L'auberge des pauvres de Tahar Ben Jelloun

L'auberge des pauvres de Tahar Ben Jelloun

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Arabe

Critiqué par Saumar, le 10 août 2012 (Montréal, Inscrite le 15 août 2009, 91 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 199ème position).
Visites : 5 947 

Illusion et réalité

Dès les premières pages du roman, le narrateur Larbi Bennya, surnommé Bidoun, nous informe qu’il est un homme contrarié. La cause en est la routine de son couple usé par l’habitude. Universitaire qui aime écrire, il s’inscrit à un concours dans lequel il devra rédiger un texte sur Naples. Sur les lieux, il découvre L’auberge des pauvres qui est un ramassis de naufragés de la vie. C’est là qu’il rencontre une vieille femme qui a connu des péripéties variées dans le passé et, chez qui, il apprendra beaucoup sur cette ville italienne. Voilà le refuge idéal dans lequel il construira son labyrinthe. Éloigné, il est devenu un mari attentif et amoureux de sa femme, au point de lui écrire tous les jours. Cette technique épistolaire nous fait découvrir beaucoup de choses, autant sur le plan de l’intrigue que sur la vie intérieure des personnages, sans oublier son Maroc natal et tous ses maux. Pour lui, c’est une bonne façon de mettre fin à toutes ses contrariétés.
« J’ai imaginé un amour fou pour ma femme, pour cela j’ai dû oublier qui elle était, je l’ai réinventée et je me suis surpris à avoir de vrais sentiments pour un personnage de roman (…) C’est pervers, je vous l’accorde, mais je me bats avec les moyens du bord, les mots et la fiction. (p.32) ».

La vieille, personnage principal du roman, a plus que des intuitions lorsqu’elle raconte l’histoire de plusieurs personnages, dont chacune a son importance. Elle a de plus une mémoire d’éléphant et beaucoup d’informations. Elle incarne toutes les autres femmes de la grande histoire. Elle symbolise, à elle seule, les thèmes de la religion, de la sexualité, de l’obsession, de l’exil et finalement de la confession. De même qu’il y a les histoires d’Idé et Gino, d’Anna Maria, ainsi qu’une certaine Iza, dont la correspondance du narrateur visait une vraie passion. Il l’avait rencontrée une fois avant de partir pour Naples. Drôle de coïncidence, c’était la ville même de la sublime Iza. Donc, comme pour toutes les autres femmes mentionnées, ne sont-elles pas qu’une illusion?

Pour avoir déjà lu, «les yeux baissés», «l’enfant de sable» et quelques autres écrits, l’auteur nous dévoile un nouveau style, en plus de reconnaître ses thèmes habituels, planent l’antisémitisme, la pauvreté, l’identité, la mafia, les illusions de la vie et des drames racontés de façon brutale. Je n’en dirai pas plus, il faut lire « L’auberge des pauvres » pour connaître la descente aux enfers des personnages. J’ai beaucoup aimé l’écriture généreuse de cet écrivain. C’est un roman très intéressant, dont il convient de différencier la réalité de l’imaginaire. L’écriture de Tahar Ben Jalloun m’a rappelé «Ulysse» de James Joyce pour les longs monologues et le côté psychologique. Bonne lecture!

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Une pépite

9 étoiles

Critique de Lady Angel (, Inscrite le 12 juillet 2010, 56 ans) - 22 septembre 2020

Un livre chargé. Une ville , Naples, qui grouille. Des personnages qui y survivent, réels ou imaginaires. J'ai lu ce livre il y a une dizaine d'années et il en reste une empreinte très forte, une atmosphère de misère magnifiée, une richesse de vie, une poésie incroyable derrière les ruelles et les façades.
Un roman dans lequel on s'immerge, un véritable tourbillon.
J'en conseille vivement la lecture qui marque à jamais.

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