Le froid: Une mise en quarantaine de Thomas Bernhard

Le froid: Une mise en quarantaine de Thomas Bernhard
(Die Kälte : eine Isolation)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Dirlandaise, le 4 octobre 2012 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 10 étoiles
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Grafenhof

Quatrième tome de l’autobiographie de l’auteur. Cette fois, monsieur Bernhard, âgé de dix-huit ans est hospitalisé dans l’établissement pour poitrinaires Grafenhof. Il passe le temps en observant les autres malades et en réfléchissant à ses origines obscures. En effet, il n’a jamais connu son père et lorsqu’il ose aborder le sujet avec sa mère, il se heurte à une hostilité sourde et tenace. Son grand-père lui manque cruellement et bientôt, il devra affronter la perte d’un autre être cher en la personne de sa mère qui se meurt d’un cancer. Son état de santé est inquiétant et il doit subir un pneumopéritoine, intervention toute nouvelle à l’époque. Son univers se réduit donc à sa chambre de malade qu’il partage avec différentes personnes auxquelles il s’attache mais qui lui sont enlevées soit par une guérison miraculeuse ou bien une mort affreuse. Le jeune homme se sent de plus en plus seul au monde et son moral vacille. Il décide pourtant de se battre et de s’accrocher à ce qui lui reste de vie malgré toutes les épreuves et les perspectives d’avenir plutôt minces. Sa carrière de chanteur est sérieusement compromise et son certificat de commis d’épicerie ne lui est d’aucune utilité car qui va engager un poitrinaire pour servir la clientèle ? Il découvre « Les démons » de Dostoïevski ainsi que d’autres livres qui lui permettent de tenir le coup.

Un livre magnifiquement écrit, empreint d’une sincérité troublante et une force d’évocation foudroyante. Thomas Bernhard décrit ses souffrances et ses épreuves sans fard et le récit hallucinant de cette période de sa triste vie oscille entre optimisme et désespoir profond. Un homme profondément marqué par ses années de jeunesse et la mort des personnes qui lui servaient de guide et de lumière dans les ténèbres dans lesquelles il se débattait désespérément afin de retrouver un souffle d’air salutaire et salvateur. Un chef-d’œuvre rien de moins.

« Les couloirs étaient remplis du titillement solennel de douzaines et de douzaines de poumons rongés et du bruit des pantoufles de feutre traînant sur le linoléum abreuvé de phénol. Ici avait lieu une procession qui se terminait à l’aérium, avec une solennité comme je n’en avais constaté jusqu’à présent que dans les enterrements catholiques, tout participant à cette procession portait devant lui son propre ostensoir : le crachoir de verre brun. »

« Toute ma vie je n’ai rien admiré davantage que ceux qui se suicident. Ils me dépassent en tout, ai-je toujours pensé, en tout, je ne veux rien et je suis attaché à la vie, aussi abominable et médiocre soit-elle, aussi répugnante et vile, aussi bas soit son prix et aussi abjecte soit-elle. Au lieu de me tuer, je conclus les compromis les plus répugnants, je m’abaisse au niveau de tout un chacun et je me réfugie dans la mollesse comme dans une fourrure nauséabonde mais qui réchauffe, dans la pitoyable survie ! »

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Les éditions

  • Le froid [Texte imprimé], une mise en quarantaine Thomas Bernhard traduit de l'allemand par Albert Kohn
    de Bernhard, Thomas Kohn, Albert (Traducteur)
    Gallimard / Collection L'Imaginaire
    ISBN : 9782070136780 ; 6,90 € ; 12/01/2012 ; 140 p. ; Broché
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