Des larmes mêlées de cendres de Camille Bouchard

Des larmes mêlées de cendres de Camille Bouchard

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 9 décembre 2002 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 122ème position).
Visites : 3 822  (depuis Novembre 2007)

L'attentat de New York déjà prédit en l'an 2000

Camille Bouchard est un auteur natif d'une petite ville de l'Est du Québec. Son héros habite le long de la même route, plus précisément à Baie St-Paul. Ce qui surprend dans ce roman, c'est que le gouvernement canadien ait choisi un simple guide de pêche pour débusquer le Serpent, un dangereux terroriste qui prépare du Soudan une attaque contre New York dans le but de déstabiliser les états-Unis de l'intérieur.
On est parvenu jusqu'à lui à cause de son odorat, capable de repérer quelqu'un à ses odeurs. S'ajoute à cette invraisemblance sa méconnaissance du travail de l'agent secret. Malgré le peu de crédibilité que l'on peut accorder à ce préambule, le reste du roman est un petit chef-d'oeuvre fort bien documenté sur le dossier arabe.
Cet agent renifleur accomplit sa mission avec succès. Comme pour les chiens, son odorat ne le trompe pas. Ce qui est intéressant, c'est que l'auteur ne se limite pas aux actes terroristes. Son héros parvient à saisir l'aspect humain du Serpent dont la mère est juive. Une amitié naît entre eux, une amitié si forte que les deux hommes uniront leurs efforts pour retrouver un Soudanais disparu dont le Québécois s'est fait ami pendant son séjour.
Cette recherche sert de prétexte à une présentation de la situation vécue dans ce pays. On découvre le mauvais sort réservé aux femmes et aux enfants ainsi que l'esclavage pratiqué par des propriétaires terriens arabes, qui ne se gênent pas pour dépouiller la population et pour mutiler ceux qui tentent de fuir.
Sans se faire prédicateur, l'auteur prône en filigrane l'amitié entre les peuples afin d'éviter les drames qui détruisent en particulier l'âme africaine. Il maîtrise bien son sujet et l'enrobe dans une écriture révélatrice de son don de conteur. Pendant 400 pages, il intéresse en évitant les répétitions et les éléments impertinents. Son roman égale en force celui de Jean-Christophe Rufin, qui portait sur l'éthiopie.

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Terrible réalisme

9 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 22 mars 2005

En premier lieu, merci à Libris Québécis pour m’avoir fait découvrir ce titre..

Dès les premiers chapitres, ce qui étonne de cet auteur, c’est la justesse de son propos. Un propos d’autant plus crédible quand on se rend compte que son roman a été publié en 2000 et qu’il met en scène Ben Laden dans un complot pour réaliser des attentats sur le sol américain, dont un qui va détruire une des tours du « World Trade Center » Départ canon ! Bouchard est devin ou quoi ?

Par la suite, le récit nous transporte en Afrique avec Guillaume, un guide touristique québécois possédant le nez d’un chien pisteur, qui aura le mandat de retrouver la trace du « Serpent », l’exécutant des attentats. D’abord un roman d’espionnage, Bouchard déconstruit son thriller morceau par morceau en nous plongeant au cœur du Soudan, et ensuite dans l’intimité d’une liaison amicale entre le traqueur et le traqué, tout en conservant le même niveau d’intensité.

Grâce à cette astuce pas banale, on visite le contexte socio-politique du Soudan ; l’esclavage, les conflits de race et de religion entre les noirs et les Arabes, mais aussi les enjeux internationaux, l’histoire et la politique. Bien que foisonnant et rigoureusement documenté, on navigue dans ce livre avec une aisance remarquable en développant la ferme conviction que si celui-ci avait été imaginé par un américain, il aurait été un best-seller.

Presque parfait, mes quelques reproches vont à une écriture qui aurait pu être un peu resserrée et le manque de nuances quant à la représentation de la culture arabe. Par contre, ce n’est rien pour gâcher le plaisir d’une lecture passionnante qui glace le sang par son réalisme brutal.

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