Peste & Choléra de Patrick Deville

Peste & Choléra de Patrick Deville

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tanneguy, le 13 octobre 2012 (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 307ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Une belle histoire, une histoire vraie, merveilleusement contée

Connaissez-vous Alexandre Yersin ? Ce n'était pas mon cas avant de commencer ce roman qui retrace la vie exceptionnelle de celui qui découvrit le microbe de la peste et le vaccin correspondant et dont la mémoire est encore honorée de nos jours au Viet-Nam et au Laos.

Né en 1863 en Suisse il rejoindra l'équipe du grand Pasteur et sera le dernier de ses compagnons las plus proches lorsqu'il meurt en 1943 à Nha-Trang au Vietnam.

Il aurait pu rester faire carrière à l'Institut Pasteur à l'instar des grands chercheurs de l'époque, Roux ou Calmette qu'il côtoie quotidiennement. Mais il est attiré par les grands espaces, il veut être explorateur, son modèle est Livingstone qu'il cherchera à rencontrer sans y parvenir ; mais il verra Stanley. Il est attiré par l'Asie et plus particulièrement l'Indochine où il finira par se construire une splendide maison face à la mer à Nha-Trang.

Il explore les étendues sauvages entre Annam et Laos, rencontre Auguste Pavie et plus tard Paul Doumer qu'il persuadera d'établir une ville à Dalat. On ne peut citer ici toutes ses initiatives toutes plus originales les unes que les autres. On en découvre à chaque page.

L'auteur a soigneusement étudié les Archives de l'Institut Pasteur et surtout la correspondance échangée par Yersin avec sa mère, de vrais carnets de voyages. Mais surtout il sait faire revivre cette époque déjà lointaine : par exemple les voyages France- Indochine, d'abord en contournant l'Afrique (trois mois), puis par le canal de Suez (un mois), enfin par l'aviation balbutiante (huit jours en 1940).

Bravo à cet auteur qui devrait récolter be belles récompenses cette année, alors que son héros ne fut guère honoré par ses compatriotes...

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Les éditions

  • Peste & choléra [Texte imprimé] Patrick Deville
    de Deville, Patrick
    Seuil / Fiction & Cie
    ISBN : 9782021077209 ; 18,00 € ; 23/08/2012 ; 219 p. ; Broché
  • Peste & choléra [Texte imprimé], roman Patrick Deville
    de Deville, Patrick
    Points / Points (Paris)
    ISBN : 9782707301239 ; 5,83 € ; 09/10/2013 ; 264 p. ; Broché
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Les livres liés

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Un sujet passionnant traité sans chaleur

7 étoiles

Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 25 juin 2015

Yersin fait parti de ces génies tombés à la bonne époque, celle de l'épopée pasteurienne. Scientifique, explorateur, touche à tout insatiable, sa réussite est d'autant plus exceptionnelle qu'il n'était motivé ni par le profit ni par la gloire. Sa vie est un roman. Il a tant fait, tant voyagé, tant rencontré, tant traversé d'événements. Mais ce roman, hélas, lui ressemble : érudit mais sans passion.

Quelle vie !

8 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 4 octobre 2013

J’ignorais tout de Yersin avant que ma mère, qui a vécu longtemps au VietNam où Yersin est honoré, ne m’offre sa biographie.

Passées les premières pages, une fois habitué au style un peu haché de Patrick Deville et au système de flashbacks (aller-retour entre les dernières années de sa vie et les grandes étapes de son existence), je me suis laissé emporter par ce héros surdoué (médecin, explorateur, entrepreneur, agronome...), toujours curieux, toujours insatiable. Par cette aventure humaine de la Suisse au Vietnam en passant par Berlin et Paris : une vie de découvreur comme on pouvait en vivre jusqu’au milieu du XXème siècle.

J’ai évoqué au début de ce billet le style un peu haché de Deville, mais la phrase sait se faire plus longue et plus lente pour évoquer les gens, les lieux et les combats. Le style de Deville, c’est aussi son ironie, les allusions et anachronismes qu’il glisse rapidement pour surprendre le lecteur attentif, comme ce « dictateur en noir et gris qui imite assez bien Chaplin».

Allez-y, venez découvrir la vie de cet homme méconnu en France, un homme qu’on peut admirer et qu’on regrette de voir vieillir et s’acheminer vers sa fin, tandis que défile en arrière-plan le grand film de l’histoire.

Avis mitigé

7 étoiles

Critique de PA57 (, Inscrite le 25 octobre 2006, 41 ans) - 12 février 2013

Mélange entre biographie et roman, ce livre raconte la vie d'Alexandre Yersin, découvreur méconnu du germe responsable de la peste, appelé en hommage à son découvreur Yersina pestis. Franco-suisse, il poursuit des études de médecine en Allemagne puis en France. En France, il travaillera à l'Institut Pasteur, auprès de Pasteur lui-même, qui vient de réussir la première vaccination antirabique. Alexandre excelle dans son domaine, cependant, c'est sans compter sur le fait qu'il est quelqu'un de très curieux, qui s'intéresse à tout et qui se lasse assez vite quand il fait la même chose. Il décide donc de partir pour l'Indochine, où il sera successivement médecin à bord d'un bateau, explorateur, cultivateur, mécanicien, et j'en passe. Chose étonnante, à chaque fois il excelle dans son domaine. Et c'est finalement quasiment le hasard qui sera responsable de sa grande découverte.

Ce livre est un bel hommage à ce scientifique plutôt méconnu. On se rend compte en le lisant à quel point Alexandre Yersin était quelqu'un d'intelligent. Le style d'écriture est agréable, l'histoire de Yersin intéressante. Cependant, le ton n'est pas vraiment celui d'un roman, c'est beaucoup plus encyclopédique. Peut-être (sûrement même) est-ce moi qui ai un peu de mal avec le genre biographique, mais je n'ai pas aimé cet aspect du livre.

En résumé, j'ai beaucoup aimé le style d'écriture et le fait de découvrir la vie de ce génie, mais beaucoup moins le ton encyclopédique

Biographie bien documentée

6 étoiles

Critique de Plume84 (Vecoux, Inscrite le 26 août 2011, 40 ans) - 15 janvier 2013

Sur le fond, j'ai beaucoup aimé le sujet de ce livre. Ayant fait un stage il y a quelques années dans l'unité des Yersinologues à l'Institut Pasteur de Paris, le personnage principal a tout naturellement attiré mon attention. Je ne le savais pas aventurier, météorologue, agronome, etc. Une biographie agréable à lire qui nous en apprend de belles. Céline était un pasteurien par exemple.

Sur la forme je suis un peu plus mitigée. De très belles tournures de phrase c'est indéniable. C'est plutôt la construction qui m'a interpellée. La sensation d'avoir à faire à une biographie non romancée m'a gênée pour m'immerger complétement dans l'univers. Tout va très vite, les mois et les années passent au fil des mots. Il y a très peu de descriptions de scènes, très peu de dialogues.

Néanmoins, j'ai pris un certain plaisir à survoler les mots de Derville. De là à dire que sa "médaille" est méritée...

A lire tout de même si on veut en connaître un peu plus sur la bande à Pasteur !

Littérature? On reste désespérément à quai...

6 étoiles

Critique de Peche07 (, Inscrite le 22 février 2006, 67 ans) - 29 décembre 2012

Je partage complètement l'avis de Killing 79.
Une bonne plume et un bon sujet suffisent-ils pour faire un roman? Une biographie tout au moins ... avec les péripéties indéniables citées précédemment … Les descriptions sont magnifiques, le voyage contagieux … mais cela ne suffit pas à faire un destin, encore moins un grand roman! Si l’homme était exceptionnel, (on n’en doute pas) l'auteur pour sa part a visiblement peiné à exprimer cette singularité. Le mérite des grands romanciers n'est il pas justement la plongée dans l'humain qui éclaire définitivement un destin intérieur? L'espérance était grande, au fil du récit on suit Yersin dans ses pérégrinations mais nulle transparence n'illumine ces pages ou ne vient leur donner sens. Dommage. Les ingrédients étaient là, le navire enveloppé de brumes dans le port de Marseille mais question littérature, on reste à quai… Au final, il faut bien reconnaître le mérite d'une biographie appliquée ( quoique des mauvaises langues aient pu repérer quelques "emprunts" à une étude déjà parue en 1985, déjà issue des archives de l’Institut Pasteur)... De là à regretter que les prix littéraires pleuvent aussi facilement...

Geotrouvetout en Indochine

10 étoiles

Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 6 décembre 2012

Disons le tout net, on adore.
C'est frais, lumineux et intelligent. On croirait du Echenoz. Le meilleur d'Echenoz, celui des biographies comme celle de Zatopek ou celle de Tesla.
Car il est encore question de biographies romancées, de Vies comme dirait Patrick Deville.
La "Vie" dont il est question ici, c'est celle d'Alexandre Yersin.
Comment vous ne connaissez pas ? Nous non plus.
Enfin, jusqu'à il y a peu, car depuis ce petit bouquin on sait tout ou presque de ce petit suisse qui aura inventé (excusez du peu) : le sérum contre la peste (la Yersinia Pestis, c'est lui) ou la culture intensive du caoutchouc pour les pneus Michelin.
Car Yersin est un touche-à-tout de génie. Il ne tient pas en place, ayant grandi à l'ombre de Pasteur, le voici qui ne rêve que de marcher dans les traces de Livingstone. Se lassant très vite une fois la chose découverte, pressé de passer à autre chose.
Au cours de ce petit bouquin, on croisera (outre déjà ces deux là) : Paul Doumer, le Dr. Schweitzer, Céline, Rimbaud, et même Serpollet, l'inventeur des moteurs qui feront la fortune de MM. Renault et Peugeot.
Car Yersin s'intéresse à tout : microbiologie, astronomie, botanique, ethnologie, mécanique, ...
Il sera le premier à importer une automobile en Indochine.
Car c'est en Indochine qu'il trouvera un havre de paix, fuyant les folies guerrières de 14 et 40.
Le bouquin de Patrick Deville est magique : enlevé, frais, virevoltant, ... il nous emmène sur les traces de cet esprit touche-à-tout et après avoir parcouru à grandes enjambées la Vie de Yersin, on a l'impression d'être plus intelligent.
Car on y fréquente les esprits les plus fins de l'époque (on en a déjà cité quelques uns).
Des esprits avides de modernité et de découvertes.
Cela nous vaut quelques très belles pages sur les découvertes scientifiques.
Comme celles justement du bacille de la peste à Hong-Kong pendant l'épidémie de 1894 qui ravage la Chine : sur fonds douteux de rivalités scientifiques et de conflits politiques, les japonais s'arrogent (avec la complicité des anglais) le meilleur labo, le meilleur matériel ... et les meilleurs cadavres. Le franco-suisse Yersin se trouve relégué en arrière-plan. Sans autoclave moderne, il n'atteint pas les bonnes températures pour cultiver les souches des microbes.
C'est donc le japonais Kitasato qui va découvrir ... ce qui s'avère n'être qu'un streptocoque.
Et c'est bien finalement Yersin qui découvre le bacille de la peste, puisque le microbe se développe à une température qui n'est pas celle-là où on l'attendait !
De très belles pages également sur la naissance de l'Institut Pasteur et des Instituts Pasteur à travers le monde colonial. Sur ces découvreurs qui, même pas médecins, vont révolutionner la médecine pour longtemps.
À l'époque, ils avaient encore à lutter contre les créationnistes qui n'avaient encore jamais vu un microbe.
Bref, c'est toute une Histoire en raccourci, un nouveau plaisir à chaque page.
Et puis il y a l'écriture. La prose de Patrick Deville rappelle celle d'Echenoz : des petites phrases courtes et sèches, un humour décalé, de la belle langue. Un délice.
On avait eu la main heureuse avant que ce petit bijou ne reçoive le prix Femina : prix bien mérité.
Jusqu'ici vous ignoriez sans doute tout d'Alexandre Yersin : il est grand temps combler cette lacune !

A un pas de la folie

9 étoiles

Critique de Lepoireau (, Inscrit le 24 février 2009, 54 ans) - 24 novembre 2012

Ce petit message pour vous faire part du "super" livre que je viens de lire, soit "Peste et Choléra" de Patrick Deville.

Il raconte la vie d'un homme à la fois scientifique, photographe, explorateur, agronome, ethnologue ... etc, qui choisira d'aller vivre en Asie (en Thaïlande) à Nha Trang exactement. Le bien nommé Yersin, découvreur du bacille de la peste, est un véritable génie touche à tout. Outre son intelligence, sa force réside dans sa curiosité, sa rigueur, sa méthodologie et sa méticulosité.

Si la vie de Yersin est à tout le moins intéressante, ce qui m'a particulièrement étonné à la lecture du livre, c'est que l'auteur fait régulièrement référence à des écrivains et à leurs oeuvres, et qu'à quelques exceptions près, il s'agit de mes choix de lecture antérieurs! Je cite pour la forme:

"L'Or" de Blaise Cendrars
"Voyage au bout de la nuit" de Louis Ferdinand Céline
"Les Civilisés" de Claude Farrère
"Pêcheurs d'Islande", "L'Inde sans les Anglais" et "Pélerin d'Angkor" de Pierre Loti
"Au coeur des ténèbres" et "Lord Jim" de Joseph Conrad
"La Peste" de Camus
"Le livre de la Jungle" de Rudyard Kipling
"Un balcon en forêt" de Julien Gracq

Il fait en outre référence à Louis Blériot, Saint-Exupéry, Albert Schweizer, à la croisière noire de Citroën, à Mouhot découvreur d'Angkor Vat, à Gengis Khan aussi ... soit des vies exceptionnelles sur lesquelles j'ai déjà lu bon nombre de livres et d'articles.

Le style d'écriture est limpide, direct et efficace, sans fioritures, à l'image du génial Yersin.

Pour terminer, je recopie une phrase du livre sur laquelle l'auteur s'attarde et revient régulièrement:

"La science, comme la poésie, se trouve, on le sait, à un pas de la folie".

Sans émotions

6 étoiles

Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 14 octobre 2012

Ce roman de Patrick Deville a, dès sa sortie, déclenché une vague de superlatifs, le désignant comme un grande aventure littéraire.
Le récit de la vie de cet inconnu, pourtant si influent en son époque, est extrêmement bien documenté, et nous permet d'apporter des précisions historiques importantes. Alexandre Yersin a vécu plusieurs existences plus mouvementées les unes que les autres. Cependant le style de l'auteur, journalistique et distant, ne m'a pas du tout convaincu. Pendant que les péripéties de Yersin se succèdent, on ne s'attache pas au personnage et on glisse inexorablement sur cette histoire. Au final, j'ai presque enduré cette expérience plus scientifique qu'humaine, même si historiquement elle a une utilité justifiée.

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  Fémina 10 Patman 5 novembre 2012 @ 23:37

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