Eureka street de Robert McLiam Wilson

Eureka street de Robert McLiam Wilson
( Eureka Street)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 11 janvier 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 072ème position).
Visites : 9 670  (depuis Novembre 2007)

Un bon livre, de l'humour

Ils sont quatre copains dans Belfast ravagée par les attentats aveugles. Jake travaille avec deux de ses copains dans une entreprise de " recouvrement ".
Les gens achètent n’importe quoi à crédit, sans avoir l’ombre d’un rond pour seulement rembourser le crédit. Simplement, le fait d'acheter les tranquillise en leur donnant la sensation d'être moins pauvre qu’ils ne le sont. Jake et ses collègues vont saisir chez les gens ce pour quoi ils ne savent plus payer. Jake est loin d'être fier de son boulot, mais il faudrait pouvoir en trouver un autre ! Le soir les quatre copains se retrouvent au même pub, devant les mêmes bières, à faire les mêmes rêves, à débiter les mêmes conneries et à charrier les mêmes filles…
Quant aux bombes qui explosent dans la rue, tuant et blessant des passants, voici ce qu’ils en pensent : " Les morts et les blessés constituent un sous-produit dénué de sens. Les victimes résultent du hasard ; ce sont des obscurs. " Et voilà que le meilleur copain de Jake, Chukie Lurgan, un farfelu, trouve le moyen de gagner beaucoup d’argent. Il engage son ami Jake et celui-ci découvrira une autre vie. Finis les banlieues cradingues de Belfast, les petits boulots à la con, les conversations toujours à ras du gazon avec les mêmes paumés que lui. Un livre qui ne manque pas d'humour, bien emmené et bien écrit.

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Un roman fort et prenant

8 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 8 septembre 2014

Ce roman plonge le lecteur dans le Belfast des attentats, de la peur et de la pauvreté. Les murs sont régulièrement recouverts de graffitis, les bars sont des lieux où l'on peut oublier quelques secondes la dure réalité et les protestants et les catholiques se regardent en chiens de faïence. Le lecteur suit un groupe d'amis évoluant dans ce contexte et vivotant. Jake est un jeune homme habile au combat, mais malheureux en amour. Il vit donc avec son chat. Son ami Chuck, plutôt obèse, est le roi de l’esbroufe. Il est doué pour les affaires et parvient à signer des contrats juteux, mais absurdes comme ces bâtons de marche de farfadets qu'il commercialise ! Et puis il y a les amis et les femmes qu'ils vont rencontrer ...

On suit donc les pérégrinations de ces personnages dans Belfast. On passe des beuveries aux engueulades, des dérouillées aux embrassades, des discussions politiques aux remarques paillardes, de la solidarité aux maladresses avec la gente féminine ... Le lecteur s'attache à ces personnages qui n'ont pourtant pas les qualités du héros traditionnel, bien au contraire. On parvient à s'immerger dans ce Belfast et l'on réussit parfaitement à ressentir qu'il régnait dans ce pays durant ces vagues d'attentat et cette guerre civile. N'imaginez pas que ce roman tombe dans le mélodrame, il n'en est rien. On rit souvent, quelques surenchères parfois, et on se laisse porter par le flot verbal de ce roman. Le style évolue sans cesse. L'on est parfois dans un style oral, voire grossier, d'autres fois dans un style vif et imagé :

"C'était une nuit magnifique. J'ai laissé l'Epave dans le Wigwam pour me diriger lentement vers Poetry Street. Belfast était tendue et effrayée ; des gens se faisaient sans aucune doute tuer à cet instant précis, mais l'un dans l'autre c'était magnifique. La ville sonnait comme un vieux disque chuintant et grésillant. Mais on entendait toujours la violence, proche ou lointaine. Dans la vaste nuit, les sirènes criaient et babillaient comme des jeunes mariés métalliques."

"Ce n'étaient pas les bombes qui faisaient peur. C'étaient les victimes des bombes. La mort en public était une forme de décès très spéciale. Les bombes mutilaient et s'emparaient de leurs morts. L'explosion arrachait les chaussures des gens comme un parent plein d'attention, elle ouvrait lascivement la chemise des hommes ; le souffle luxurieux de la bombe remontait la jupe des femmes pour dénuder leurs cuisses ensanglantées. Les victimes de la bombe étaient éparpillées dans la rue comme des fruits avariés. Enfin, les gens tués par la bombe étaient indéniablement morts, putain. Ils étaient très très morts."

Un roman fort, rythmé qui se lit rapidement malgré son épaisseur.

Toutes les histoires sont des histoires d'amour

10 étoiles

Critique de Geronimo (, Inscrit le 9 septembre 2010, 64 ans) - 16 septembre 2010

C'est la première phrase de ce somptueux roman. Amour pour sa ville Belfast, amour pour ses habitants, dénonciation subtile et ironique de tous ceux qui veulent se l'approprier, idéologues, combattants clandestins, politiques, usuriers, etc... Parfois pathétique comme le récit d'un attentat, souvent à mourir de rire, un roman indispensable...

A lire absolument

9 étoiles

Critique de Badzu (versailles, Inscrite le 6 novembre 2005, 49 ans) - 18 mars 2009

Je ne rajouterai pas grand chose, c'est un livre aux personnages attachants, on retrouve l'ambiance des films de Ken Loach, ou Mike Leigh. Aucune difficulté à se laisser embarquer par cette histoire, on rit beaucoup.

Tragi-comédie

9 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 14 mars 2007

Eureka Street est de ces romans touchants qui allient la nervosité d’une écriture franche et directe, non dénuée d’humour, à une vision humaniste et entière sur un bouquet de personnages plus attachants les uns que les autres…
Les rues de Belfast en ont vu traîner des misères, des explosions, des graffitis de la vie mal orthographiés, des combats qui ne savent plus trop où ils en sont… Les rues de Belfast crépitent encore d’une peur qui parfois s’anesthésie par habitude. Les rues de Belfast sont pitoyables, parfois.
Un style très rock n’ roll, où jamais le regard ne se sent alourdi par un contexte social pas toujours réjouissant. Il y a le drame, il y a la vie, on choisit d’en faire une complainte ou une musique dynamique et optimiste. McLiam Wilson ne dénigre ni n’amoindrit l’aspect tragique, politique des conflits irlandais. Mais il propose, par sa vision du monde et des gens, de passer au-delà. Au-delà des clivages et des illusions dont se bercent ceux qui croient toujours être dans le camp des gentils. D’apprendre à renoncer à un combat dépassé, d’accepter les différences qui n’en sont plus. D’être irlandais comme on est humain. Point à la ligne.

« Ce fut un moment affreux ; (…) j’ai dû reconnaître qu’à mes yeux aussi, les Noirs se ressemblaient tous. Mais à dire vrai, les Blancs aussi se ressemblaient tous pour moi. A mes yeux, nous avions tous l’air plutôt moches. »

Beaucoup d’émotions qu’on ne sent pas fabriquées. Ce roman est touchant, vraiment bien écrit (parce qu’il s’attache à être vrai, sans prétention mais avec humour et subtilité), intelligent, profondément intelligent.
Et passionnant, quelle évidence.

Belfast childs

9 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 13 février 2006

Eurêka street, une rue ouvrière de Belfast dans laquelle s'ébat une galerie de personnages hauts en couleurs, et toujours très attachants. Il y a Jake, le catholique, celui qui " tombe amoureux tous les cent cinquante mètres". Sa copine Sarah l'a quitté six mois auparavant pour rejoindre Londres, une ville beaucoup plus calme. Au début du roman, Jake rencontre une serveuse de bar, Mary : " Quand ma peau a touché la sienne, j'ai compris que je ne me suiciderai pas aujourd'hui". Jake, un rien paumé, désabusé de la vie survit entre ses parents adoptifs, son chat et son boulot de merde qu'il va quitter. Il est clair que récupérer les lits et les bancs solaires à des personnes incapables de payer et de se défendre fait que l'on se sent très sale.
Il y a Chuckie Lurgan, le protestant, qui va faire fortune sans se fatiguer en faisant fructifier ses idées ingénieuses, qui va découvrir le grand amour malgré un physique pour le moins ingrat.
Il y a aussi Roche, le Gavroche local. Un gamin battu à l'impertinence hilarante. Bien d'autres personnages encore, tous plus complexes les uns que les autres.

Mais s'il y a bien un personnage principal qui se dégage derrière tous ceux-là, c'est la ville, Belfast elle-même. Belfast, magnifiée ici par l'écriture, pleine d'humour et de poésie, de Mc Liam Wilson qui rend un vibrant hommage à sa ville natale. "Belfast, c'est Rome avec davantage de collines…où qu'on soit, les rues brillent comme des bijoux…" . Mais Belfast est aussi une ville déchirée, une ville souffrante, sur laquelle plane constamment la menace terroriste et son voile de mort. Le plus grand temps fort de ce livre est sans doute celui où l'auteur décrit un attentat de manière ultraréaliste, mais aussi cinématographique. On part de la ville qui dort et se réveille pour ensuite zoomer sur Fountain street, là où dans un instant, des destins vont se voir cruellement frappé par la fatalité.
Un très grand roman…

La vie, l’amour au temps des guerres de religion

8 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 30 avril 2005

Chuckie Lurgan le protestant et Jake Jackson le catholique. Deux amis, deux récits parallèles qui se croisent souvent. L’histoire de Chuckie est racontée à la troisième personne, celle de Jake à la première. Chuckie, gros et manquant d’humour, se fait aimer par Max, une entreprenante Américaine, et devient riche alors que Jake, beau garçon pétri d’humour, va de déconvenues professionnelles en ratages amoureux (allez comprendre!). Tout ceci sur fond de « guerre des religions » à Dublin dans les années 90 du XXème siècle. Mais pas de dramatisation ici, même si une les retombées d’un attentat terroriste restent longtemps en mémoire : le récit de gens ordinaires qui continuent de chercher l’amour et du boulot, comme indifférents à une « guerre » qui ne les concerne pas mais seulement au fond les politiques et certains extrémistes qui n’ont rien d’autre à faire.

C’est surtout la rapidité du récit qui m’a frappé, le droit au but des auteurs anglo-saxons, comme dit Jules. L’auteur écrit au plus vite et au plus près de la chose décrite, directement et néanmoins avec pudeur, humour et distance; avec juste les mots qu’il faut. Et c’est réussi: on passe par toute la panoplie des émotions voulues par l’auteur ; on reste bouche bée devant cette profusion qui s’écoule avec grâce et légèreté.

« La politique, c’est comme les antibiotiques... »

9 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 13 février 2005

Quand un Irlandais place son histoire à Belfast dans le contexte des troubles entre catholiques et protestants, on sait qu’à un moment ou à un autre, ça va faire mal… Jake, Chuckie et leurs copains devraient faire attention : à boire autant de bières pendant de longues soirées où la seule distraction consiste à draguer la serveuse, ils sont sur la bonne voie pour l’obésité, le vagabondage et le célibat… Question surcharge pondérale, Chuckie atteint déjà des limites. Ajoutés à cela sa paresse et son côté un peu benêt, on a peu d’espoir en ce qui concerne son avenir. « Le week-end habituel consacré à la biture. Quarante-six pintes et deux repas. Les distractions de Chuckie constituaient une forme d’évolution inversée. Il consacrait alors tout son temps et son argent à se rendre moins intelligent, moins évolué. Et, apparemment, d’énormes quantités de temps et d’argent étaient indispensables pour finir dans la peau d’un reptile protozoaire vautré sur le sol de la cuisine de Slat. » Tout l’inverse de Jake qui semble plutôt beau gosse, pas con, disposant même d’une bonne dose de moralité. Et pourtant, c’est à Chuckie que le sort sourit : les billets affluent et la top-nana craque pour lui…

Les deux comparses croisent la route de maints autres personnages, tous décrits en profondeur par McLiam Wilson. Leurs mésaventures, leurs coups de gueule, leurs fêlures sont rendues avec une justesse qui doit autant à l’analyse psychologique qu’à l’humour dont l’auteur fait preuve.

Habituellement en toile de fond, la lutte entre protestants et catholiques occupe le devant de la scène pendant quelques pages dures, où un chat est appelé un chat. On ne sort pas indemne de ce passage à travers lequel l’auteur ajoute une corde à son arc, l’humour se transformant en ironie à la dent dure lorsqu’il évoque les attentats. « Car les poseurs de bombes savaient que ce n’était pas de leur faute. C’était la faute de leurs ennemis, les oppresseurs qui refusaient de faire ce que les autres voulaient qu’ils fassent. Ils avaient demandé à ce qu’on les écoute. Ils n’avaient pas réussi. Ils avaient menacé d’utiliser la violence si on ne les écoutait pas. Quand cela non plus n’avait pas réussi, ils furent contraints, à leur grande répugnance, d’accomplir tous ces actes violents. De toute évidence, ce n’était pas de leur faute. » Dans le cafouillage qui a suivi l’attentat : « Le seul vrai professionnalisme vint des journalistes et des cameramen sur les lieux du drame et dans les hôpitaux. Ils firent preuve d’une vigueur réelle et d’une ambition indéniable. Ils braquaient partout caméras et micros. Un journaliste allemand dirigea même son micro vers un cadavre allongé sur un lit de camp. Les journalistes du cru se moquèrent beaucoup de lui. Car ils avaient cessé d’interroger les morts depuis belle lurette. »

Une petite dernière : « J’ai un vrai problème avec la politique. J’ai étudié ce truc-là. La politique, c’est comme les antibiotiques : un agent susceptible de tuer ou de blesser des organismes vivants. J’ai un gros problème avec ça. »

Des personnages sympas, un livre marrant, à conseiller.

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 20 avril 2001

Une bande de copains à Belfast passent leur W-E à boire des bières dans les pubs. C'est très amusant, les personnages sont géniaux, en plus on culpabilise moins si on a soi même passé le week-end à 'glander' !

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