Eureka street de Robert McLiam Wilson
( Eureka Street)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Un bon livre, de l'humour
Ils sont quatre copains dans Belfast ravagée par les attentats aveugles. Jake travaille avec deux de ses copains dans une entreprise de " recouvrement ".
Les gens achètent n’importe quoi à crédit, sans avoir l’ombre d’un rond pour seulement rembourser le crédit. Simplement, le fait d'acheter les tranquillise en leur donnant la sensation d'être moins pauvre qu’ils ne le sont. Jake et ses collègues vont saisir chez les gens ce pour quoi ils ne savent plus payer. Jake est loin d'être fier de son boulot, mais il faudrait pouvoir en trouver un autre ! Le soir les quatre copains se retrouvent au même pub, devant les mêmes bières, à faire les mêmes rêves, à débiter les mêmes conneries et à charrier les mêmes filles…
Quant aux bombes qui explosent dans la rue, tuant et blessant des passants, voici ce qu’ils en pensent : " Les morts et les blessés constituent un sous-produit dénué de sens. Les victimes résultent du hasard ; ce sont des obscurs. " Et voilà que le meilleur copain de Jake, Chukie Lurgan, un farfelu, trouve le moyen de gagner beaucoup d’argent. Il engage son ami Jake et celui-ci découvrira une autre vie. Finis les banlieues cradingues de Belfast, les petits boulots à la con, les conversations toujours à ras du gazon avec les mêmes paumés que lui. Un livre qui ne manque pas d'humour, bien emmené et bien écrit.
Les éditions
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Eureka Street [Texte imprimé] Robert McLiam Wilson trad. de l'anglais par Brice Matthieussent
de Wilson, Robert McLiam Matthieussent, Brice (Traducteur)
C. Bourgois / Fictives (Paris).
ISBN : 9782267014259 ; 4,51 € ; 27/08/1997 ; 545 p. ; Broché -
Eureka Street [Texte imprimé] par robert McLiam Wilson trad. de l'anglais par Brice Matthieussent
de Wilson, Robert McLiam Matthieussent, Brice (Traducteur)
10-18 / 10-18
ISBN : 9782264027757 ; 2,56 € ; 04/03/1999 ; 546 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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Un roman fort et prenant
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 8 septembre 2014
On suit donc les pérégrinations de ces personnages dans Belfast. On passe des beuveries aux engueulades, des dérouillées aux embrassades, des discussions politiques aux remarques paillardes, de la solidarité aux maladresses avec la gente féminine ... Le lecteur s'attache à ces personnages qui n'ont pourtant pas les qualités du héros traditionnel, bien au contraire. On parvient à s'immerger dans ce Belfast et l'on réussit parfaitement à ressentir qu'il régnait dans ce pays durant ces vagues d'attentat et cette guerre civile. N'imaginez pas que ce roman tombe dans le mélodrame, il n'en est rien. On rit souvent, quelques surenchères parfois, et on se laisse porter par le flot verbal de ce roman. Le style évolue sans cesse. L'on est parfois dans un style oral, voire grossier, d'autres fois dans un style vif et imagé :
"C'était une nuit magnifique. J'ai laissé l'Epave dans le Wigwam pour me diriger lentement vers Poetry Street. Belfast était tendue et effrayée ; des gens se faisaient sans aucune doute tuer à cet instant précis, mais l'un dans l'autre c'était magnifique. La ville sonnait comme un vieux disque chuintant et grésillant. Mais on entendait toujours la violence, proche ou lointaine. Dans la vaste nuit, les sirènes criaient et babillaient comme des jeunes mariés métalliques."
"Ce n'étaient pas les bombes qui faisaient peur. C'étaient les victimes des bombes. La mort en public était une forme de décès très spéciale. Les bombes mutilaient et s'emparaient de leurs morts. L'explosion arrachait les chaussures des gens comme un parent plein d'attention, elle ouvrait lascivement la chemise des hommes ; le souffle luxurieux de la bombe remontait la jupe des femmes pour dénuder leurs cuisses ensanglantées. Les victimes de la bombe étaient éparpillées dans la rue comme des fruits avariés. Enfin, les gens tués par la bombe étaient indéniablement morts, putain. Ils étaient très très morts."
Un roman fort, rythmé qui se lit rapidement malgré son épaisseur.
Toutes les histoires sont des histoires d'amour
Critique de Geronimo (, Inscrit le 9 septembre 2010, 64 ans) - 16 septembre 2010
A lire absolument
Critique de Badzu (versailles, Inscrite le 6 novembre 2005, 49 ans) - 18 mars 2009
Tragi-comédie
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 14 mars 2007
Les rues de Belfast en ont vu traîner des misères, des explosions, des graffitis de la vie mal orthographiés, des combats qui ne savent plus trop où ils en sont… Les rues de Belfast crépitent encore d’une peur qui parfois s’anesthésie par habitude. Les rues de Belfast sont pitoyables, parfois.
Un style très rock n’ roll, où jamais le regard ne se sent alourdi par un contexte social pas toujours réjouissant. Il y a le drame, il y a la vie, on choisit d’en faire une complainte ou une musique dynamique et optimiste. McLiam Wilson ne dénigre ni n’amoindrit l’aspect tragique, politique des conflits irlandais. Mais il propose, par sa vision du monde et des gens, de passer au-delà. Au-delà des clivages et des illusions dont se bercent ceux qui croient toujours être dans le camp des gentils. D’apprendre à renoncer à un combat dépassé, d’accepter les différences qui n’en sont plus. D’être irlandais comme on est humain. Point à la ligne.
« Ce fut un moment affreux ; (…) j’ai dû reconnaître qu’à mes yeux aussi, les Noirs se ressemblaient tous. Mais à dire vrai, les Blancs aussi se ressemblaient tous pour moi. A mes yeux, nous avions tous l’air plutôt moches. »
Beaucoup d’émotions qu’on ne sent pas fabriquées. Ce roman est touchant, vraiment bien écrit (parce qu’il s’attache à être vrai, sans prétention mais avec humour et subtilité), intelligent, profondément intelligent.
Et passionnant, quelle évidence.
Belfast childs
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 13 février 2006
Il y a Chuckie Lurgan, le protestant, qui va faire fortune sans se fatiguer en faisant fructifier ses idées ingénieuses, qui va découvrir le grand amour malgré un physique pour le moins ingrat.
Il y a aussi Roche, le Gavroche local. Un gamin battu à l'impertinence hilarante. Bien d'autres personnages encore, tous plus complexes les uns que les autres.
Mais s'il y a bien un personnage principal qui se dégage derrière tous ceux-là, c'est la ville, Belfast elle-même. Belfast, magnifiée ici par l'écriture, pleine d'humour et de poésie, de Mc Liam Wilson qui rend un vibrant hommage à sa ville natale. "Belfast, c'est Rome avec davantage de collines…où qu'on soit, les rues brillent comme des bijoux…" . Mais Belfast est aussi une ville déchirée, une ville souffrante, sur laquelle plane constamment la menace terroriste et son voile de mort. Le plus grand temps fort de ce livre est sans doute celui où l'auteur décrit un attentat de manière ultraréaliste, mais aussi cinématographique. On part de la ville qui dort et se réveille pour ensuite zoomer sur Fountain street, là où dans un instant, des destins vont se voir cruellement frappé par la fatalité.
Un très grand roman…
La vie, l’amour au temps des guerres de religion
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 30 avril 2005
C’est surtout la rapidité du récit qui m’a frappé, le droit au but des auteurs anglo-saxons, comme dit Jules. L’auteur écrit au plus vite et au plus près de la chose décrite, directement et néanmoins avec pudeur, humour et distance; avec juste les mots qu’il faut. Et c’est réussi: on passe par toute la panoplie des émotions voulues par l’auteur ; on reste bouche bée devant cette profusion qui s’écoule avec grâce et légèreté.
« La politique, c’est comme les antibiotiques... »
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 13 février 2005
Les deux comparses croisent la route de maints autres personnages, tous décrits en profondeur par McLiam Wilson. Leurs mésaventures, leurs coups de gueule, leurs fêlures sont rendues avec une justesse qui doit autant à l’analyse psychologique qu’à l’humour dont l’auteur fait preuve.
Habituellement en toile de fond, la lutte entre protestants et catholiques occupe le devant de la scène pendant quelques pages dures, où un chat est appelé un chat. On ne sort pas indemne de ce passage à travers lequel l’auteur ajoute une corde à son arc, l’humour se transformant en ironie à la dent dure lorsqu’il évoque les attentats. « Car les poseurs de bombes savaient que ce n’était pas de leur faute. C’était la faute de leurs ennemis, les oppresseurs qui refusaient de faire ce que les autres voulaient qu’ils fassent. Ils avaient demandé à ce qu’on les écoute. Ils n’avaient pas réussi. Ils avaient menacé d’utiliser la violence si on ne les écoutait pas. Quand cela non plus n’avait pas réussi, ils furent contraints, à leur grande répugnance, d’accomplir tous ces actes violents. De toute évidence, ce n’était pas de leur faute. » Dans le cafouillage qui a suivi l’attentat : « Le seul vrai professionnalisme vint des journalistes et des cameramen sur les lieux du drame et dans les hôpitaux. Ils firent preuve d’une vigueur réelle et d’une ambition indéniable. Ils braquaient partout caméras et micros. Un journaliste allemand dirigea même son micro vers un cadavre allongé sur un lit de camp. Les journalistes du cru se moquèrent beaucoup de lui. Car ils avaient cessé d’interroger les morts depuis belle lurette. »
Une petite dernière : « J’ai un vrai problème avec la politique. J’ai étudié ce truc-là. La politique, c’est comme les antibiotiques : un agent susceptible de tuer ou de blesser des organismes vivants. J’ai un gros problème avec ça. »
Des personnages sympas, un livre marrant, à conseiller.
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 20 avril 2001
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