Le magot de Momm de Hélène Lenoir

Le magot de Momm de Hélène Lenoir

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Lucien, le 16 décembre 2002 (Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 600ème position).
Visites : 3 405  (depuis Novembre 2007)

Sorcières ensorcelées

D'abord, y a la toute vieille. Oh, pas si vieille pourtant. 66 ans. Age diabolique. Un peu de mort, déjà, dans une vie qui se dérobe. La vie de Momm, brisée par la mort de Remi, le mari chéri. Le mari chéri dans son cadre en bois, qu'est pas mort d’une glissade mais qu'a glissé dans la mort si facilement, gentiment bouffé par son cancer. Et derrière le cadre, et derrière les autres cadres – les vieux collectionnent les portraits pour oublier qu’ils sont seuls – et sous le marbre brisé de la commode, et partout partout sous les piles de mouchoirs de Remi bien repassés car que peut-on faire d'autre, y a le magot. Y a le magot de Momm. Momm qui a recueilli sa fille et ses petites-filles à la mort du beau-fils et qui leur offre à longueur de. vie ? sa sollicitude maternante et ses gratins de courgettes. Et puis, y a la fille. La fille de Momm, la mère des filles. Nann. Celle qui a perdu son mari, Michel, tué par sa folie infantile, sa BM et un platane. Michel qui l'a laissée, Nann, trop tôt. Nann et les filles, aux griffes de la vieille Momm : y a de la place, ici, vous me tiendrez compagnie. Nann qui n’a pas su dire non et qui subit les dons, les aumônes, les oboles. Nann infantilisée malgré ses gros seins, ses cheveux roux et ses désirs. Nann qui n’a pas renoncé, encore, à l'homme. Qui regarde les hommes et qui, parfois, consomme. En cachette. Comme ce Vincent qui la prend en vitesse, et dont elle ne peut se passer. Mais ça pourrait être aussi bien cet ouvrier venu réparer la clôture, pardon Momm, la barrière. Et puis, y a les autres. Lili la pas majeure, Lili la presque femme. Rousse comme sa mère, et comme elle, déjà, tracassée par ça. Lili qui part sur le scooter de Dan, très vite, tout de suite, dès les premières pages. Parce qu’elle part avec le magot, Lili. Avec le magot de Momm. Et Violette et Wanda, les gamines. Celles qui sortent de l'enfance, à peine. Violette et Wanda, les jumelles, qui n’ont pas besoin de jumelles pour regarder les hommes, déjà. Pour regarder leur mère qui regarde les hommes, et pour comprendre. Déjà. Rousses, Violette et Wanda. Quatre générations de femmes, quatre couches de rousses. Quatre étages de sorcières et l’ascenseur qui va et vient, dans la chaleur de juin. Et le scooter qui emporte Lili, bien accrochée à Dan, jusqu’à la déception, jusqu’aux larmes, jusqu’au deuil. Et la moto de l’ouvrier qui emporte Nann, pieds nus dans le vent, jusqu’à l’arrêt, jusqu'au retour, jusqu’à la barrière retrouvée. Et le moteur de la vie qui emmène Momm jusqu’à la découverte du magot volé. Et les jumelles qui attendent leur tour. Et les sorcières ensorcelées par l'homme, par les muscles de l'homme, par les poils de l'homme, par cette chose de l'homme qui les ensorcelle et qu’elles ensorcellent, dans le grand foutoir de la vie…

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Comptes d'apothicaire

9 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 3 février 2003

J'aime bien votre précision, Béatrice. C'est vrai que c'est très important de préciser qu'il y a trois générations, au sens généalogique du terme, dans "Le magot de Momm". Donc, pour que tout le monde comprenne bien : Génération 1 = Momm, la grand-mère des petites, la mère de Nann. Génération 2 = Nann, la fille de Momm et la mère des petites. Génération 3 = les petites (filles de Nann et petites-filles de Momm), soit Lili, Violette et Wanda. Voilà pour le généalogique. Ma lecture était métaphorique : je distingue, parmi les "petites", la "grande" Lili, la nubile, la pubère, celle qui vole, celle qui part, celle qui baise. Et puis les vraiment petites, Violette et Wanda. Celles qui attendent leur heure. D'où ces quatre générations symboliques. C'est vrai que cette précision importait. Beaucoup. Merci, Béatrice, de savoir compter jusqu'à trois.

Histoire de générations

5 étoiles

Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 29 janvier 2003

Recomptez, Lucien. Il n'y a pas quatre générations de femmes, il y en a trois. Voyons, c'est simple, on n'est pas dans "Cent ans de solitude"...

rewaouw!

9 étoiles

Critique de Sorcius (Bruxelles, Inscrite le 16 novembre 2000, 54 ans) - 17 décembre 2002

La critique éclair de Pendragon m'a attirée et du coup, j'ai lu la critique de Lucien, critique qui aurait peut-être attendu plus longtemps pour être lue sans cela... Et je ne peux que répéter: waouw! Car ça, c'est une critique, une belle de chez belle! :-)

Waouw !!!

9 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 17 décembre 2002

Waouw Lucien, quelle critique ! Je n'aime pas trop faire une critique éclair qui n'apporte rien de plus au roman, mais là, devant ta superbe envolée, je me dois de déroger à mes principes... Et si ce roman est moitié moins bon que ta critique, il vaut déjà deux fois son prix... Encore merci de nous faire partager ton engouement...

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