. De Nat King Cole ("That ain't right") à Bill Haley ("Rock around the clock") en passant par les fabuleux The Clovers ("Devil or angel", "Fool, fool, fool") mais aussi par l'éruptive Wanda Jackson ("I gotta know"), Nick Tosches fait donc là une cruciale mise au point et décrit une réalité un peu moins glamour, mais d'autant plus vraie et concrète. Tous noirs, tous blancs, tous de toutes les couleurs ou de toute sorte, souvenons-nous un instant de tous ceux-là avant qu'ils ne soient confondus parmi l'éternité: personne apprécie en général ce sacrilège qui voudrait que l'on sabote sans raison et impunément les playlists cultes appartenants à d'autres...

Résumé

Finalement, Nick Tosches a toujours su dompter son principal défaut, car vénérer systématiquement les héros de la marge, les loosers flamboyants et autres oubliés magnifiques peut rapidement lasser. Jerry Lee plutôt qu'Elvis, Sonny Liston plutôt que Muhammad Ali, Dino plutôt que Franky, Space Cooley plutôt qu'Hank Williams, Tosches a choisi son camp par conviction profonde, non pour le fameux gimmick "si c'est trop connu, ça ne m'intéresse plus !". Aussi, lorsqu'en 1984 il publie Héros oubliés du rock'n'roll, il est déjà plus que le simple gratte-papier d'une belle brochette de publications (Creem, Penthouse, Rolling Stone, Vanity Fair...). Souvent plus essentiel que Tom Wolfe, Tosches compte rafraîchir la mémoire à l'inconscient collectif américain. Elvis certes, mais aussi Joe Turner, Jesse Stone, Wynonie Harris... Ainsi, tout au long de Héros oubliés du rock'n'roll, notre homme se transforme en procureur général d'un tas d'oubliés de la cause rock'n'roll. De ces personnages de roman héroïques ou pathétiques, sans qui le King et sa cour feraient encore du crochet chez Phildar Memphis. Mais là où l'écrivain américain excelle, c'est autant dans la mine d'informations et d'anecdotes qu'il brasse brillamment que dans le style vif et souvent hilarant qu'il manie avec génie. Trois mots lui suffisent pour réviser l'histoire américaine, trois mots pour mettre le nez de la bannière étoilée dans ses réalités. Logique donc que Samuel Beckett ait considéré Héros oubliés du rock'n'roll comme "le seul livre sur le rock'n'roll qui sait de quoi il parle !" --Marc Zisman.

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  Héros oubliés du rock'n'roll [Texte imprimé], les années sauvages du rock avant Elvis Nick Tosches trad. de l'anglais par Jean-Marc Mandosio

  de Tosches, Nick Mandosio, Jean-Marc (Traducteur)
  10-18 / Musiques & Cie
  ISBN : 9782264035479 ; 13,93 € ; 15/03/2003 ; 379 p. ; Poche

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