Une semaine de vacances de Christine Angot
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Une lecture à vous couper le souffle
Waouh ! c’est le premier mot qui me vient à l’esprit en refermant ce livre.
Je dois dire que pour la première fois que je lis un roman de Christine Angot, je suis gâté.
La romancière fait fort avec cette histoire.
Une longue tirade, sans paragraphe, sans chapitre, sans respiration bref une lecture telle ,que l’on lit cet ouvrage d’une traite tant le sujet est troublant.
D’ailleurs, de quoi est-il question ? De sexe, de fellation, de sodomie pendant cette semaine de vacances où un homme fait subir ses caprices sexuels à sa fille.
Ancré dans les années 70, (1975, je crois), l’auteur ne donnant aucune indication de date, seulement des informations (mort de Franco, la Peugeot 604, le prix Goncourt remis à Emile Ajar…), ce roman ne peut vous laisser indifférent.
C’est puissant, dérangeant, d’une lecture à couper le souffle sans pour autant verser vers la pornographie.
Car, loin des romans d’Esparbec, et pourtant traitant du même sujet, Christine Angot avec élégance, traite de ce rapport père-fille sans vulgarité aucune. Nous passons de la fellation au restaurant » trois étoiles « tout à fait normalement.
C’est d’ailleurs ce qui fait la force de ce livre, une narration parfaite, un huis clos parfaitement construit avec deux personnages dont on ne connait même pas les prénoms. Lui, homme intelligent, cultivé et raffiné, aimant les femmes, les gros seins, et les jeunes filles (il a comme maitresse, une de ses étudiantes), Elle , soumise, presque professionnelle du sexe tant elle obtempère à son « père ».
Un climat certes malsain mais superbement écrit et qu’on lit d’une traite, en tournant les pages rapidement pour connaitre la suite, signe sans doute du bon roman.
Je dois avouer que personne ne sortira indemne de la lecture de ce dernier opus de Christine Angot.
Pour le moment, je viens de lire le roman le plus percutant de cette rentrée littéraire 2012 .
Les éditions
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Une semaine de vacances
de Angot, Christine
Flammarion
ISBN : 9782081289406 ; 14,00 € ; 05/09/2012 ; 100 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (5)
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Des vacances chèrement payées...
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 16 septembre 2015
C’est un livre terrible, un livre qui bouleverse et aussi révolte. Pourquoi avoir enduré tout cela sans jamais refuser et se défendre ? Elle avait peur de son rejet, peur de l’abandon et de ne plus jamais le revoir. Elle était consciente de la différence de classe entre eux et craignait de le perdre à tout jamais si elle ne se pliait pas à ses demandes. C’est d’une tristesse indicible et aussi, d’une violence terrible car Christine décrit en détail ce qu’elle était obligée de subir et de faire. C’est cru, cela heurte parfois la sensibilité mais la situation vécue veut cette crudité pour bien faire comprendre le calvaire de la jeune fille aux prises avec ce lâche et ce pervers immonde qu’était son père. Le style est direct, il nous plonge dès le début au cœur de l’horreur et de la perversité de ce monstre qui profitait de la situation d’une façon répugnante.
À lire si la pornographie ne vous fait pas peur. Affreux tout simplement !
Nom d'une pipe
Critique de Ndeprez (, Inscrit le 22 décembre 2011, 48 ans) - 28 janvier 2015
Pauvreté intellectuelle et artistique
Critique de XueSheng (, Inscrite le 26 novembre 2012, 38 ans) - 27 novembre 2012
Nous constatons la même absence de capacité créatrice littéraire, nous sommes en présence d'un "truc", d'un tour de passe-passe, si l'on préfère, qui présente un procédé pour une véritable écriture (au sens littéraire).
Toute la poétique nous enseigne comment la forme non seulement permet à une œuvre d'exister au-delà d'un simple assemblage de mots, doit elle-même "signifier" pour que l’œuvre exprime son sens.
Ici, l'auteur avoue implicitement la pauvreté extrême de sa propre capacité : dans le choix d'une forme simple de discours est contenu tout son propos d'écrivain, lequel n'a retenu l'attention, dans la réalité, que par l'impudique révélation d'une histoire personnelle, de faits intimes et douloureux.
On est loin d'une œuvre littéraire accomplie, pour se rapprocher bien davantage du journalisme à sensation.
Mais le système éditorial et commercial de notre société est ainsi fait : ce qui est publié doit pouvoir faire facilement l'objet d'une "promo", racoler suffisamment de temps d'écran et déclencher la machine voyeuriste à destination du grand public.
Incompréhensible
Critique de Morgenes (, Inscrit le 29 janvier 2006, 46 ans) - 25 novembre 2012
Échec littéraire
Critique de Precious_thing (Paris, Inscrit le 22 novembre 2005, 35 ans) - 22 septembre 2012
Je n’ai pas aimé ce livre, en premier lieu à cause de ce que je nomme, à défaut de trouver une expression plus adéquate, et sans doute ma propre expression est-elle défaillante ou inexacte, l’illusion métonymique dans l’écriture. Qu’est-ce que l’illusion métonymique ? La métonymie, en stylistique, est une figure de style au moyen de laquelle une partie représente le tout (exemple typique : “boire un verre” pour désigner qu’on boit ce que le verre contient, et non pas “le verre” en lui-même).
Ce que j’appelle illusion métonymique, est en quelque sorte un manque de subtilité flagrant, par lequel l’écrivain, voulant signifier quelque chose, prend en quelque sorte au pied de la lettre ce qu’il veut dire pour l’exprimer de manière directe dans son texte. Si je devais prendre un exemple autre que Une Semaine de Vacances, j’évoquerais l’absence de style supposée de Houellebecq, qui est censée exprimer, par sa monotonie, sa répétitivité, son côté terre-à-terre, la misère sexuelle de l’époque, absence de style dont se sont emparés les critiques littéraires pour en faire un parangon de la littérature, et pour se persuader qu’ils sont capables de grands jugements. Si l’on doit résumer comment fonctionne l’illusion métonymique : je veux exprimer la misère de l’homme contemporain, DONC je vais écrire de manière pauvre, CQFD.
Le texte de Christine Angot fonctionne selon le même mode. Dans Une Semaine de vacances, l’auteur décrit, en plus de la possession sexuelle de l’inceste, la dévoration psychologique d’un être sur un autre, la prise de pouvoir du père sur la fille, qui se traduit notamment, par une prise de pouvoir langagier. Très bien. Mais pour exprimer cette idée, pour manifester ce processus, la technique littéraire qu’a choisie Angot est celle de laisser en discours direct toutes les paroles du père, en n’octroyant que des discours indirect à la fille. Cette expression littéraire est, pour moi, ce que j’appelle à défaut, une illusion métonymique, comme si Angot avait fui la subtilité qui fait tout le travail et dont pourtant elle se réclame (l’écrivain, c’est celui qui fait comprendre les choses en montrant comment ça se passe). Subtilité fuie, car l’idée qu’elle veut manifester ne se traduit, littérairement, que par un copier-coller très peu subtil de l’idée qu’elle souhaite dégager de sa scène.
J’ai pour ma part de l’admiration pour Flaubert qui, contrairement à ce que l’on entend trop souvent, n’a pas écrit un livre ennuyeux sur l’ennui quand il a écrit Madame Bovary. J’ai de l’admiration pour les écrivains qui dépassent cette illusion métonymique, et pour qui le langage et le style doivent trouver, sans se soucier des transpositions directes qui peuvent venir spontanément à l’esprit, un moyen autre, un moyen différent d’exprimer les choses, de les faire sentir, de les faire comprendre, par d’autres recours. Ma démonstration n’a pas pour but de dire que Angot n’est pas Flaubert, ou qu’Angot devrait écrire comme Flaubert, certainement pas. Mais qu’un texte pleinement littéraire explore, qu’il fasse preuve d’art, car la langue ne fait pas tout.
Une autre raison à l'échec, pour moi, du livre, est son dispositif. L’ennui avec les dispositifs, c’est souvent qu’ils fonctionnent sur une idée. Ici, l’idée est de faire du lecteur un spectateur – ou un acteur, dans la mesure où l’on vit le livre – de cette réalité qu’Angot entend manifester. Le livre fonctionne entièrement sur cette idée-là, sur ce dispositif-là. Or, à mon sens, un dispositif ne fait pas à un livre. Il ne peut le faire qu’à condition d’avoir assez de puissance pour évoluer en cours de route, pour qu’il se révèle, à un moment de sa lecture, subtil, capable de métamorphoses, de vous mener sur un autre chemin que celui auquel vous vous attendiez, etc.
Une grande oeuvre, c’est une oeuvre qui est capable d’être interprétée sous plusieurs angles, depuis de multiples perspectives, et qui, consciemment ou non, excède les propres dispositifs qu’elle a pu mettre en oeuvre. Elle ne se laisse pas saisir tout d’un bloc. Une Semaine de vacances, est un dispositif. Mais il n’y a pas de quoi, finalement, se réjouir, dans la mesure où elle n’est que l’étirement de son propre dispositif, qui n’est jamais remis en question ou bouleversé. À partir d’un certain nombre de pages, on sait tout ce qu’on a à savoir – et ce jusqu’à la fin du roman.
Une affaire de morale
Une dernière chose enfin, qui est uniquement un critère littéraire personnel. C’est ce que dit Christine Angot dans l’entretien qu’elle accorde à Sylvain Bourmeau dans Libération : “D’autres écrivains, lorsqu’ils décrivent des situations d’humiliation ou de négation, peuvent choisir le personnage de celui qui humilie ou qui nie. Mois je trouve ça dégueulasse. C’est comme ce que dit Godard sur le placement de la caméra, la littérature c’est une affaire de morale.” En ce sens, je diverge totalement de ce que dit Angot. C’est un présupposé moral et esthétique que je ne partage pas. Pour moi, l’écrivain est quelqu’un qui est, non pas sans moral, mais qui explore un matériau humain. Que Angot n’ait pas voulu explorer ce matériau-là, elle a tout à fait le droit de ne pas le faire, néanmoins, la condamnation morale qu’elle lance – “dégueulasse” – sur les auteurs qui choisissent de plonger au coeur du mal pour le comprendre (autre chose qu’elle refuse dans l’interview qu’elle a accordée à Pascal Clark sur France Inter) est pour moi difficilement compréhensible. Elle ne correspond en rien à la conception que je me fais de la littérature.
J’ai été frappé, en tant que lecteur, par la puissance des idées de Pierre Guyotat sur le rapport de l’écriture au mal, et notamment à la figure du criminel, comme il l’évoque dans Coma ou dans Formation. Pour lui, toute sa volonté d’enfant, qui se retrouve dans sa création, est de ramener le criminel dans la sphère de la compassion, non pas par morale, mais par empathie. J’aime les auteurs qui font preuve d’empathie, qui n’hésitent pas à y aller, comme on pourrait dire.
Ce n’est pas la morale, c’est même beaucoup plus que ça – ça en est le dépassement, un impératif beaucoup plus fort, et essentiel. Or la perspective morale qui guide Une Semaine de vacances ne me convient pas, elle produit une littérature univoque, qui ne peut être, dans ce cas, que monotone. Sans doute suis-je un salaud, quelqu’un de “dégueulasse”. Soit.
Pour toutes ces raisons le texte d’Angot ne m’a pas convaincu d’un strict point de vue littéraire. Loin d’être stupéfait, je m’y suis ennuyé, à cause de son écriture mécanique, qui n’avait pas pour soubassement le travail rythmique d’un Guyotat ou d’un Prigent. La succession de scènes sexuelles manque cruellement de relief, si elle a une scansion. Comme quoi, on peut critiquer ce texte, et d’autres, en n’avançant que des arguments qui n’ont rien d’une animosité personnelle, malgré ce qu’on essaierait de nous faire croire.
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Pourquoi et comment la presse défend le dernier livre de Christine Angot ? | 24 | Precious_thing | 22 septembre 2012 @ 18:08 |