Panier de fruits de Philippe Delerm

Panier de fruits de Philippe Delerm

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Rotko, le 9 novembre 2002 (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans)
La note : 4 étoiles
Moyenne des notes : 4 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 3 étoiles (57 654ème position).
Visites : 5 328  (depuis Novembre 2007)

De l'eau sucrée !

Je n'ai rien lu de Philippe Delerm, à part cette nouvelle de 49 pages. Le narrateur se réjouit de voir sa prose orner un pot de yaourt, car il aime trouver ces formules appétissantes qui vont donner au produit "une saveur inimitable", comme on dit ! Après les yaourts, de petits textes pour caractériser les nuances de vins d'Alsace, ou des fromages à pâte molle. Exemple, en deux mots, "le Bien", le narrateur "sublime l'alimentaire" pour Yopla, la marque bien connue. Voilà comment on devient riche et adulé des chefs de vente.
S'il y a ironie dans ces textes, c'est à la fois souhaitable et vraisemblable, mais le tissu interstitiel entre ces slogans de même que la joie naïve et prétentieuse de cet inventeur de textes publicitaires, me semble relever de la même eau. Les refrains idiots "A à à la file indienne /Derrière la Germaine/ Tous en rangs d'oignon/ Derrière la Louison" sont certes traités au second degré, mais ou manque de verve, ou pointe d'ironie peu acérée, je reste sur ma faim devant un écrivain qui ressemble trop au modèle qu'il veut décrier. L'auteur serait-il trop gentil, ce qui n'est pas mon cas ? Alors, un horrible soupçon me vient : Si Philippe Delerm n'arrivait pas à rendre percutante la dénonciation de cette prose facile, racoleuse pour les besoins du marché, serait-ce parce qu'il n'en a pas les moyens ? l’hypothèse est certes iconoclaste, mais après tout, faute de connaître P Delerm, je dois l'envisager...

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Absolument navrant

1 étoiles

Critique de Joachim (, Inscrit le 24 mars 2006, 44 ans) - 29 mars 2006

Quelle tristesse de voir un homme se débattre dans les bons sentiments. Philippe Delerm fleure la candeur simple de ses personnages, il aime se lever de bonne heure le dimanche et choisir les pommes en les tâtant sur un étal de marché, cueillir les mûres à la fin de l'été et nous tenir au courant de ses petites mais formidables découvertes.

Philippe Delerm est quelqu'un de bien, en plus il est courtois, souple et sait rester humble, c'est pour ça qu'on l'aime. Sa barbe sympathique flatte mollement, et avec tendresse, la nuque de qui se prête à son aimable récit.

C'est bon, c'est gentil, mais aussi extrêmement vide, parfois faussement incisif. Le second degré est mou, il y a de l'ironie, mais elle tamisée, affadie.

Alimentaire à deux degrés

7 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 30 juin 2004

C'est court, ça sent comme le Delerm, c'est écrit comme du Delerm... normal, c'est du Delerm. A savoir que c'est doux, agréable, frais et que ça ressemble beaucoup à tout ce que fait Philippe Delerm, pas de surprise au rendez-vous, si ce n'est la petite bouffée d'oxygène que ça m'apporte à chaque lecture.

Notre narrateur est un écrivain qui a accouché de son premier roman dans la douleur et qui n'en a récolté que pacotilles. Alors il doit faire dans l'alimentaire, au premier et au second degré, si il veut gagner sa vie. Du "Panier de fruits" au "Le Bien" de Yopla (toute ressemblance avec des produits existant... etc.), en passant par des slogans pour camemberts industriels fadasses, voici notre homme propulsé Monsieur Slogan du panier de la ménagère. Ce qui n'est pas sans lui apporter une certaine satisfaction, car si sa prose n'est pas reconnue en tant que merveille littéraire, il n'empêche que tout le monde le lit et que, surtout, il fait partie de la vie de tout le monde. inconnu mais incontournable, on a la satisfaction qu'on peut dans certains cas.
Lassé des marques de yaourts ou de fromages, il quitte l'alimentaire pour le sport et devient titreur à l'Equipe. De slogan en jeux de mots lourdingue, le voici propulsé créateur de bons titres pour le journal. La lecture de ses trouvailles m'a fait sourire, c'est lourd et beauf. Est-ce une pique de Philippe Delerm envers l'Equipe et/ou son public? Ce journal donne-t-il cette image de son niveau et de son lectorat? J'espère pour ses lecteurs que non mais je reconnais avoir souri en imaginant la chose, d'avance mes excuses aux sportifs lecteurs.
Et puis, last but not least, notre écrivain publicitaire-titreur devient parolier. Et pas n'importe quel parolier! Le père d ela chanson la plus idiote de l'année. Une chanson qui lui rapportera tout de même plus de trois millions. Somme qu'il investira dans un manoir, lieu de repos dans lequel il reprendra l'écriture d'un roman. La boucle semble bouclée. Avec toutefois une porte laissée ouverte, au cas où.

Delerm écrit ici à deux degrés. L'humour et la candeur de son personnage le rendent attachant, même si un brin agaçant à cause de sa suffisance. Le regard qu'il lance sur le monde de la pub, sur la ménagère considérée comme pur objet de consommation qu'il faut séduire à tout prix, sur les profits liés à un produit courant, est à la fois lucide et consternant. Notre homme a bien compris les règles à suivre et sait s'en servir, jusqu'à décrocher le pactole. Magot qu'il investira dans l'écriture, la vraie, celle de la littérature. Mais ce que Delerm ne dit pas et qu'on suppose pourtant en refermant le livre, c'est que le narrateur est tout à fait capable de publier des romans de gare pour s'assurer le succès et assouvir sa frénésie de ponte de bons mots.
Un récit court et distrayant et en même temps une réflexion à mener sur le rôle de ces écrivains "de consommation" qui doivent manger comme tout le monde et dont la société a besoin, même si on se moque d'eux en prenant l'air de ne pas y toucher.

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