Un printemps à Tchernobyl de Emmanuel Lepage
Catégorie(s) : Bande dessinée => Divers
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Bienvenue en zone interdite.
Depuis des années, je suis un inconditionnel d'Emmanuel Lepage, et le tournant qu'il a pris dans sa carrière avec" Voyage aux îles de la Désolation", qui fut pour moi la bd de l'année 2011, m'a enchanté.
Avec ce nouveau carnet de voyage, ou encore ce deuxième documentaire en bande dessinée, Emmanuel Lepage nous offre un formidable livre.
Graphiquement, c'est grandiose, on prend une claque quasiment à chaque page, avec des doubles pages à vous couper le souffle.
L'univers post apocalyptique de Tchernobyl est fort bien décrit avec des images que nous avons tous vu à la télévision, comme cette grande roue abandonnée dans Pripiat, ville censée être le fleuron du communisme.
Lepage nous confie ses doutes sur la façon de témoigner d'une catastrophe alors que les habitants revenus sur place semblent heureux et que la nature luxuriante reprend sa place sur le béton : "Aurais-je pu imaginer de tels moments à Tchernobyl, au coeur d'un désastre dont j'étais venu dessiner l'horreur".
En effet, aux dessins de décors désolés, gris, de villes fantômes, succèdent parfois des scènes plus bucoliques, et de joie comme ces enfants qui jouent, tout près de la zone interdite.
Un témoignage fort, parfois émouvant mais surtout admirablement construit et dessiné. Tout comme" Voyage aux îles de la Désolation", cette bande dessinée fait partie des livres que l'on relit avec plaisir.
Un incontournable de cette année 2012
Les éditions
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Un printemps à Tchernobyl
de Lepage, Emmanuel
Futuropolis
ISBN : 9782754807746 ; 25,50 € ; 04/10/2012 ; 168 p. ; Relié
Les livres liés
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Les critiques éclairs (3)
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Voyage accompagné
Critique de Bafie (, Inscrite le 19 juillet 2004, 62 ans) - 13 novembre 2013
Celle d’Emmanuel Lepage, parti pour témoigner de l’horreur des ravages du nucléaire… la peur au ventre et qui va jusqu’à paralyser sa main, son outil de travail, l’auteur débarque dans un pays une contrée ravagée, grise, il est atteint de sinistrose.
Au fil du voyage et des rencontres, la vie reprend ses droits, ouvrant à l’amitié, aux soirées animées, à la beauté des paysages d’un monde dont l’homme s’est chassé
L’auteur nous confie ses états d’âme, ses angoisses d’abord et ensuite son incrédulité face à la force de vie, à la beauté des lieux malgré la sourde menace invisible qui pèse sur les lieux.
J’ai eu le sentiment d’une osmose avec l’auteur, j’avais ouvert cette BD dans le but de trouver un témoignage supplémentaire de l’horreur du nucléaire… j’ai l’impression d’avoir ressenti l’angoisse, la sérénité et l’incrédulité de l’auteur à même ma peau, tant cette BD nous livre d’émotions.
Même à Tchernobyl, le printemps est le temps de la renaissance !
La beauté du désastre
Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 22 juin 2013
Tchernobyl, un enfer au goût de paradis
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 16 février 2013
Tout d’abord, ce qui frappe au premier coup d’œil dans cette BD, c’est la beauté du graphisme, avec le recours à une aquarelle sépia et monochrome aux tonalités parfois très sombres, conférant une atmosphère oppressante dès les premières pages. C’est ainsi que l’on va suivre l’auteur dans son expédition avec la boule au ventre, comme si on y était, vers ce no man’s land terrifiant où le danger est invisible mais omniprésent. TCHER-NO-BYL . Ces trois syllabes, qui sonnent comme une explosion, une sorte d’éternuement atomique, exercent toujours le même pouvoir de fascination morbide mêlée d’effroi. Les voyeurs, eux, seront très certainement déçus, car ici Lepage évacue la question des malformations dès le début en ne faisant que reproduire – pudiquement - quelques photos d’enfants difformes prises quelques années après l’explosion, histoire de mettre les choses au clair. Une fois passés les questionnements liés à l’appréhension d’un tel voyage, l’arrivée dans la zone maudite, la découverte d’une ville fantôme et de ses ruines, l’approche de la centrale, gueule béante des enfers, comme un défi face à un monstre endormi, le récit va évoluer vers quelque chose d’inattendu, posant à Lepage et ses camarades artistes mille questions, leur imposant un virage à 180° - le titre résume tout. En effet, force leur est de constater, avec l’arrivée de la belle saison, que la nature s’est adaptée et a repris le dessus. La couleur, très rare au début, se fait de plus en plus fréquente, conférant à l’ensemble de la légèreté et éloignant la chape de plomb nucléaire.
Telle est la question se posant aux auteurs : comment décrire l’invisible ? Une nature exubérante aux couleurs chatoyantes, comme dopée par la radioactivité, contre toute attente. Une nature accueillante et omniprésente tout en restant très dangereuse pour quiconque s’y attarderait. Plus largement, se pose la question de l’objectivité de l’œuvre documentaire. Mandatés par une association humanitaire pour dénoncer les dangers du nucléaire, les auteurs sont confrontés à un vrai dilemme : doivent-ils dessiner ce qu’on attend d’eux ou dépeindre la réalité telle qu’ils la voient ?
A travers cette magnifique BD, l’auteur nous livre une œuvre libre, personnelle et sincère. Avec humilité et sensibilité, Lepage nous donne également à voir de beaux portraits des habitants de la région (et n’oublie pas au passage de rendre hommage aux « liquidateurs » qui se sont littéralement sacrifiés). Certains moments sont véritablement poignants, je peux affirmer sans hésitation qu’il s’agit de la meilleure BD documentaire qu’il m’ait été donnée de lire. Et en ce qui me concerne, malgré l’ « optimisme » dégagé par cette histoire, je ne suis pas devenu pour autant partisan du nucléaire. Cela reste une énergie terriblement dangereuse pour l’homme (qui voudrait habiter Tchernobyl à moins d’être suicidaire ?). Cet ouvrage ne fait que prouver que la nature s’en est toujours très bien sortie – et mieux – sans l’Homme, et devrait donc nous inciter à plus d’humilité devant des forces que l’on ne contrôle pas, comme en témoigne la catastrophe plus récente de Fukushima.
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