Avant la chute de Fabrice Humbert

Avant la chute de Fabrice Humbert

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CHALOT, le 9 septembre 2012 (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 483ème position).
Visites : 4 023 

Roman social réaliste...


Le lecteur est tout de suite pris dans l'engrenage...Il comprend d'ailleurs que tout ne va pas être de tout repos pour les personnages centraux de cette histoire moderne...C'est une fiction qui reflète une réalité, celle de la mondialisation du crime organisé et de la pauvreté.
Les mafieux, puissants à l'échelle internationale s'appuient sur la corruption d'une bonne partie du personnel politique de pays producteurs de drogue et même de pays conommateurs.
Ces cartels de la drogue ont besoin pour prospérer des paysans pauvres de Colombie et d'ailleurs à qui on fait miroiter une vie plus facile, il est vrai que les cultures vivrières traditionnelles rapportent peu et que la famine est là tout proche....
La construction de l'histoire est originale puisqu'il s'agit, au premier abord de la vie de personnages différents, à des lieux très différents :
En Colombie c'est une famille de paysans , privée de son "chef de famille" assassiné qui va essayer de partir rejoindre "l'Eldorado" américain en traversant clandestinement le Mexique.
Au Mexique, le Sénateur Urribal, ancien policier essaye de tirer son épingle du jeu en établissant des relations politiques avec le pouvoir et en se protégeant des cartels de la drogue qu'il a pourtant plus ou moins soutenu, du moins par sa passivité.
En France, un enfant de quartier, brillant à l'école, protégé par son grand frère caïd devient le témoin de la chute d'un pouvoir remplacé par un autre, plus organisé qui lui ne fait pas de détails.
L'auteur nous fait passer d'un pays à l'autre sans déboussoler son lecteur qui comprend assez vite que le fil conducteur qui relie ces personnages, c'est la toute puissance de l'armée du crime qui ne connaît pas les frontières.
C'est un roman noir, très noir qui ne laisse personne indemne...
Y a-t-il une once de clarté pour tous ceux et celles qui sont instrumentalisés, martyrisés, appauvris ?

Jean-François Chalot

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Ce sont les situations qui font les individus

8 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 30 novembre 2013

Tous les personnages de ce roman hyper lucide sont attachants, jusque dans leurs défauts rachetés par des qualités de cœur qui montrent leur humanité. L’enchaînement des circonstances explique la façon dont ils réagissent avec volonté, anticipant toujours un peu ce qui va leur arriver et l’acceptant de façon plus ou moins consciente, façon à leurs yeux de se racheter par rapport à des décisions qu’ils ont prises et qui ont entraîné dans leur sillage des proches qui n’ont pas eu la même chance qu’eux.

Les chapitres alternent 3 lieux et 3 individus placés dans des situations différentes mais qui toutes impliquent de se battre face à l'hostilité des "autres". Ce sont des histoires parallèles dont 2 seulement se rejoignent physiquement, l’autre ayant un lien plus lointain.

D’un côté nous avons une jeune colombienne que sa mère pousse à partir avec sa sœur faire le long voyage jusqu’aux États-Unis pour échapper au bidonville où elles ont atterri après leur expulsion du lopin de terre cultivé par la famille et l’exécution du père. D’autre part, un vieux sénateur mexicain qui s’est sali les mains pour arriver à sa position sociale pense avec nostalgie à sa femme décédée, à ses fils veules qui profitent de son argent, à sa fille journaliste qui a du caractère, aux jeunes vierges dont il abuse, aux gangs qui s’immiscent au niveau de l’État pour préserver leur pouvoir. La 3e partie raconte l’histoire du cadet bon élève malingre de collège d’une famille d’immigrés. Il admire son puissant frère aîné qui lui vaut de ne pas être trop embêté par ses camarades tout en étant inquiet car il sent qu’il fait partie d’un louche trafic. La mort accidentelle de 2 jeunes de la cité va occasionner des émeutes prétextes à l’éclatement de frustrations accumulées, ... et à changement de gang dominant.

IF-1113-4122

Roman noir...

7 étoiles

Critique de Ndeprez (, Inscrit le 22 décembre 2011, 48 ans) - 26 mars 2013

Portrait croisé de personnages à la destinée tragique, un sénateur mexicain dont le goût pour les vierges et la mégalomanie le perdra , deux soeurs colombiennes qui seront obligées de tenter de gagner les USA (là ou il y a Disneyland) et 3 frères vivant en banlieue parisienne.
Roman d'un pessimisme rare , très poignant , j'ai vraiment accroché sur le destin du sénateur et des soeurs colombiennes mais pas du tout sur l'histoire de ces banlieusards forcément avec des noms maghrébins , forcément avec les grands frères dealers et le "cadet-qui-désire-s'en-sortir". Plein de stéréotypes à mon goût.
Dommage car le reste de ce roman et l’éclairage qu'il apporte sur la condition des migrants d’Amérique du Sud est très riche.

Désespoir moderne

8 étoiles

Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 12 novembre 2012

Cette histoire nous conte les conséquences du trafic de drogue international, aux différentes étapes de sa propagation. On voit donc successivement l'impact de la culture de la plante sur les familles colombiennes, la gestion difficile des cartels par la gouvernance mexicaine, et la résonance néfaste sur la vie de nos banlieues françaises.
Durant la lecture, on suit ces trois histoires comme une fiction tragique, jusqu'au moment où l'on s’aperçoit que la réalité n'est peut être pas si loin. A partir de là ce récit nous fait réfléchir, nous fait prendre conscience du drame qui est en train de se dérouler loin de nos yeux et des dommages collatéraux qui en résultent. Et finalement, la force de vivre de ces protagonistes reste le seul motif d'espoir avant la chute.
L'écriture de Fabrice Humbert est agréable, même si elle véhicule un message terriblement sombre.
Le texte partagé en trois parties est un peu déstabilisant et à chaque début de chapitre, il faut du temps pour réintégrer l'aventure en cours. Chacune d'entre elles, trop courte à mon avis, aurait mérité un développement individuel pour plus de profondeur.
Bonne lecture nécessaire d'un réel désespérant.

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