La Confession d'un enfant du siècle de Alfred de Musset

La Confession d'un enfant du siècle de Alfred de Musset

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Nothingman, le 20 septembre 2012 (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans)
La note : 9 étoiles
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La maladie d'amour

« Pour écrire l’histoire de sa vie, il faut d’abord avoir vécu ; aussi n’est-ce pas la mienne que j’écris. »
Et pourtant, avec cette Confession d’un enfant du siècle, son seul et unique roman, Alfred de Musset évoque sa vie, à travers un double de papier qu’est Octave. Jeune homme de bonne lignée sous la Restauration, il fréquente une maîtresse qu’il aime à la folie. Mais une serviette tombée malencontreusement sous une table va lui faire apercevoir que celle qu'il idolâtrait répond aux assiduités de l’un de ses meilleurs amis. Lui, ce jeune idéaliste, un rien naïf, pour qui l’amour rimait avec toujours, va voir toutes ses convictions s’envoler. Il va provoquer cet ami en duel, tomber dans une solide dépression, avant que Desgenais, son confident, le déniaise et l’initie au libertinage et l’emmène dans les orgies les plus débridées. Mais, cette accumulation ne semble pas satisfaire pour la cause ce jeune homme désabusé. La mort de son père lui fait retrouver son village natal. Là, il se plaît dans une vie de solitude et retrouve progressivement le goût des plaisirs simples. Un jour, au cours d’une balade, il croise Mme Pierson, une jeune veuve de 10 ans son aînée dont il tombe de suite éperdument amoureux. Il n’osera pas lui avouer directement ses sentiments de peur de la perdre. Elle est agréable, tendre dévote, un peu craintive. Elle résiste un temps devant ce jeune loup de vingt ans, qui n’a finalement connu que de l’amour les excès. Finalement, elle répond favorablement à ce jeune amant. Leur amour est fou et partagé et se joue des « qu’en dira-t-on » du village. Mais, le passé de débauché d’Octave revient à la charge. Ce sentimental, blessé par les femmes, vient à douter de la réciprocité de cet amour.. Chaque nouvel événement lui amène mille complots à la tête. Il en vient à épier les moindres faits et gestes de Brigitte Pierson. Au fond de lui, si heureux de cet amour qui le comble, il devient triste, aigri, railleur. Il ne cesse de s’excuser après s’être emporté. Ainsi va leur amour. Octave sombre dans ce que de Musset nomme « Le mal du siècle ». Sous la restauration, les jeunes hommes qui rêvaient d’actes héroïques au combat lors des guerres napoléoniennes se retrouvent désemparés et oisifs. Beaucoup sombrent dans une mélancolie maladive ou dans la débauche. De ce siècle désabusé, Octave est l’un des enfants. "Toute la maladie du siècle présent vient de deux causes; le peuple qui a passé par 93 et par 1814 porte au cœur deux blessures. Tout ce qui était n'est plus; tout ce qui sera n'est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux."
Alfred de Musset est l’un des piliers du romantisme. J’ai aimé ce style vif, classique, parfois lyrique et plaintif, quoique un peu suranné. Et puis, quelle finesse et quelle richesse dans l’analyse psychologique des sentiments amoureux.

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Les éditions

  • La confession d'un enfant du siècle [Texte imprimé] Alfred de Musset préface de Claude Roy texte établi et annoté par Gérard Barrier
    de Musset, Alfred de Roy, Claude (Préfacier) Barrier, Gérard (Editeur scientifique)
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070364763 ; 4,98 € ; 17/10/1973 ; 370 p. ; Poche
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