La vraie vie de Sebastian Knight de Vladimir Nabokov
(The Real life of Sebastien Knight)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Mon frère, cet inconnu
Premier roman écrit par Vladimir Nabokov en anglais. En 1936, un jeune homme d’origine russe entreprend d’écrire la biographie de son demi-frère, un célèbre écrivain décédé deux mois plus tôt à l’âge de trente-six ans. Commence alors pour lui une véritable enquête afin de mieux connaître et retracer tous les faits marquants de la vie de son frère. Il s’attarde en particulier sur les femmes aimées du romancier et les livres qu’il a écrits, racontant chacun d’eux et tentant de comprendre le contexte et l’état d’esprit de l’auteur lors de leur rédaction. Un livre en particulier retient son attention soit le dernier que Sebastian Knight ait écrit avant sa mort. Et fait curieux, le thème principal de ce bouquin est justement la mort car le personnage principal agonise et le romancier décrit en détail toutes les étapes de cette agonie.
En fait, il ne se passe pas grand-chose mais le style de Vladimir Nabokov accroche le lecteur et pour ma part, je ne peux m’empêcher d’éprouver une sorte de fascination pour sa prose. Je me sens prise au piège et ne peux me détacher du récit en dépit du fait que l’action y soit pratiquement absente ou bien tellement diffuse que je m’étonne de ne pas éprouver d’ennui en le lisant. Certains chapitres sont bien étranges et touchent au surréalisme. Vladimir Nabokov aime particulièrement raconter les rêves de ses personnages et il le fait d’une façon bien particulière, plongeant le lecteur dans un univers étrange et insolite où les objets et les gens évoluent pour former un ensemble hétéroclite mystérieux et obscur dont la signification n’est pas toujours évidente. Il joue avec son lecteur et le plonge dans une réalité qui prend souvent l’apparence du rêve et vice versa. D’ailleurs, la fin du livre illustre bien ce trait typique de l’écrivain.
L’attachement et surtout l’admiration que voue le personnage principal à son frère aîné est sans conteste le moteur du récit. Un tel attachement force l’admiration mais d’un autre côté, il amène un questionnement à savoir la pertinence de fouiller ainsi dans la vie de quelqu’un qui nous est proche afin d’en tirer une œuvre littéraire destinée au grand public. Enfin, c’est une impression personnelle éprouvée lors de ma lecture.
Un livre fin, élégant et d’une belle sobriété dont le contraste avec l’exubérant « Lolita » est salutaire et me réconcilie avec cet écrivain.
« Le sujet de son livre est simple : un homme se meurt : vous le sentez, tout au long du livre, en train de sombrer ; sa pensée et ses souvenirs animent tout, avec une netteté plus ou moins vive (ainsi s’enfle et fléchit une respiration irrégulière), tantôt roulant en leur marée montante telle image, et tantôt telle autre, la laissant chevaucher le vent, voire même la désarçonnant et la voici chue sur le rivage où, une minute encore, elle paraît palpiter et vivre de sa vie propre, puis l’instant d’après de gris paquets de mer la remportent jusqu’en ce lieu où elle s’abîme ou subit une transfiguration étrange. Un homme se meurt et c’est le héros de l’histoire ; mais tandis que les vies des autres personnages du livre semblent d’un réalisme complet (ou à tout le moins peintes avec réalisme au sens knightien du mot), le lecteur est maintenu dans l’ignorance quant à savoir qui est l’homme qui se meurt, et où se dresse ou flotte son lit de mort, et si même c’est bien un lit. »
Les éditions
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La Vraie vie de Sebastian Knight [Texte imprimé] Vladimir Nabokov traduit de l'anglais par Yvonne Davet
de Nabokov, Vladimir Davet, Yvonne (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070370818 ; 8,60 € ; 25/05/1979 ; 308 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (2)
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Tentative biographique
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 9 août 2014
Le récit, qui coule comme un long fleuve tranquille, alterne la réalité des faits et les réflexions du narrateur, plus existentiel. Écrire sur un autre amène l'amène à se dévoiler, en reflet, par comparaison avec ce qu’on a fait ou pas, si on apprécie ses relations et ce qu’ils en disent. Et à en prendre conscience.
« Ne perds pas de vue que tout ce qu'on te dit est en réalité triple : façonné par celui qui le dit, refaçonné par celui qui l'écoute, dissimulé à tous les deux par le mort de l'histoire. » (p. 82)
IF-0814-4266
Un filigrane finement ciselé
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 9 février 2013
La vraie vie est le onzième roman de Nabokov ; et son premier écrit en langue anglaise, tout comme le narrateur qui écrit pour la première fois en anglais. Livre sur la mémoire mais surtout sur l’art d’écrire, Nabokov n’est pas loin quand il fait dire à Sebastian : « Je pense toujours que l’une des émotions les plus pures, c’est celle d’un banni qui soupire après son pays natal. »
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