Du côté de Canaan de Sebastian Barry
(On Canaan's Side)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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« Le bonheur particulier offert de la main du chagrin »
« Bill n’est plus. Quel bruit fait le coeur d’une femme de quatre-vingt neuf ans quand il se brise ? Sans doute guère plus qu’un silence, certainement à peine plus qu’un petit bruit ténu …..un coeur de quatre-vingt neuf ans, réduit en miettes par le chagrin : le petit bruit ténu d’une coquille écrasée ». Ainsi commence DU COTE DE CANAAN.
Bill, c’est le petit-fils de Lilly, qu’on a trouvé pendu, à 22 ans. Bill, qu’on avait confié à 2 ans à sa grand-mère Lilly qui en avait 70, avec lequel elle a vécu des années de paisible complicité jusqu’à ce départ pour « la guerre du désert » (c’est ainsi que Lilly désigne la guerre du Golfe) dont il est revenu défait, anéanti . Cette mort vient juste après celle de M.Nolan, le vieil ami de Lilly, celui qui avait été comme une figure paternelle pour le jeune Bill. Lilly a décidé de mettre fin à sa vie, maintenant qu’elle se sent « une intruse dans le festin de la vie »
Elle se donne 2 semaines avant de se donner la mort pour expliquer les raisons de sa décision, pour « justifier son désespoir. Sur la table en formica rouge de sa modeste cuisine , sur un cahier , pendant 17 jours, elle va rédiger le récit de sa vie « tandis que je suis assise ici, une vieille femme, une relique, une relique reconnaissante même, pour ce qui m'a été donné, sinon pour ce qui m'a été ôté, mon cœur flétri se souvient ». Elle en a des choses à raconter ! « J’ai eu assez d’histoire pour toute une vie » Une vie qui parcourt tout le 20 siècle, d’Irlande où elle est née, aux Etats Unis, terre d’asile où elle a du fuir pour échapper aux troubles intérieurs qui divisaient sa terre natale. Une vie modeste, d’employée dans des familles bourgeoises, de cuisinière consciencieuse et appréciée « le plaisir d’un plat bien cuisiné,… comme si je venais d’achever le Parthénon . »
Le roman se présente comme une confession en 17 chapitres, un par jour . Du « Premier jour sans Bill » , jusqu’au « 17e jour sans Bill ». Les chapitres sont tous titrés par cette information qui sonne comme un compte à rebours avant de se présenter sereinement « en avance aux portes du paradis »
La vie de Lilly est une succession de départs, de disparitions, de déceptions, de solitude, de bonheurs aussi parfois , grâce à la rencontre de quelques bons samaritains qui lui prêtent secours ou qui colorent et adoucissent sa vie. N’est-ce pas bien romanesque ? ,me direz-vous …. Mais cette matière qui pourrait faire sombrer le récit dans le roman-feuilleton est sauvé par la délicatesse de l’écriture et par l'aura qui se dégage du petit bout de femme discrète et vaillante qu'est Lilly, qui rebondit sans cesse, que chaque épreuve grandit, qui observe les autres avec indulgence et reste maitresse de son destin jusqu'à décider du moment de sa mort.
Sebastien Barry a créé un beau personnage attachant, avec lequel on tombe en empathie , comme ceux qu'elle rencontre . Il a su traduire la sensibilité d'une vieille dame, ses plaisirs modestes, sa perception de la nature empreinte d’une réelle poésie .
Un roman plein d’émotion, sans mièvrerie ni pathos. Une belle leçon de vie !
Message de la modération : Prix CL 2015 catégorie roman traduit
Les éditions
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Du côté de Canaan
de Barry, Sebastian Lévy-Paoloni, Florence (Traducteur)
Gallimard
ISBN : 9782072448997 ; 19,50 € ; 30/08/2012 ; Broché -
Du côté de Canaan [Texte imprimé] Sebastian Barry traduit de l'anglais (Irlande) par Florence Lévy-Paoloni
de Barry, Sebastian Lévy-Paoloni, Florence (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070456109 ; 8,10 € ; 23/01/2014 ; 336 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (10)
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Rêve américain
Critique de Lolita (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans) - 25 décembre 2015
Satisfaite de sa vie
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 18 octobre 2015
Les différents chapitres sont construits sous la forme d'un journal tenu après la mort de son petit-fils. On découvre sa vie au fur et à mesure, en même temps que les petites situations du quotidien d'une vieille femme ainsi que les petites attentions de ses amis et de son ancienne patronne envers elle.
Le sentiment pragmatique d'avoir fait au mieux émane de l'histoire. Il n'y a pas de pathos dans le roman qui est construit avec une écriture dynamique, sans nostalgie.
IF-1015-4385
Une vie
Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 23 septembre 2015
Une longue vie d'épreuves...
Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 22 septembre 2015
Pourtant, je ne suis jamais parvenue à entrer vraiment dans ce roman. Pourquoi a-t-il trouvé si peu d'écho en moi? Pourquoi cette pauvre Lilly dont les malheurs auraient dû éveiller ma compassion, sa capacité de résilience mon admiration, n'a-t-elle pas suscité plus d'empathie de ma part?
Plusieurs raisons sans doute à cela.
Une impression de déjà lu d'abord. Probablement aussi, ce parcours d'exilée paradoxalement ordinaire et romanesque m'est-il apparu marqué par une trop grande accumulation de tragédies et de situations rocambolesques à laquelle la confession pour le moins invraisemblable de Monsieur Nolan ajoutait la goutte de trop.
Sans doute aussi un sentiment de relative incompatibilité, d'artificialité devant le procédé qui consistait à faire raconter sa vie au personnage, comme une nécessité, au fil des jours (nombreux) précédant l'acte ultime en y intégrant la banalité de détails du présent (je me suis souvent ennuyée à la lecture de ces passages) alors qu'elle est censée se trouver anéantie par un désespoir insondable. Mais passons...
Plus encore et surtout, c'est ce regard porté sur les évènements auquel je n'ai pu adhérer. C'est une très vieille femme qui raconte, avec un regard que l'auteur a voulu naturellement empreint de la sérénité, de la résignation, de la mansuétude supposées liées à l'âge. C'est là, à mon sens, l'atout majeur et la faiblesse de ce roman, ce regard qui lui confère à la fois une tonalité de douceur à laquelle on peut être sensible mais en même temps affadit cette épopée romanesque , la privant de ce souffle qu'évoquait Débézed.
Et toujours dans ce registre, cette éternelle ode à l'Amérique! A travers toutes ses épreuves, Lilly aura conservé sa foi en son dieu et la reconnaissance pour cette Terre Promise qui lui aura impitoyablement ravi les êtres qu'elle aimait: fils et petit-fils sacrifiés sur l'autel de la politique américaine, Cassie et son grand amour Joe victimes, chacun à leur manière, de la discrimination raciale!
"j'ai compris ceux qui partaient pour le bien de l'Amérique (!), pour l'amour de l'Amérique. Oh, et je savais le havre et la sécurité que l'Amérique représentait pour moi, (qui se seront révélés pourtant bien précaires) alors comment n'aurais-je pas compris qu'il fallait lui céder quelque chose?"
Roman irlandais américain (ou inversement)
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 9 mars 2015
C’est assez dramatique (une constante clairement du roman irlandais), et il faut reconnaître que l’histoire récente du pays – disons depuis le XIXème siècle – prédispose au drame ! Hélas.
Dans son propos, son style, la manière de nous mener dans l’histoire et, finalement, les sujets de préoccupation, « Du côté de Canaan » m’a rappelé ce merveilleux roman de Mary Relindes Ellis : « Wisconsin ». Et c’est plutôt un compliment !
« Bill n’est plus.
Quel bruit fait le cœur d’une femme de quatre-vingt-neuf ans quand il se brise ? Sans doute guère plus qu’un silence, certainement à peine plus qu’un petit bruit ténu. »
Quatre-vingt-neuf ans, c’est l’âge qu’a Lilly Bere, lorsque débute le roman ; roman qui va consister en la relation de sa vie par elle-même. Elle nous explique comment, jeune fille heureuse en Irlande dans les années 1920, elle se retrouve à quatre-vingt-neuf ans isolée de toute famille, du côté de Cleveland (Ohio).
Oui, dans cette Irlande déchirée et maltraitée par l’Angleterre en ce début XXème siècle, il est tout à fait possible d’être contraint de tout quitter soudainement, à la cloche de bois - et quand je dis tout quitter, ça signifie le pays aussi - pour les Etats-Unis. Question de survie ou de mort lorsqu’on est engagée avec un jeune homme, de la police, qui a eu maille à partir avec l’autre bord.
Sebastian Barry ne nous livre les clés qu’avec parcimonie, au fil des chapitres et tout ne s’éclaircira réellement qu’à la toute fin. Mais, outre la situation conflictuelle purement irlandaise, c’est surtout le drame des jeunes gens envoyés à la guerre qui est le grand sujet du roman. Entre son fils, Ed, qui combattra au Vietnam, et Bill, son petit-fils, qui participera à la guerre du Golfe (on comprend mieux la comparaison d’avec « Wisconsin » ?), Lilly Bere n’est pas gâtée. On pourrait même se demander si elle n’est pas maudite !
Elle mènera pourtant une vie très simple, proche de la grande pauvreté, et c’est cette vie que nous brosse Sebastian Barry.
Pauvre Irlande et pauvres jeunes hommes appelés à la guerre …
"Une étrange confession"
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 8 février 2015
Mais Canaan, c'est aussi une ville de New-York où l'on vit bien loin des préceptes bibliques.
Quand Lilly Dunne arrive aux Etats-Unis, accompagnée de son fiancé Tadg Bere, c'est pour échapper aux menaces de mort qui pèsent sur eux. Ils fuient l'Irlande en abandonnant son père et ses sœurs Annie et Maud.
Lilly a 89 ans. Son petit-fils William Dunne Kinderman Bere, dit Will, vient de se suicider. Elle est vieille, usée par les chagrins, et avant de rejoindre tous ceux qui l'ont quittée, elle déroule le fil de sa vie.
"Oh, ça c'était une histoire vraiment folle. J'essaierai de l'écrire demain. J'ai froid, malgré la chaleur agréable de ce début d'été. J'ai froid parce que je ne trouve pas mon cœur."
Sa vie de jeune fille irlandaise, dont la maman est morte à la naissance, sa vie de jeune fille dans un pays immense où elle se retrouve seule, mais dans la communauté irlandaise, où elle peut trouver réconfort comme terreur tant le conflit se poursuit hors des frontières du vieux continent.
"Je me rendais lentement compte que, étant la fille de mon père, inconsciemment, j'avais traversé durant mon enfance et mon adolescence une histoire d'un genre cruel, où les choses ne cessaient de se heurter les unes aux autres. Où le respect de mon père pour le roi se heurtait à l'engagement du père de Tadg dans les Volontaires irlandais, où le départ de Willie à la guerre se heurtait à sa mort, où même la vie à Wicklow se heurtait à la vie à Dublin...le temps passe, le temps s'envole. Où le fait même que je sois en vie se heurtait au fait que la mère était morte en me donnant cette vie."
Sebastian Barry nous livre cette "étrange confession" avec beaucoup de talent.
J'admire cette façon de nous rendre si proche Lilly, cette façon de parler des petits maux intimes de l'âge, cette façon de nous émouvoir avec le personnage principal mais aussi avec de très beaux "seconds rôles", comme ses voisins et amis pleins de tact et d'attention qui savent que Lilly a commencé le décompte de ses jours, la petite histoire calée dans la Grande Histoire si douloureuse de l'Irlande.
Un roman puissant et touchant; un passionnant moment de lecture.
« Une histoire de souffrance et de terreur »
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 30 janvier 2015
Lilly raconte son épopée, sa damnation, sa destinée, le sort d’une jeune irlandaise qui traversa quatre guerres en y laissant à chaque fois un morceau de sa vie, un bout d’elle-même, la plupart de ses illusions et une bonne partie de sa foi. La Grande Guerre, celle de 14, a enterré le frère chéri dans la glaise de Picardie, l’horrible guerre fratricide des années vingt l’a chassée brutalement d’Irlande avec son fiancé qui était dans le mauvais camp, plus par opportunité que par vocation, celui des « Tans », les fameux supplétifs de la police, celle du Vietnam qui lui a rendu un fils abîmé incapable de retrouver sa place dans la société et enfin celle des sables qui a anéanti son petit-fils revenu de la guerre seulement pour vivre un peu plus longtemps, peu.
Sebastian Barry s’immisce habilement, et avec bonheur, dans la peau de cette très vieille femme qui a passé son temps à perdre ceux qu’elle aimait et qui ne veut plus rien perdre si ce n’est le bout de vie dont elle dispose encore. Il raconte sous sa plume la fatalité qui a frappé de nombreux Irlandais condamnés à quitter leur pays pour fuir l’Anglais ou les frères de sang qui ne partageaient pas leurs opinions. Une migration héroïque enfantant tout un pan d’une nouvelle nation forte et dynamique, une épopée mythologique et souvent cruelle désormais inscrite dans les gènes de tout un peuple, Cette destinée envoûtante, morbide, fatale manque cependant un peu du souffle épique que de nombreux auteurs irlandais ont fait mugir dans la littérature depuis très longtemps. Dans ce texte, on ressent plutôt la résilience flétrie de cette vieille femme usée par trop de malheurs, le mélodrame qui aurait pu nourrir le livret d’un opéra mis en musique par Puccini ou Verdi. Mais, « Seuls les incroyants peuvent être vraiment croyants, seuls les perdants peuvent vraiment gagner ».
Il ne faut pas non plus occulter le choc frontal que l’auteur provoque entre la fatalité morbide qui a frappé les Irlandais et la certitude insolente de la nation américaine en pleine explosion. Une fiction qui se voudrait le témoignage d’une vieille femme venue aux Etats-Unis pour fuir les démons de son peuple qui finissent par la rattraper mais pas avant qu’elle ait pu inscrire ses pas dans le chemin de « l’american way of life ».
America, America
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 28 janvier 2015
Le récit de la vie de la narratrice, Lilly Bere, immigrée irlandaise aux États-Unis dans les années vingt, constitue la trame centrale du roman. Mais la « petite histoire » de Lilly se mêle ici sans cesse à la grande, à tel point que je me demande si l’héroïne ne représente pas en fait une personnification vivante d’une Amérique discrète mais industrieuse et fière.
J’ai apprécié la construction du récit, que j’ai trouvé particulièrement soigné. Ainsi, Sebastian Barry s’est approprié avec une remarquable fluidité la narration par « aller-retour » dans le passé et le présent. De même le livre, rythmé par la relation que Lilly Bere entretient avec les hommes qui gravitent dans sa vie (père, maris, enfant, petits-enfant) donne une impression de variation sur un même thème, jusqu’à l’artifice final qui, s’il est discutable, boucle en tout cas habilement le roman.
Dans une ambiance assez curieuse faite à la fois de violence et de douceur, Du côté de Canaan explore, avec poésie et une espèce de force tranquille, les écheveaux du destin de ceux qui bâtissent encore aujourd’hui l’Amérique.
Les jours sans Bill
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 21 janvier 2015
Il s’agit essentiellement d’un roman de deuil, sur la perte des êtres chers. Lilly les perd tous en raison surtout de la guerre ou d’autres conflits d’hommes. L’émotion provient de cette malchance du destin qui semble résolu à la convier à l’isolement. Un beau livre écrit simplement et sans prétention.
« J’aime les histoires que d’autres gens racontent, celles qui sortent de leur bouche, ou de leur clapet comme on disait en Irlande. Les histoires légères, improvisées, drôles. Pas les récits dramatiques de l’histoire.
Et j’ai eu assez d’histoire pour toute une vie, dans ma propre vie… »
Lilly !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 20 décembre 2014
Il est l'auteur de pièces de théâtre, de romans et de poèmes, publiés depuis le début des années 1980.
Barry atteint la notoriété en 2005, avec le roman A Long Long Way (Un long long chemin).
La consécration est venue en 2008 avec "Le Testament caché".
"Du côté de Canaan" est publié en 2012.
"Je ne suis pas vivante. C'est presque un réconfort de savoir que, même si je vais m'ôter la vie, je serai déjà morte".
Ainsi parle Lilly Dunne, un coeur de 89 ans réduit en miettes par le chagrin et qui ne parvient pas à vivre sans Bill, son petit-fils.
Ce roman est une histoire de contrats.
Un contrat de mort décrété par l'IRA, condamnant Tadg Bere et Lilly et les contraignant à l'exil vers l'Amérique.
Un contrat d'Amour entre Lilly, les hommes qui ont traversé sa vie et les enfants qu'elle a aimé au delà de la raison.
Un contrat d'amitiés fusionnelles avec quelques personnes qui l'ont aidée à des moments charnières de sa vie.
Lilly a traversé le 20 ième siècle entre son Irlande natale et une Amérique qui lui a offert un sanctuaire.
Les guerres (La Grande Guerre, le Vietnam, l'Irak ) ont broyé les hommes et n'ont pas épargné Lilly.
"Voilà ce qu'il advient quand on remue les cendres. Quand on déterre le passé. J'écris tout cela, et je l'étale sur mes genoux comme de l'argent, comme des richesses; au delà des rêves de l'avarice".
Une oeuvre sublime par sa profondeur, son intelligence et l'extrême sensibilité transmise par la narratrice; Lilly.
Une "petite dame" de 89 ans se raconte, déroule un siècle d'Histoire.
Un véritable chef d'oeuvre à découvrir de toute urgence !
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