Griffintown de Marie Hélène Poitras

Griffintown de Marie Hélène Poitras

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 29 juillet 2012 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 912ème position).
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Des cochers et des canassons

Marie-Hélène Poitras se fait l’officiante des funérailles du Far Ouest montréalais situé dans le quartier Griffintown jouxtant le Vieux-Montréal. Jadis les Irlandais s’y étaient établis. De cette époque, seule une écurie a survécu au pic du démolisseur. Chaque été, les cochers et les chevaux s’assemblent pour le pèlerinage des touristes, qui veulent découvrir, en calèche, le quartier historique de notre île.

Mais que connaît-on de ceux qui trimbalent les visiteurs de la basilique Notre-Dame à travers les rues éternellement en réfection ? Ils forment une confrérie serrée œuvrant sous la férule de Paul Despatie, propriétaire de l’unique écurie de Montréal. Il accueille les derniers véritables cowboys et des chevaux recyclés en bêtes touristiques afin de camoufler l’urbanité sous des oripeaux folkloriques. Le vernis des apparences ne laisse pas transparaître le vécu douloureux de ces hommes et des canassons. Les deux mondes vivent un mariage heureux qui étend un baume sur leurs blessures. Le cocher aime son partenaire de la rue. Et Billy, le palefrenier, voit au bonheur de tous sous des combles crasseux, y compris le chat à trois pattes qui combat la vermine allègrement.

L’auteure dévoile la vie secrète d’une galerie de personnages intrigants qui ont côtoyé des univers plutôt glauques. Même la transsexuelle fait partie du portrait tout comme Marie, la cavalière, qui s’est recyclée en phaéton en dentelle grâce aux bons conseils de John, l’écuyer titillant à la vue du jupon de son élève. Tout semble baigner dans l’huile dans ce monde équin.

Ah, que non ! L’assassinat de Paul Despatie sert de mise en bouche. Le lecteur croira parcourir un polar. Il sera vite détrompé. Chez les hommes à chevaux, on règle les problèmes entre soi. L’œuvre s’oriente plutôt vers les menaces extérieures, qui risquent de mettre un terme à cette activité touristique. Les promoteurs immobiliers lorgnent vers l’écurie, sans compter la mafia, les hommes au chapeau noir que la mère de Paul réussit à tenir à distance de l’entreprise familiale.

La trame laisse transpirer l’amour de Marie-Hélène Poitras pour cet univers chevalin, dont elle a partagée le sort pendant deux ans. Son roman relaie l’action au second plan pour embrasser surtout le profil psychologique des cochers, la particularité des chevaux et les enjeux sociaux nés de la vénalité d’investisseurs corrompus,. C’est dans une atmosphère lourde que se prépare un dénouement apocalyptique, qui fait dire que Montréal a vendu son âme au diable.

Bref, le roman manie le passé et l’avenir pour offrir une légende urbaine, qui s’attirera certes de nombreux prix remis au Québec.

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Conte fantastique, légende fantaisiste…

7 étoiles

Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 81 ans) - 7 décembre 2013

Avec Griffintown, Marie Hélène Poitras propose un western poétique dans l'univers des cochers du Vieux-Montréal, ces derniers cow-boys urbains au même tragique destin que leurs montures.
J’ai bien connu ce quartier, je l’ai souvent traversé à pied alors que j’ai habité durant plusieurs années le quartier voisin, Petite Bourgogne, aussi de l’arrondissement Sud-Ouest de Montréal.
L’auteur raconte avec brio la dernière saison d'une écurie de Montréal, ses pittoresques cochers et les chevaux.
L'écriture, fort belle, est douce et chantante pour atténuer l'univers pittoresque, pauvre et anachronique de ce monde biscornu.

Les descriptions sont exemptes de toute complaisance envers ces cochers venus tout droit des milieux les plus déshérités.
La narration au présent ancre dans le ici et maintenant, un territoire à l'écart de toute modernité.
Ce court récit raconte ainsi les derniers jours de ce qui autrefois était une représentation majeure du tourisme montréalais; les tours de calèche.
Le tour de force de cette fiction est de parvenir à évoquer cet univers obsolète et misérable et à le faire monter en puissance, le rendant sympathique et vivant.

Conte fantastique, légende fantaisiste qualifient pour moi ce récit habile qui a séduit entr’autres les lecteurs européens et mérite subséquemment à son auteur le prix littéraire France-Québec 2013, mais qui en dépit d’un charme certain et d’une qualité indéniable m’a peu enthousiasmé.

L'apprentissage de Marie au pays des cochers

6 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans) - 27 octobre 2013

Une jeune fille décide d’exercer le dur métier de conducteur de calèches dans le Vieux-Montréal. Après avoir suivi un cours et décroché son diplôme, elle tente de s’intégrer dans la petite communauté des cochers dont le quartier général est situé dans l’ouest de la ville. Marie est confiante mais un peu craintive. Elle a déjà une certaine expérience des chevaux, étant bonne cavalière donc elle est certaine que cela l’aidera dans sa nouvelle activité mais elle déchante vite après avoir réalisé que se tenir sur le dos d’un cheval et être assise dans une calèche ce n’est pas du tout la même chose. Sa première sortie en tant que cochère sera d’ailleurs désastreuse. Elle songe à abandonner mais décide de tenir bon. En parallèle des aventures de Marie se déroule une sombre histoire de meurtre et de vengeance au sein du monde restreint des cochers montréalais.

Il est évident que l’auteure utilise son intrigue uniquement dans le but de raconter ses expériences de cochère, métier qu’elle connait bien puisqu’elle l’a exercé pendant deux années. Donc, elle s’attarde plus sur les petits aléas du métier que sur le drame de fond ce qui fait que j’ai été souvent confrontée à un léger ennui et à un sentiment pénible découlant de la lenteur exaspérante de la romancière à faire évoluer son histoire. Elle préfère nettement s’attarder sur l’insalubrité des écuries, l’histoire navrante de ses collègues souvent issus de milieux défavorisés et proche de l’itinérance et elle décrit en long et en large leurs comportements déviants et leur tenue vestimentaire crasseuse la plupart du temps. Bref, elle ne donne pas une très belle image de ce milieu au contraire, elle en fait une sorte d’enfer contrôlé par la mafia, un refuge de la dernière chance pour ceux qui n’ont plus que ce métier comme ressource et dont la vie s’achève souvent dans la misère la plus complète.

Malgré quelques maladresses, l’écriture est agréable et l’écrivaine n’abuse pas trop des métaphores, ce que je craignais au plus haut point. Quelques situations sont nettement exagérées et frôlent le ridicule mais bon, le roman se laisse lire et finalement, j’ai passé un assez bon moment.

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  Meilleur roman québécois 2012 28 Libris québécis 20 novembre 2013 @ 15:46

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