Qu'as-tu fait de tes frères ? de Claude Arnaud
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Sous les pavés, la plage?
Pour des raisons personnelles, ce titre avait attiré mon attention quand j'ai découvert cet écrivain dans une émission télévisée.
C'est un récit d'inspiration auto-biographique, celui d'une quête d'identité.
Famille de la petite bourgeoisie parisienne, père ancien militaire qui a connu des guerres et porte des secrets dont il ne parle jamais, assez peu sympathique tel que décrit, et autoritaire, mère pas très présente, et très vite malade ( elle est morte d'une leucémie). Quatre garçons, les deux aînés très brillants, Claude, donc, et un petit frère. Il en reste deux.
Claude Arnaud est dans la période de préadolescence quand survient mai 68 , période qui a engendré tant de remises en cause à tous niveaux pour les jeunes.
Les trois garçons vont s'engouffrer dans tout ce qui leur est désormais offert, dans une liberté dont ils poussent les bornes autant qu'ils le peuvent. Le père est très vite dépassé dans ses tentatives de reprise de l'éducation de ses trois aînés.. On sent toutefois, au cours du récit, à quel point il a pu nuire, avant, à la construction des aînés.
Il y a en fait, pour moi, deux parties dans ce livre.
Cette quête identitaire ( politique, sexuelle , addictions diverses etc), très, très longue, et là j'ai éprouvé la même impression qu'en lisant le livre de Mathieu Lindon, Ce qu'aimer veut dire, un beau titre aussi. Un ennui profond. Qui il rencontre, avec qui il couche, etc, je m'en contrefous. Je crois vraiment que c'est moi qui ai vraiment du mal à compatir aux états d'âmes des soixante-huitards.
Juste une remarque, l'auteur, dans des entretiens lus depuis, proclame une certaine mixité sociale. Et bien.. j'ai quand même retrouvé dans les deux livres les mêmes noms, la même bande.
Mixité sociale peut-être dans les ébats, la drogue, et les aventures. Mais après.. pas vraiment. On reste quand même cantonné à un certain milieu, et l'auteur reconnait aussi que s'ils ont pu se permettre tout cela, c'est qu'ils n'avaient aucune inquiétude financière, ni d'avenir. L'époque n'était pas la même.. Didier Eribon dans le magnifique Retour à Reims racontait très bien d'ailleurs que ce qui lui avait posé le plus de problèmes en quittant la province , ce n'était pas du tout ses préférences sexuelles, mais bien ses origines sociales.
La deuxième partie est beaucoup plus intéressante, c'est l'analyse , en quelque sorte. Et les constats. Car il manque à l'arrivée deux frères à l'appel. Un suicide après de nombreux séjours en hôpital psychiatrique pour l'aîné, une mort soi-disant accidentelle mais très suspecte de suicide pour le deuxième.
Il a l'honnêteté de ne pas tirer de conclusions , ce n'est pas possible, il y a eu bien sûr combinaison de facteurs à l'origine de ces drames.
Et il a aussi l'intelligence dans sa réflexion sur lui-même, de retenir ce que d'avoir vécu ce qu'il a vécu lui a apporté dans sa propre construction.
Nous croyions avoir l'éternité devant nous, dans les années 70. Nous étions convaincus d'être nés jeunes et joyeux, comme nos parents étaient nés vieux et soumis. Notre âge était notre essence, notre désinvolture allait nous préserver contre toute dégradation. "On n'est pas contre les vieux, mais contre ce qui les a fait vieillir!"criions-nous, certains que cette honte nous serait épargnée. Le temps s'est plu à prouver que nous appartenions à la même espèce que nos " vieux". Certains d'entre nous ont trois fois quatorze ans, d'autres deux fois vingt-sept ans, les derniers ont beaucoup plus que leur âge, plus personne n'est jeune.
Ma génération s'est pensée en bloc, il n'y avait de place que pour les collectifs, les communes et les groupes. La solidarité était censée faire taire les intérêts privés, l'ambition, la jalousie. Qui aurait osé dire que le nuage stupéfiant où nous voguions n'était pas la " vraie vie"? Comment deviner que notre sentiment d'irréalité devait aussi aux privilèges que nous avions reçus en naissant, dans un pays que l'histoire et la géographie avaient gâté, dans une ville partout enviée?
Comme les héros de Voleurs de Mishima, nous avions perdu " la mesure propre à évaluer le réel".
Le destin s'est chargé de dissoudre ce noyau d'âge. Projetant les individus à des années -lumière l'un de l'autre, il a creusé les distances entre ces particules autrefois soudées. Il a couvert de succès et d'or les plus doués ou les plus âpres, a relégué dans l'obscurité et la routine la plupart. Il n'a accordé le bonheur qu'à quelques élus, condamnant les autres à des vies de famille bancales ou à un célibat perpétuel. Nous disions en toute occasion " nous": il n'est plus resté que des monades disant "je".
Les éditions
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Qu'as-tu fait de tes frères ? [Texte imprimé], roman Claude Arnaud
de Arnaud, Claude
B. Grasset
ISBN : 9782246771111 ; 17,00 € ; 25/08/2010 ; 372 p. ; Format Kindle -
Qu'as-tu fait de tes frères ? [Texte imprimé], roman Claude Arnaud
de Arnaud, Claude
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253161912 ; 7,10 € ; 22/08/2012 ; 384 p. ; Poche
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pas fini...
Critique de Prouprette (Lyon, Inscrite le 5 février 2006, 40 ans) - 17 février 2014
Toujours est-il que je n'ai pas accroché (je suis quand même allée jusqu'à la page 277!^^)
Le jeune Claude nous raconte sa vie de la fin des années 60 jusqu'aux années 70. Vie de débauche, de remises en question, de choix...dans un décor politique qui m'est pratiquement inconnu (je connais Mai 68, forcément, mais les divers courants pseudo-révolutionnaires ont été tellement nombreux et éphémères que je ne m'y suis jamais réellement arrêtée) Du coup je patauge entre tout ça, entre un Claude aussi perdu que moi, des personnages à foison qui me font tourner la tête.
Plus d'une fois je ne savais plus du tout où j'en étais!
A priori j'ai besoin de fluidité^^
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