Un héros de Félicité Herzog

Un héros de Félicité Herzog

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Gnome, le 17 septembre 2012 (Paris, Inscrit le 4 décembre 2010, 54 ans)
La note : 4 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (51 933ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Règlements de comptes et tragédie familiale en trois parties

Je n’ai pas lu un livre, mais plutôt trois histoires qui se succèdent sans transition, trois nouvelles au style un peu austère et à l'écriture un peu trop automatique

PREMIERE HISTOIRE (environ 70 pages) :
Félicité Herzog, dès la première phrase de son livre plante le décor : elle déteste son père.
Héros national, nommé Ministre par le Général de Gaulle peu après avoir conquis l’Annapurna en 1950 (premier sommet de plus de 8000 mètres foulé par l’homme), Maurice Herzog a bâti sa vie entière autour de cet exploit. Une vie à se hisser en société tout en déclinant à l’infini l’histoire du sacrifice qu’il a accompli pour l’honneur de la France (il perdit ses doigts et une partie de ses pieds à cause de gelures), tout en rabaissant savamment le mérite de ses coéquipiers et en occultant quelques points de détails mystérieux qui laissent pas mal de personnes à douter du fait qu’il ait réellement atteint le sommet.
Dans cette première partie, véritablement à charge, sa fille lui en met plein la figure : adultère, obsédé sexuel, père absent (divorcé peu après leurs naissances, il ne voit que très rarement sa fille et son fils), menteur, mythomane, misogyne, arriviste, mégalomane (…), tout y passe ! Moi qui, amateur de récits de montagne, suis loin d’être un admirateur de Maurice Herzog, j’avoue que ce déballage de haine m’a mis rapidement mal à l’aise. Sa fille a visiblement de bonnes raisons pour en vouloir autant à son père, mais cela n’en fait pas pour autant un récit intéressant. En effet, alors qu’il y aurait tant à dire, elle n’aborde pas en profondeur la personnalité de son père et ses racines…

DEUXIEME HISTOIRE (environ 120 pages) :
… Au lieu de cela, Félicité Herzog nous entraîne dans une interminable présentation de ses ascendants maternels en nous promenant, tout au long de sa petite enfance, d’immenses châteaux en vastes appartements haussmanniens. Héritière de la famille Schneider par sa mère, l’auteur s’attaque désormais à ses grands parents un couple d’aristocrates issus d’une dynastie d’industriels et (tels qu’elle les décrit) d’apparence assez détestable. Les longues descriptions de ces lieux austères et de ces scènes de vie sans vie m’ont profondément ennuyé et je crois même que mes yeux ont parcouru quelques pages sans les avoir véritablement lues…

TROISIEME HISTOIRE (environ 100 pages) :
… Et puis tout d’un coup, alors qu’il n’en était absolument plus question depuis la première partie et qu’on l’avait presque oublié, le père revient en trombe, toujours aussi repoussant. Mais il ne resurgit que pour passer brièvement et c’est alors que commence la partie la plus intéressante (ou la moins rebutante) du livre, dans laquelle l’auteur parle de son frère aîné avec lequel elle entretenait des relations extrêmes depuis son plus jeune âge et qui se suicida vers l’âge de 35 ans après une longue descente dans la folie.
Quelques maladresses (pourquoi s’attarder autant sur son expérience de trader à New York qui n’apporte pas beaucoup à l’histoire ?) et une énigme à peine effleurée (on comprend à peine pourquoi, comme elle dit au sujet de la mort de son frère, « c’était lui ou moi : ce fut lui… ») laissent à cette partie le même parfum que les deux précédentes : il y avait sans doute beaucoup à écrire, mais Félicité Herzog s’est perdue dans des circonvolutions, certes élégamment accomplies mais qui m’ont laissé l’impression qu’elle a plus écrit ce livre pour tirer un trait avec une partie de sa famille que pour le lecteur. Dommage.

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déception

4 étoiles

Critique de Krapouto (Angouleme Charente, Inscrit le 4 mars 2008, 80 ans) - 14 janvier 2023

Seule la première partie de ce livre m'a intéressé. Je l'ai acheté en pensant y trouver des éléments nouveaux sur la polémique de l'Annapurna, mais j'en fus pour mes frais, là-dessus rien qu'une vague allusion . En revanche , le réquisitoire contre le "héros" est musclé et édifiant, mais d'après le titre du livre, on pouvait penser que c'était LE sujet, alors qu'il n'occupe que quelque 70 pages. Le reste est absolument inintéressant pour moi, et dans un style alambiqué et ennuyeux qui pousse à lire en diagonale. Déception.

Un héros

10 étoiles

Critique de Bertie (, Inscrit le 27 septembre 2012, 82 ans) - 27 septembre 2012

Le style de l'auteur est excellent. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maitre !
Le vrais héros du livre est Simon Nora, résistant, juif, jeune intellectuel brillant qui épouse la mère adorée de Félicité, Marie-Pierre de Cossé Brissac.
Poussée au divorce par sa famille aristocratique, genre collabo mondain, et d'un antisémitisme odieux, Marie -Pierre va divorcer puis épouser, pour plaire à sa famille Maurice Herzog, qui devient l'usurpateur, l'importun du livre.
Félicité, telle Ulysse, part pour un long voyage, et quand elle revient à Paris, son Ytaque, elle a réfléchi et décide de cribler de traits les méchants, les collabos mondains, et les imposteurs. Son arc est notre livre.
le récit de l'évolution de la maladie de son frère unique Laurent est poignant de vérité. Telle Cassandre, la jeune Félicité ne parviendra pas à convaincre ses parents avant l'apparition des phases délirantes.
Laurent ne décèdera pas d'un suicide ou d'une chute dans l'escalier, mais d'une crise cardiaque. Cette psychose fait-elle suite aux mensonges du père? Les causes de cette maladie sont toujours inconnues.
Nous souhaitons beaucoup de félicité à l'avenir pour l'auteur, ses trois enfants et son compagnon. C'est bien mérité.

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  Maurice Herzog, un usurpateur ? 7 Frunny 1 octobre 2012 @ 12:06

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