Chambre d'hôtel à Chartres de Malcolm Lowry

Chambre d'hôtel à Chartres de Malcolm Lowry

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Rotko, le 14 octobre 2002 (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 201ème position).
Visites : 3 959  (depuis Novembre 2007)

Une scène de ménage dans le Paris-Chartres.

Des quatre nouvelles, la plus courte est la meilleure. La nouvelle-titre comporte 10 pages. En scène, un couple.
"Ils s'étaient querellés depuis l'aurore". Leurs silences boudeurs n'ignorent rien des griefs passés. "-Je vais à Chartres maintenant, cet après midi. Est-ce que tu viens ? -Non -Bon. Alors, au revoir. -Au revoir." Qui cèdera ? Auparavant, lui, il était maitre d'équipage, et il était revenu pour son amie... Dix pages, denses. Un drame en miniature. Un bijou de concision.

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Les éditions

  • Chambre d'hôtel à Chartres [Texte imprimé], nouvelles Malcolm Lowry trad. de l'anglais et présentées par Michel Waldberg
    de Lowry, Malcolm Waldberg, Michel (Traducteur)
    la Différence / Minos (Paris. 2002)
    ISBN : 9782729114107 ; 6,10 € ; 31/03/2002 ; 94 p. ; Poche
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Misère et splendeur de la nouvelle

8 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 11 février 2003

Quatre nouvelles de l'auteur d’ « Au-dessous du volcan » traduites et présentées par Michel Waldberg. Deux d'entre elles sont peu convaincantes ou anecdotiques dans l'œuvre de Lowry. Par contre les deux autres sont des modèles du genre.
Celle intitulée « Le 30 juin 1934 » est lourde de présages quant à la guerre qui va déchirer le monde et lourde aussi des figures du métal qui détruira des millions de vies humaines. Deux hommes voyagent en alternant les moyens de transport, train et navire, de Paris à Londres via Boulogne. Goodyear (patronyme ironique) est terrorisé par les signes du changement et de l'horreur qui se profilent à l’horizon et qui vont jusqu’à affecter sa conscience ; il est victime d’hallucinations où il voit courir son fils le long de la voie ferrée...

« Métal, vrai métal, contrefaçon, disait le train, Changkat, Jelapang, menteur et tricheur. Manganèse, chrome, vieille contrefaçon. Goodyear effaça un morceau de buée sur la vitre, plongea son regard dans l’obscurité. Le train ferraillait sur les aiguillages. Pas assez d'argent pour la guerre. Folkestone 4e circonscription. Caisse de la circonscription. Collecte. Argent et cuivre. Argent et or. Brusquement il y eut à nouveau son fils en culottes courtes, qui courait, courait furieusement, plus frénétiquement que jamais, lumières rouges et vertes tombant sur lui, lumières d'argent et de cuivre, coupant les champs de métal de sillons de métal pailleté de pièces de feu. Cours-petit "spectre-de-la-jeunesse-de-la–prochaine-guerre-il-y-a-encore-des-marguerites-des-champs-à-cueillir, disait le train, passant par un tunnel. Goodyear était las ; il ferma les yeux. Il s'éveilla en sursaut. Les passagers étaient assis tranquillement à lire ou à fumer. »

« L'écriture de Lowry, écrit Michel Waldberg, est mobile et incertaine comme le monde qu’elle décrit : faite de repentirs et de repeints. (.) La réalité échappe incessamment : la vie est un songe et le monde une fable. Il n’y aura jamais de réponse à la question : Qui suis-je ? »
La dernière nouvelle du recueil pose le problème de l'écriture dans ce monde mobile, mouvant. Elle met en scène un couple qui se promène dans un parc. L’homme tient une chronique dans un quotidien et son esprit n’est occupé qu’à cette tâche.
Ensemble il sont témoins de diverses petites choses et trouvent une montre sur laquelle est marqué "Ghostkeeper" (le garde-fantôme - qui donne son titre à la nouvelle). Le récit est émaillé des notes. Waldberg nous dit que c’est un premier jet, et on ne saura jamais si ces notes étaient destinées à faire partie du corps du texte ou à le modifier. A l'issue de la promenade et, après avoir retrouvé les propriétaires de la montre, se pose au chroniqueur la question de la façon de narrer cette histoire. Le fin de la nouvelle est une réflexion sur la nouvelle à écrire à partir des péripéties, des éléments relevés dans la « réalité ».
J'en signale quelques extraits. « En tout cas, la nouvelle type est sans doute une très mauvaise représentation de la vie, et c'est une absurdité ; pour cette raison que quelle que soit la richesse de son action, elle demeure statique, morceau de mort, figé, sorte de papillon épinglé. »
« L’esprit n'est pas équipé pour contempler la vérité(.) Non que la vérité soit « mauvaise » ou « bonne » ; simplement elle est, elle est incompréhensible, et quoiqu'on en fasse partie, il y a trop de cette vérité à saisir d’un seul coup, ou elle est insaisissable, car elle est perpétuellement protéiforme. D'où la nécessité ultime, probablement, d'accepter ses propres limites, et l’absurde en soi. »
A découvrir avant de se mettre à la lecture de ce monument de la littérature du siècle dernier : « Au-dessous du volcan ».

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