Belle-mère de Claude Pujade-Renaud

Belle-mère de Claude Pujade-Renaud

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Isis, le 18 octobre 2012 (Chaville, Inscrite le 7 novembre 2010, 79 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 767ème position).
Visites : 4 955 

Le clin d'oeil du destin

Quand les hasards de la vie amènent une belle-mère et son beau-fils, célibataire endurci, à cohabiter des décennies durant, le rejet et l'ignorance de l'autre se muant au fil du temps en un indéfectible attachement d'un couple que les voisins viennent à prendre parfois pour mari et femme, tant la vieillesse émousse peu à peu la différence d'âge, ici quelque quinze ans.
Au début, Eudoxie -c'est le prénom de la belle-mère- trouvait la situation cocasse : elle n'était pas «à la colle» comme on disait à l'époque, mais, en revanche, Lucien -le beau-fils- lui était bel et bien agglutiné...
Un parcours émaillé de toutes ces petites choses qui font le sel de la vie...et empreint d'un humour omniprésent.
Ainsi, Lucien offre-t-il à sa compagne une «belle-mère» pour ses 80 ans qu'Eudoxie fera crever pour l'avoir trop arrosée !
L'ironie du sort fait que le plus jeune des deux, atteint par la maladie de Parkinson, est en définitive rattrapé par la dépendance avant son aînée.
Un jour, pourtant, c'est Eudoxie qui est admise la première en maison de retraite ; elle doit attendre qu'une grande chambre réservée aux couples se libère pour permettre à Lucien de la rejoindre. Mais, le destin en décidera autrement avec une chute que l'on pressent d'ailleurs plus ou moins au fil des pages et que l'on ne saurait évidemment dévoiler ici.
Une analyse psychologique très fine et une évocation du grand âge empreinte de beaucoup d'émotion et d'une grande pudeur. Un panorama très juste de la vie que «les gens de peu» pouvaient mener dans ces modestes pavillons de la banlieue parisienne (Meudon, plus précisément que l'auteur connaît comme sa poche) au cours des années 50 à 90.
Notons enfin que cet ouvrage a obtenu le prix Goncourt des Lycéens en 1994, ce qui est, en général, un gage d'excellente qualité !

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La traversée du siècle

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 8 novembre 2015

Eudoxie est une femme neutre, sans défaut apparent, sans trop de fantaisie, sans plaisir (si ce n'est la lecture), sans passion. Mais la passion n'est elle pas le luxe de certains ?
Eudoxie se retrouve dans une situation curieuse par hasard, jamais ou presque elle ne fera des choix.
C'est une belle image que celle de la pelote de laine... on tire un fil et hop elle se déroule d'un coup. Cette histoire c'est un peu ça : tout vient naturellement... jusqu'à la fin !

Beau-fils

8 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 21 avril 2015

Belle-mère est un roman d’une grande simplicité et pour ma part je ne reviendrai pas sur l’histoire tant elle est bien retranscrite par les critiques précédentes (voire un peu trop d’ailleurs, certains éléments clés étant dévoilés).
Je ne connaissais pas cette romancière qui possède une belle plume, très fine, tout en justesse. Les phrases sont courtes et le ton d’une grande simplicité. On suit avec plaisir l’histoire d’Eudoxie et de son beau-fils si particulier, Lucien. L’évolution des sentiments, le poids du temps qui passe, les relations entre les différents personnages sont autant d’éléments qui tirent le roman vers le haut.
Une bonne lecture, tout en douceur.

La vie tranquille d'Eudoxie Bouvier

9 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 25 mai 2013

1935 Eudoxie vient d'épouser Armand Bouvier. Veuve depuis 7 ans, elle s'est décidé à répondre à une petite annonce du Chasseur Français, et la voilà vivant dans une maison inconnue d'une ville inconnue, Meudon.
Étonnée que son mari ne lui ait pas présenté son fils de 30 ans Lucien, qui mène une vie solitaire entre sa cabane dans le jardin et sa chambre fermée, elle n'interviendra pourtant pas face à son étrange comportement.
Quelques années plus tard, c'est l'exode. La fuite sur les routes encombrées mais sans Lucien qui refuse de sortir ou de quitter Nonotte, l'éternel chat de la maison..
Eudoxie reviendra vite à Meudon, veuve une nouvelle fois, mais incapable d'abandonner cet étrange beau-fils.

Les années passeront jusqu'aux 95 ans d'Eudoxie nous permettant de mieux connaître ce singulier personnage et cette héroïque belle-mère.

Une jolie lecture qui donne l'impression de tirer le fil de soie d'une jolie pelote toute douce. On suit l'évolution des relations entre Lucien et Eudoxie, relations qui m'ont rappelé le célèbre roman de saint Saint-Exupéry ; Une sorte d'apprivoisement entre ces deux personnalités que tout oppose et que le bon sens et la patience de cette femme attachante permettront de nouer et de fortifier leurs liens.
Chez un éditeur dont j'apprécie souvent les titres, j'ai beaucoup aimé l'ambiance intimiste, sensible et chaleureuse de ce doux et original roman.

l'étrange monsieur lucien

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 5 mai 2013

Une petite annonce du "Chasseur français" va permettre à Eudoxie, veuve de quarante-sept ans, de rencontrer Armand Bouvier, cinquante-six ans, veuf lui aussi, habitant à Meudon, à l'époque une charmante bourgade de campagne (nous sommes en 1935). Armand a un grand fils, Lucien, qui va rapidement tenir une place importante dans la vie d'Eudoxie, d'abord par son absence (il reste dans sa chambre et ne lui adresse pas la parole) puis par sa présence insistante dès lors que son père va décéder un beau jour de 1940, faisant de Lucien l'heureux (?) propriétaire de ce grand pavillon de banlieue. Les relations qui vont se tisser entre ce beau-fils, bizarre et bricoleur de génie (on le qualifierait aujourd'hui d'autiste mais le mot n'est jamais prononcé) et sa belle-mère constituent la matière de ce récit à deux voix. Lucien, que tout le monde considère comme attardé ou, au mieux, atrabilaire, et qui pourtant possède une vision très claire de la réalité, éprouve un attachement indéfectible pour sa belle-mère, qui va au fil du temps s'avérer réciproque et permettre à ces deux être déchirés par la vie (il vaudrait mieux dire par la mort) de trouver un semblant de bonheur. Le vrai bonheur, il est surtout dans l'écriture de Claude Pujade-Renaud. Fluide, raffinée, elle sait nous tenir en haleine jusqu'au dénouement final, inattendu. Une histoire peu banale, mais tellement attachante…

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